Les francophones favorables aux nouvelles circonscriptions
TIMMINS – La division de la circonscription de Timmins-Baie James en deux circonscriptions est accueillie favorablement par les francophones de la région qui espèrent avoir une voix de plus à Queen’s Park, autant pour représenter leurs intérêts que ceux du Nord.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« Avec ce redécoupage, nous allons avoir une circonscription majoritairement francophone. Cela veut dire qu’aucun candidat ne pourra se faire élire en faisant fi de la communauté franco-ontarienne. Nous allons pouvoir faire plus de lobbying à Queen’s Park! », se réjouit le président de l’Alliance de la francophonie de Timmins, Pierre Bélanger.
Le 24 octobre, l’assemblée législative ontarienne a entériné le projet de créer deux nouvelles circonscriptions dans le Nord. Lors des prochaines élections provinciales de juin, Kenora-Rainy River, Kiiwetinoong, Mushkegowuk-Baie James, Timmins remplaceront Kenora-Rainy River et Timmins-Baie James. Ces deux circonscriptions sont actuellement représentées par les députés néo-démocrates Sarah Campbell et Gilles Bisson.
« C’est une excellente nouvelle pour les francophones, les gens du Nord et les Premières Nations! », s’enthousiasme Sylvin Lacroix, directeur général de l’Alliance de la francophonie de Timmins.
« Beaucoup de membres du gouvernement ne sont jamais allés plus au Nord de la province que l’avenue St-Claire, donc c’est toujours mieux d’avoir plus de représentants de cette région à Queen’s Park pour faire entendre la réalité du Nord. » – Victor Fedeli, député progressiste-conservateur
M. Lacroix juge que le gouvernement aurait pu mieux faire.
« Ce sont deux circonscriptions immenses. Ça aurait peut-être été mieux de les diviser encore davantage, car au provincial, comme au fédéral, on n’entend pas les besoins du Nord, par exemple dans le domaine de la santé. Est-ce que les gens du Nord sont moins importants que les gens du Sud? Les politiciens viennent nous voir uniquement pendant les campagnes électorales, ça ne donne pas grand-chose… »
Majoritairement francophone
La circonscription de Mushkegowuk-Baie James compte 61 % de francophones, notamment des régions de Hearst et de Kapuskasing. Celle de Timmins regroupe 39 % de francophones.
« Le fait d’avoir une voix en plus, c’est une très bonne chose, mais il faut aller voter! Si on se présente en masse aux urnes, ça fera une différence. Nous devons saisir cette occasion et cela ne dépend que de nous », estime Christian Howald, coordonnateur de projet du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario.
« À long terme, cela va rendre d’autant plus important le fait de garder notre poids démographique. Ce sera le principal enjeu dans ces circonscriptions. » – Pierre Bélanger, président de l’Alliance de la francophonie de Timmins.
En entrevue à #ONfr, le député Gilles Bisson, qui représente la région depuis 1990, se montre prudent quant à l’impact du redécoupage sur les francophones.
« Ce n’est pas garanti qu’on aura un député francophone de plus à Queen’s Park. Je suis le premier francophone qui a été élu dans ce comté et si on n’a pas de candidats francophones qui se présentent, on n’aura rien gagné. »
Le député néo-démocrate indique ne pas avoir encore décidé où il se présentera.
« Il y a des arguments pour les deux circonscriptions. Je vais en parler avec mon association de circonscription et ma famille. Je pense annoncer ma décision dans le courant de l’automne. »
Controverse sur le nom Mushkegowuk-Baie James
Le nom de la circonscription de Mushkegowuk-Baie James continue de susciter une controverse à Queen’s Park et dans la région. Plusieurs représentants des Premières Nations dénoncent que le nom d’un conseil autochtone ait été utilisé dans une circonscription qui ne comprend que 27 % d’entre eux. Ils souhaitaient des modifications afin que le nouveau découpage les représente mieux.
Même s’il appuie la création de nouvelles circonscriptions dans le Nord, le député progressiste-conservateur de Nipissing, Victor Fedeli, dénonce la décision du gouvernement libéral pour Mushkegowuk-Baie James.
« Le projet a été mal fait. Malgré son nom, cette circonscription ne représentera pas les Premières Nations. Le gouvernement parle de favoriser la réconciliation, mais ce n’est pas ce qu’il fait. C’est juste un exercice de relations publiques! »
Même son de cloche du côté de M. Bisson.
« Ça aurait pu être une grande nouvelle si le gouvernement avait eu le courage de créer une circonscription où les Premières Nations sont majoritaires. C’est une occasion manquée. »
Selon le porte-parole du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario dans le dossier, les Premières Nations pourraient contester légalement le découpage effectué par la Commission de définition des circonscriptions électorales du Grand Nord.