Les municipalités francophones se préparent pour les élections
SAINT-ISIDORE – Les élections provinciales arrivent à grands pas. En marge du récent congrès annuel de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), #ONfr a rencontré plusieurs élus locaux francophones pour parler de leurs attentes.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, a beau avoir assuré aux municipalités francophones de l’Ontario que le gouvernement fédéral était là pour les aider, c’est du côté de Toronto que celles-ci ont les yeux rivées.
Les élections provinciales de juin 2018 constituent une occasion de rappeler leurs besoins et leurs attentes aux trois principaux partis politiques à Queen’s Park.
À commencer par les attentes particulières d’une municipalité francophone. À Fauquier-Strickland, Madeleine Tremblay, rappelle qu’il coûte notamment très cher de traduire les documents pour les administrés. Son homologue de Hearst, Roger Sigouin, regrette le manque de capacité bilingue de l’administration provinciale.
« Quand on va à Toronto, c’est toujours en anglais, alors que pour beaucoup d’entre nous, ce serait plus facile de transiger avec la province dans notre propre langue. »
Pour le maire de Casselman, Conrad Lamadeleine, il est urgent que la province investisse dans les services en français, principalement dans le domaine de la santé et de la justice. Un avis que partage M. Sigouin qui reproche la lenteur de certaines décisions à Toronto.
« On le voit avec le dossier de la marijuana : quand le gouvernement veut mettre en place rapidement un mesure, il peut le faire. Alors pourquoi nous faut-il toujours attendre si longtemps pour des demandes relatives aux services en français, notamment en matière de santé où les besoins sont importants? », questionne-t-il.
Le salaire à 15 $ inquiète les maires
Mais pour l’élu de Casselman, comme pour celui de la municipalité voisine de La Nation, François St-Amour, dans l’Est ontarien, l’un des principaux enjeux de la prochaine campagne portera sur la réforme des lois du travail en Ontario. Ce projet de loi prévoit notamment d’augmenter le salaire minimum à 15 $ d’ici 2019.
« C’est une grosse inquiétude pour nous et j’espère que le gouvernement ne mettra pas toutes les mesures en œuvre. Il y a un réel risque de perte d’emplois dans nos régions. J’entends beaucoup d’entreprises dans ma municipalité me dire qu’elles vont réduire leur personnel », explique M. Lamadeleine.
Le son de cloche est le même du côté de M. St-Amour.
« C’est la question de l’heure pour nous, peu importe la langue. Je pense que le gouvernement est allé trop vite dans ce dossier et n’a pas fait les bonnes consultations. Je ne suis pas contre que quelqu’un fasse un bon salaire, mais là on parle d’une hausse de 32 % en 18 mois. C’est du jamais vu et ça risque d’avoir un impact pour nous! »
Une meilleure écoute de la province
Dans ce dossier, comme dans celui des normes environnementales, le maire de La Nation reproche à la province d’oublier de tenir compte du point de vue des municipalités quand elle prend des décisions, alors que plusieurs de ces mesures auront un impact financier direct sur les administrations locales.
Le maire de Hearst partage cette opinion et espère que le prochain gouvernement écoutera les municipalités au-delà des élections.
« La création d’une nouvelle circonscription dans le Nord de l’Ontario est une excellente nouvelle pour nous, car le pourcentage de francophones y est élevé. Mais au-delà de ça, ce que nous voulons, c’est que la province écoute nos besoins pour faire avancer nos dossiers. »
« Souvent, le gouvernement provincial vient nous voir, mais il y a une différence entre consulter et écouter… On se sent souvent mis de côté. » – Roger Sigouin, maire de Hearst
Pour la maire de Fauquier-Strickland, Madeleine Tremblay, l’urgence sera également de revoir le partage des coûts entre la province et les municipalités.
« Pour les petites municipalités, la formule de partage des coûts est défavorable, notamment pour payer les services sociaux. Nous n’avons aucune retombée économique à la différence des grandes municipalités, alors que la province nous demande de payer toujours plus. Il faut que les grosses municipalités paient un peu plus que les petites. »