La ville de Hearst, dans le Nord de l'Ontario, n'a plus de service de taxi depuis 2022. Crédit image : Inès Rebei

HEARST – Un chauffeur de taxi de Timmins originaire de l’Inde a entamé des procédures afin d’opérer en tant que taxi dans la ville de Hearst. Le service devrait débuter aux alentours de la mi-mai dans la ville du Nord qui n’avait plus de taxi depuis le départ du dernier chauffeur en 2022.

« Je suis vraiment excité, c’est incroyable de voir autant de réactions positives », confie Karanjit Singh après avoir vu plus d’une centaine de personnes se réjouir de la nouvelle dans une publication sur Facebook évoquant le retour possible d’un taxi à Hearst. « Je vérifie mon téléphone toutes les 5 minutes et ça ne s’arrête pas, c’est impressionnant. »

« On s’est fait approcher souvent à travers le temps, par des personnes qui se questionnent et sont intéressées, mais c’est vraiment le premier qui a l’air à vouloir foncer, donc on est très excités », estime Éric Picard, administrateur en chef à la corporation de Hearst. Le Franco-Ontarien déclare avoir eu des discussions avec Uber dans le passé, mais la multinationale américaine a décidé de ne pas se lancer à Hearst où la rentabilité serait minime.

Le jeune homme opère déjà un taxi à Timmins et lorsqu’il a entendu qu’il n’y avait aucun taxi à Hearst, il a tout de suite senti une occasion d’étendre ses activités. Des démarches ont déjà été entreprises depuis plus d’un mois et demi auprès de la ville.

« Ils m’ont dit les taux qu’ils avaient il y a 10 ou 15 ans et ceux-ci étaient vraiment bas par rapport aux tarifs d’aujourd’hui alors je leur ai demandé de les revoir et ils ont accepté », explique M. Singh, qui invoque la hausse des frais d’essence et d’assurances.

« Je vais essayer d’apprendre le français, au moins pour les conversations de base. »
— Karanjit Singh

Le conseil municipal de Hearst a voté une résolution, le 9 avril dernier, pour augmenter les tarifs du service de taxi pour la première fois depuis 2014. La modification du règlement augmente les frais de taxi initiaux à 5 $, et chaque kilomètre supplémentaire à 2,50 $. Des tarifs similaires sont pratiqués dans les villes voisines de Kapuskasing et de Timmins.

Apprendre le français

Conscient qu’il va déménager dans une ville où la langue française est parlée par la majorité des habitants, celui qui est anglophone répond : « Je vais essayer d’apprendre le français, au moins pour les conversations de base. »

« C’est important que les clients se sentent bien alors j’espère que je saurai parler un minimum avant de commencer là-bas », continue M. Singh, qui a d’ailleurs nommé son entreprise « Hearst Taxi » afin d’avoir un nom bilingue.

Le jeune homme, qui est installé à Timmins depuis trois ans, ajoute qu’il a déjà appris un peu de cri afin de communiquer avec les membres des Premières Nations locales.

L’offre de taxi pourrait séduire les nombreux étudiants non véhiculés de la ville, surtout en hiver. Crédit image : Inès Rebei

Après avoir poursuivi des études en administration des affaires à Montréal, celui qui est originaire de la région du Kashmir s’est dirigé vers Timmins, 41 000 habitants, et maintenant Hearst, 5000 âmes, car il souhaitait s’éloigner des grands centres. 

« Je viens d’un petit village, alors c’est l’atmosphère qui me convient. Je suis content d’aller dans une plus petite ville que Timmins », lâche-t-il.

Trouver un logement

Karanjit Singh a prévu de visiter Hearst d’ici deux semaines afin de faire inspecter son véhicule, et recherche présentement une option pour se loger. 

Il dit avoir un ami capable de le loger temporairement à son arrivée, mais n’a pas encore trouvé de logement à long terme.

Il fait néanmoins savoir qu’il est, en ce moment, en discussion avec une personne qui l’a contacté après avoir vu un commentaire dans lequel il disait être en recherche active d’appartement.

Celui qui espère obtenir rapidement sa résidence permanente ajoute qu’il compte visiter tous les commerces afin de proposer ses services, notamment pour les personnes non motorisées qui auraient besoin d’un taxi pour transporter leur épicerie.

« Il ne me reste qu’à obtenir un permis d’exploitation pour la ville de Hearst et la vérification de mes antécédents auprès des services policiers pour pouvoir commencer à exercer », conclut le jeune homme qui compte embaucher un chauffeur pour continuer à opérer son taxi de Timmins.