Fort York National Historic Site dans le centre-ville de Toronto. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

TORONTO – Les dix musées d’histoire gérés par la Ville de Toronto, actuellement unilingues, pourraient proposer des services en français si la proposition soumise par la Société d’histoire de Toronto (SHT) était retenue lors des prochaines rencontres du Comité consultatif des affaires francophones de la mairie, dont la suivante se déroulera le 9 avril.

Début février, la présidente de la SHT Rolande Smith, en rencontre avec ONFR, confiait l’une des aspirations de l’organisme : « Nous avons soumis le projet de mise en place de services en français dans les dix musées municipaux au Comité consultatif des affaires francophones, notamment auprès de la coprésidente et conseillère municipale Alejandra Bravo. »

En plus des emblématiques Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO) ou encore du Musée royal de l’Ontario (ROM), la Ville de Toronto compte en effet dix musées d’histoire gratuits, des pépites cachées du patrimoine, flashbacks culturels de la métropole actuelle à ses origines.

Au centre-ville : le Musée Spadina (Spadina Museum), manoir dédié au Toronto des années 1930, le Market Gallery, espace d’exposition historique, autrefois première salle du conseil municipal, la Mackenzie House, témoin de l’ère victorienne de Toronto et de son premier maire controversé, et Fort York National Historic Site, où les soldats britanniques, les Premières Nations et les miliciens du Haut-Canada se sont unis contre les États-Unis et leur mission de s’emparer de Toronto lors de la guerre de 1812.

Dans le nord de Toronto : la Gibson House, ferme du 19e siècle, immerge les visiteurs dans une expérience sensorielle, et la Zion Schoolhouse, dans une école rurale typique de 1910.

Dans l’est de la ville, le Scarborough Museum abrite quatre bâtiments patrimoniaux qui raconte l’héritage de Scarborough, Todmorden Mills retrace le quotidien des travailleurs qui fabriquaient le bois, la farine, la bière et les briques et, dans l’ouest, se trouvent le Colborne Lodge, cottage de l’époque régence de 1836 où est née la vision de High Park et de la Montgomery’s Inn, une auberge de 1830.

« Ces musées sont gratuits, mais il nous arrive, à la Société d’histoire de Toronto, que des visiteurs nous sollicitent pour les accompagner, car il n’y a présentement aucun tour ou guide bilingue. Vis-à-vis des écoles et des visiteurs francophones, il est important que ça puisse être disponible », argumente Mme Smith.

Le Musée Spadina (Spadina museum). Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

Montgomery’s Inn. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

Todmorden Mills. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

Fort York National Historic Site. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

Colborne Lodge. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

La Mackenzie House. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

La Gibson House. Crédit image : Hôtel de ville de Toronto

Commencer par des dépliants dans les deux langues

Quels types de services en français ces musées offriraient-ils si la recommandation était retenue? La Ville pourrait s’inspirer de bonnes pratiques qui existent déjà ailleurs en Ontario. Parmi les musées similaires gérés par la municipalité d’Ottawa, l’affichage bilingue anglais et français semble être la norme de prestation minimale, notamment au Musée et à la société historique du Canton d’Osgoode. Le Moulin Watson, par exemple, propose des visites en français avec l’un de ses membres du personnel bilingues.

Certains lieux ont des pratiques plus poussées : le Musée Bytown offre ainsi une expérience intégralement bilingue, du standard téléphonique automatisé à la présentation et à l’affichage en anishinaabemowin, français, anglais, jusqu’au bilinguisme de toute l’équipe de guides et interprètes.

Le Diefenbunker, musée de la guerre froide du Canada, en plus de produire ses communications aux médias dans les deux langues officielles et de fournir des audio-guides multilingues, programme chaque samedi et dimanche, à 13 h 30, des visites guidées en français.

« On a reçu un accueil de l’idée plutôt favorable, mais nous attendons le retour du comité »
— Rolande Smith, présidente de la SHT

Le concept développé par la SHT envisage un certain nombre de mesures qui pourraient assurer une transition en douceur, à commencer par des dépliants d’information bilingues, avant même d’envisager des panneaux en français et un déploiement de personnel francophone à la demande.

« On a reçu un accueil de l’idée plutôt favorable, mais nous attendons pour le moment le retour du comité », indique avec prudence Rolande Smith.

« Ce serait une excellente chose, commente Zahra Diallo, présidente de l’ACFO-Toronto, interrogée sur cette initiative. On a récemment publié ces offres de visites en français de la SHT à leur demande. On doit les encourager et rendre hommage à leur volonté de servir les communautés francophones de Toronto dans leur langue. »

La présidente de la SHT, qui rappelle qu’un des comités consultatifs précédents était parvenu à obtenir de meilleurs services en français dans les bibliothèques de la ville, dit espérer un succès similaire.