Les organisations francophones voient d’un bon œil un autre gouvernement libéral
Les organismes francophones en milieu minoritaire voient la réélection des libéraux en tant que gouvernement minoritaire comme un signe positif. On espère pouvoir faire des avancées sur plusieurs dossiers comme l’adoption de la modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO), l’immigration francophone et le dossier du postsecondaire en français.
Pour la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), le retour d’un gouvernement que l’on connaît très bien permettra de ne pas perdre de temps pour faire avancer certains dossiers comme la modernisation de la Loi (C-32) sur les langues officielles.
« Je pense que ça va faciliter les discussions. Ils connaissent bien nos enjeux et nos priorités. Ils savent aussi ce qu’on aurait aimé voir dans ce qui n’était pas dans le projet de loi C-32. Donc, en quelque sorte, ça va peut-être nous sauver du temps, car on a passé beaucoup de temps sur ce projet de loi », lance Liane Roy, la présidente de l’organisme pancanadien.
Concernant ce projet de loi, cette dernière se dit enjouée que les libéraux et Justin Trudeau, lors des débats, aient promis de moderniser la Loi sur les langues officielles dans les 100 premiers jours. Un engagement semblable chez les conservateurs.
« On les tient aux mots. On va certainement être là pour les encourager et leur rappeler les engagements qu’ils ont pris », souligne Mme Roy.
Les libéraux avaient promis un tel projet de loi en 2015 et 2019 avant de déposer le projet de loi tout juste avant la fin de la session parlementaire en juin dernier. Pourquoi ça serait différent cette fois-ci?
« Je suis confiante parce qu’on a un engagement dans les 100 premiers jours. Je ne sais pas si ça va être dans les 100 premiers jours, mais on est certain que ça va aller de l’avant plus rapidement cette fois-ci », croit-elle.
Pour l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), on veut aussi un plan clair pour les cibles en immigration francophone.
« Qui dit immigration francophone dit aussi répondre à des pénuries de main-d’œuvre. Quant à moi, ça rentre dans la même ligne qu’à répondre à des pénuries de main-d’œuvre », avance son président Carol Jolin.
À l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), le retour des libéraux signifie un point positif dans le dossier du Campus Saint-Jean, souligne la présidente Sheila Risbud.
« C’est très bon qu’ils (les libéraux) soient là, car on a déjà le financement qui avait été annoncé pour le Campus Saint-Jean. Là, on a besoin du financement à long terme pour les infrastructures et embaucher du personnel. Tout ça, ça va prendre une conversation pour qu’il y ait des solutions vraiment à long terme dans le prochain Plan d’action pour les langues officielles en 2023. Que les libéraux soient là nous permet de continuer cette conversation-là. »
Des visages connus de retour
Le peu de changement signifie aussi que beaucoup de visages francophones connus seront de retour au sein des troupes de Justin Trudeau.
Au Nouveau-Brunswick, c’est le retour des représentants acadiens libéraux comme Serge Cormier, Dominic Leblanc, mais aussi en Nouvelle-Écosse avec le conservateur Chris d’Entremont.
« C’est très positif surtout que les libéraux sont le parti au pouvoir alors, on a plus d’alliés que moins (…) On est un organisme politique, mais on est aussi non partisan donc un de nos rôles est d’aller chercher des alliés dans tous les partis. C’est certain que d’avoir des gens comme Chris d’Entremont et Alain Rayes chez les conservateurs, mais aussi des Dominic Leblanc, Mélanie Joly et Serge Cormier chez les libéraux, c’est très important pour nous », soutient le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) Alexandre Cédric Doucet.
En Ontario, chez la troupe libérale, il y a entre autres le retour de visages franco-ontariens comme Mona Fortier, Marc Serré et Marie-France Lalonde en plus de l’arrivée de Vivianne Lapointe (Sudbury) et Arielle Kayabaga (London-Ouest).
« C’est intéressant et quant à moi, on n’en aura jamais assez. Du côté des autres partis, il y a aussi des gens qui ont une bonne base en français, ce sont des francophiles. D’avoir des francophones comme ça, dont plusieurs ont été réélus et des nouveaux venus, ça peut juste être bon pour la francophonie en ayant un caucus francophone fort au sein du gouvernement fédéral. Plus on en a, mieux c’est. Pour nous on va travailler avec ces gens-là », soutient Carol Jolin.
Au moment d’écrire ces lignes mardi après-midi, le Franco-Albertain Randy Boissonnault semblait en bonne posture pour faire son retour à la Chambre des communes pour les libéraux après sa défaite en 2019.
« M. Boissonnault est le seul Franco-Albertain, mais par contre on a beaucoup d’alliés. Il y a Heather McPherson qui est la candidate néo-démocrate dans Edmonton Strathcona qui a beaucoup été une alliée pour le Campus Saint-Jean. Stephanie Kusie de Calgary Midnapore qui est aussi une alliée de la francophonie. On a aussi l’élection de George Chahal à Calgary Skyview, on ne le connaît pas, mais c’est quand même une voix albertaine de plus pour nous. Il y a aussi Laila Goodridge, qui a été élue dans Fort McMurray-Cold Lake. C’est une finissante du Campus Saint-Jean et une alliée de la francophonie. »
Les représentants provinciaux des francophones de l’Alberta, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick aimeraient aussi voir le retour de la ministre Mélanie Joly à la barre des Langues officielles.
« On ne fermerait pas la porte à son retour. On a travaillé avec Mme Joly sur le livre blanc d’une part et le projet de loi C-32 d’une autre part. On est extrêmement satisfait du travail qu’on a accompli avec elle », admet le président de la SANB.