Les priorités de la FANÉ

La création d'une commission d’étude sur la représentation effective en Nouvelle-Écosse ouvre une voie pour la francophonie canadienne. Crédit image : Facebook FANÉ

DARTMOUTH – Dans l’attente de la décision de la cour d’appel de Nouvelle-Écosse dans le dossier des circonscriptions électorales acadiennes protégées, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANÉ) continue de travailler avec le gouvernement à une modernisation de la Loi sur les services en français (LSF) et souhaite se rapprocher du peuple Mi’kmaqs.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

L’annonce du ministre des Affaires acadiennes, Michel Samson, quelques jours avant la 48e Assemblée générale annuelle (AGA), avait sonné comme une première victoire pour la FANÉ. Le jeudi 20 octobre, M. Samson annonçait la volonté du gouvernement libéral de Stephen McNeil de renforcer le rôle de l’Office des Affaires acadiennes, répondant ainsi à plusieurs recommandations formulées en avril par l’organisme porte-parole des Acadiens et Francophones de la Nouvelle-Écosse.

« Le ministre va de nouveau être responsable de la mise en œuvre de la Loi sur les services en français, ce qui était une de nos demandes. M. Samson a également annoncé la création d’un comité de sous-ministres qui va se pencher sur le reste de nos propositions. Ce sont de bonnes nouvelles, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous aurions aimé que ça avance plus vite. Ce n’est qu’un début et les discussions doivent continuer! », explique le président de la FANÉ, Ghislain Boudreau.

Votée en 2004 par le gouvernement progressiste-conservateur de John Frederick Hamm, la LSF avait été modifiée en 2011 par le gouvernement néodémocrate de Darrell Dexter et « totalement vidée de sa substance », selon la FANÉ.

Bien qu’il juge l’annonce de M. Samson « positive », M. Boudreau fait du suivi des propositions d’amendements à la LSF l’une de ses priorités.

Parmi la liste de ses recommandations, la FANÉ demande notamment que la question des Affaires acadiennes soit rattachée aux Affaires intergouvernementales, qu’une portion de l’enveloppe des programmes communautaires, proportionnelle à la population acadienne, soit allouée à ses organismes, ainsi que la création de centres de service bilingue dans les régions acadiennes. La FANÉ souhaite également qu’un processus de plaintes soit mis en place relevant du bureau du Protecteur du citoyen.

Il reste donc beaucoup à faire, remarque celui qui a été réélu par acclamation lors de l’Assemblée générale annuelle de la FANÉ, qui se déroulait du 21 au 23 octobre.

« Il faut renforcer les services de première ligne offerts en français et que les tierces parties, comme les services d’ambulance par exemple, s’assurent eux aussi d’offrir des services bilingues. Nous avons une bonne écoute du gouvernement qui semble très ouvert, mais on veut que ça avance », lance M. Boudreau.

Ce dernier attend également un signe du gouvernement fédéral de Justin Trudeau afin qu’il bonifie l’enveloppe Canada-communauté Nouvelle-Écosse qui n’a pas augmenté depuis plus de dix ans, selon lui, alors que le nombre d’organismes qui en bénéficient s’est accru.

Circonscriptions protégées

Le président de la FANÉ indique que les dernières années ont été occupées, notamment par la cause des circonscriptions électorales acadiennes protégées.

« Nous sommes très heureux du travail qui a été fourni par notre équipe juridique lors des deux jours d’audience en septembre. Maintenant, nous attendons », dit-il.

Le tribunal doit déterminer si l’ancien gouvernement néodémocrate de Darrell Dexter avait le droit d’abolir les circonscriptions acadiennes lorsqu’il a voulu redessiner la carte électorale. Mais même si la communauté francophone et acadienne obtient gain de cause, elle ne voudra pas nécessairement revenir à l’ancien tracé, explique M. Boudreau.

« Nous voudrons nous asseoir avec le gouvernement provincial pour en discuter. »

Rapprochement avec les Mi’kmaqs

L’AGA de la FANÉ a donc permis à l’organisme de dresser la liste de ses priorités. Et outre celles qui concernent le gouvernement, d’autres concernent le rapprochement avec le peuple Mi’kmaqs. Il s’agissait d’ailleurs du thème de l’AGA de la FANÉ, « Acadiens et Mi’kmaqs : une histoire à raconter », à laquelle avait été conviée le chef régional de l’Assemblée des Premières nations pour la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador, Morley Googoo.

« Nous voulons leur tendre la main comme ils ont tendu la main aux Acadiens dans le passé. Il y a beaucoup d’intérêt de la part de la communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse à tisser de nouveaux liens avec le peuple mi’kmaq et à créer des partenariats potentiels dans un esprit de collaboration et de respect. Plusieurs de nos membres travaillent déjà sur des projets avec des communautés mi’kmaq. Nous sommes également en discussions pour un grand projet en 2017 dont je ne peux pas encore parler », sourit M. Boudreau.