
Les Zones théâtrales, une rencontre au sommet pour le théâtre francophone et son public

OTTAWA – Les Zones théâtrales ont dévoilé la programmation de leur 11e édition. Du 8 au 13 septembre 2025, la biennale présentera des spectacles de théâtre et des pièces en chantier provenant de toute la francophonie canadienne en milieu minoritaire et des régions du Québec (excluant Québec et Montréal).
« C’est un événement charnière pour le milieu théâtral franco-canadien », explique Gilles Poulin-Denis, le directeur artistique des Zones théâtrales, en entrevue avec ONFR. « On a des professionnels qui viennent (à Ottawa) de partout au pays pour la durée des Zones théâtrales, pour voir les spectacles, pour se voir, pour se parler, pour faire des affaires »
Il explique qu’il ne prépare pas la programmation avec une ligne directrice décidée d’avance. Sa priorité est plutôt d’offrir des propositions variées qui représenteront le théâtre de création francophone et permettront de rejoindre différents profils de spectateurs.
Malgré tout, certains thèmes sont récurrents cette année, comme ceux de la famille, des relations interpersonnelles et de l’écologie. Une autre particularité est le nombre de créatrices femmes mises de l’avant. « Il y a eu une époque où c’étaient surtout des hommes qui étaient à la base des spectacles. Je trouve que c’est bien d’avoir l’inverse », indique le directeur artistique.

La programmation est déployée en différents volets. La Zone Spectacles offre une dizaine de propositions, dont une collaboration internationale. C’est la catégorie la plus accessible au grand public.
Gilles Poulin-Denis rappelle que la Zone Labo est aussi ouverte aux curieux, même si elle s’adresse plus directement aux gens de l’industrie. On y proposera sept œuvres en cours de création. Les diffuseurs peuvent ainsi avoir une première idée de ce qu’ils pourraient mettre à l’affiche dans leurs programmations futures. Les créateurs peuvent également jauger la réaction du public pour voir si leur travail va dans la bonne direction. « Ce sont des œuvres qui sont à différentes étapes de création, mais qui ne sont pas finalisées encore », précise Gilles Poulin-Denis.
Des propositions qui font bonne figure aux Zones théâtrales peuvent espérer de belles tournées par la suite. Ce fut le cas pour certains projets présentés lors de l’édition précédente : Cet été qui chantait (Marie-Ève Fontaine, Flammèche Théâtre), Crawlspace : une vraie de vraie histoire d’horreur immobilière (Théâtre français de Toronto) et Michel(le) (Joey Lespérance, Théâtre la Seizième).
En plus des Zones Spectacles et Labo, la Zone Pro propose des activités pour les professionnels, la Zone Pop offre des événements festifs et la Zone Web propose certains accès pour les professionnels qui ne peuvent pas être sur place.
D’intimes à grandioses, des propositions originales
Ceux qui veulent une expérience hors norme auront quelques choix durant les Zones théâtrales. Arbres, du Collectif Projet Arbres, présente un spectacle in situ dans une voiture. Cette installation d’André Perrier accueille un spectateur à la fois, assis dans la voiture-poème, pour une « courte œuvre (qui) souligne l’importance de la relation entre les arbres et la vie que les humains, passés et présents, continuent d’entretenir. »

Un autre projet in situ, Sur Appel (Théâtre à Bout Portant de Saguenay) se déroule avec trois spectateurs à la fois, à l’arrière d’une ambulance en mouvement.
À l’opposé, asses.masses est une expérience de sept heures qui se base sur le monde des jeux vidéo, où les spectateurs deviennent les joueurs. « La forme du spectacle parle de la démocratisation des arts, en quelque sorte, explique Gilles Poulin-Denis. C’est vraiment le spectateur qui est responsable de la représentation. »

Le directeur artistique précise que l’expérience est flexible et que les gens peuvent entrer et sortir. « C’est quand même très captivant. Une fois qu’on embarque dans l’histoire (…) on veut se rendre jusqu’au bout. »
Cette proposition, un peu inhabituelle pour les Zones théâtrales, a déjà été produite à travers le monde, dans plusieurs langues.
C’est aussi aux Zones théâtrales qu’aboutira le projet Nuits claires, en collaboration avec le Théâtre français du Centre national des arts (CNA). Ce projet épistolaire a fait le tour du pays, se passant de mains en mains et de compagnie de théâtre à compagnie de théâtre.
Les Zones théâtrales collaborent également avec le Théâtre autochtone du CNA et les Productions Onishka pour Nigamon/Tunai, projet d’Émilie Monnet et de Waira Nina.
Le futur du théâtre franco-ontarien
Plusieurs productions des Zones théâtrales 2025 proviennent de l’Ontario. En plus des projets déjà mentionnés, on retrouve Le taureau, du Théâtre Catapulte d’Ottawa, dont certaines étapes de création ont été présentées au même événement par le passé, ainsi qu’aux vitrines jeunesse secondaire de Contact ontarois, en janvier dernier. Le texte est de Marc-André Charette, artiste en résidence de la Catapulte pour la saison 2023-2024.

En chantier, on pourra voir le premier texte d’Émilie Camiré-Pecek, produit par le Théâtre du Trilium. Culture de l’explosion conteste la bienséance de la société actuelle et s’intéresse aux tabous.
Le théâtre La Tangente de Toronto présente pour sa part Comme la pluie sur un toit de tôle. La pièce de Claude Guilmain raconte l’expérience de la guerre en se basant sur des témoignages de vétérans.
On verra aussi où en est Giant Mine, projet de Marie-Ève Fontaine, qui a récemment été nommée à la tête du Théâtre Cercle Molière de Winnipeg. Ce théâtre documentaire, élaboré entre autres pendant sa résidence au Théâtre français du CNA, est une collaboration avec le Théâtre du Nouvel-Ontario de Sudbury.
Katia Café-Fébrissy (Toronto) présente Héritages, une pièce dérivée de son court-métrage documentaire, À la racine, sorti en 2017.

Les Ensevelies de Caroline Bélisle est une coproduction du Théâtre l’Escaouette (Moncton) et du Théâtre Catapulte (Ottawa).
De plus, Hippocampe, produit par Satellite Théâtre (Moncton) met entre autres en vedette le Franco-Ontarien Lionel Lehouillier.
Depuis 2019, les Zones théâtrales ont aussi des invités internationaux, avec le réseau de collaboration « transfrontalier », qui inclut des artistes et des membres de l’industrie. Ces visites peuvent mener à des collaborations futures pour les créateurs canadiens. « Il y a plusieurs projets qui sont nés de ces rencontres-là depuis », raconte Gilles Poulin-Denis. Il donne l’exemple d’un spectacle présenté en primeur lors de cette édition, Les Sentinelles, une coproduction du Théâtre français de Toronto, de L’UniThéâtre d’Edmonton et du théâtre OTEP, de la Guyane française.
La genèse du projet remonte d’un événement de la Zone Pro 2023. « C’est toujours très valorisant de voir que c’était un pitch de sept minutes, et que ça donne un spectacle qui se retrouve dans la programmation après », se réjouit Gilles Poulin-Denis.

Toute la programmation peut être consultée dans la section Zones théâtrales du site du CNA.