Levée des masques : les universités font un pied de nez au gouvernement

Les universités franco-ontariennes maintiennent le port du masque dans leurs locaux.
Malgré la levée de l'obligation de porter le masque, les universités franco-ontariennes le maintiennent. Crédit image : FatCamera / E+ via Getty Images

Cela résonne comme un désaveu pour le gouvernement s’agissant de sa récente décision visant à mettre fin à l’obligation de porter le masque dans la province, y compris dans le milieu éducatif. Comme leurs homologues anglophones, les universités fréquentées par les francophones refusent d’appliquer cette levée, jugée prématurée.

« La santé des étudiantes, des étudiants, du personnel et de l’ensemble de la communauté universitaire demeure une priorité pour nous. C’est pourquoi la pratique du port du masque et la politique de vaccination contre la COVID-19 demeureront en vigueur, au moins jusqu’à la fin du semestre », nous apprend Elise Leblanc, adjointe exécutive du recteur et secrétaire du Conseil de gouvernance à l’université de Sudbury.

Et pourtant, lors d’une annonce faite le 9 mars dernier, le gouvernement provincial a bien fait savoir que l’obligation du port du masque, comme la majorité des restrictions appartiendront au passé, et ce dès aujourd’hui. 

De son côté, l’Université Laurentienne abonde dans le même sens. « Nous avons décidé de conserver les politiques relatives à la vaccination et aux masques au moins jusqu’à la fin du trimestre en cours afin de minimiser l’incertitude et les interruptions. Cette décision concorde avec celle prise par tous les autres collèges et universités de l’Ontario », fait savoir sa communication.

Front commun des universités francophones

Quant à la plus francophone des universités franco-ontariennes, à savoir celle de Hearst, la décision n’est guère différente comme le confirme son adjointe à la direction, Émilie Lacroix :

« Le comité de santé et de sécurité s’est réuni la semaine dernière pour décider quelle devrait être la position de l’université concernant la levée des politiques et des restrictions liées à la COVID-19. Il a été décidé qu’afin de continuer à contribuer à l’effort collectif, l’université de Hearst maintiendrait le statu quo jusqu’à la fin avril. »

Pour rappel, l’université de Hearst avait déjà annoncé via son site internet que « malgré l’annonce du gouvernement ontarien de lever les exigences relatives à la preuve de vaccination dans tous les établissements en date du 1er mars, la politique de vaccination de l’Université de Hearst reste en place, sur les installations et ce, jusqu’à avis contraire ».

Enfin, et bien qu’avec un nombre d’inscrits limité permettant largement de respecter la distanciation sociale dans ses locaux, l’Université de l’Ontario français (UOF) n’en démord pas.

En effet, selon Anaïs Latulippe, conseillère principale en relations publiques et relations médias à L’UOF, « toutes les mesures préventives à la COVID-19, dont le port du masque, continuent de s’appliquer sur le campus, et ce, au moins jusqu’au 1er avril 2022 ».

Les étudiants divisés

Dans la communauté estudiantine, le chiisme est palpable. Une division telle que, sollicité à ce sujet, le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) n’a pas souhaité faire de commentaires.

Rachel Barber, étudiante francophone à l’université Queen’s. Gracieuseté

« Nous préférons nous abstenir de tout commentaire officiel puisque nous n’avons pas eu de mandat officiel de nos membres pour une position sur la question, et que nous n’avons pas non plus eu l’occasion de sonder ceux-ci sur leurs réactions face à cette nouvelle », argumente François Hastir, directeur général du RÉFO.

Cette communauté, nous l’avons sondée, et il en ressort une division d’avis assez tranchés entre les étudiants en faveur du maintien du masque et ceux qui sont pour un retour total à la normale.  

« À ce que je sache, les masques seront obligatoires aux universités ontariennes jusqu’à la fin du semestre. Même si le masque n’était pas obligatoire, je continuerais quand même à les porter, vu qu’il n’y a pas de distanciation physique dans ma salle de classe », livre Rachel Barber, étudiante francophone à l’université Queen’s.

Des propos à mille lieues de ce que l’on pourrait entendre du côté contre. 

« On nous a déjà privés de deux des plus belles années de notre vie. Nous avons toujours respecté les mesures sanitaires et, lorsque le gouvernement les a enfin retirées et qu’on croyait qu’on allait retourner à une vie normale d’étudiant, voilà que l’université nous dit que rien ne va changer », s’insurge cette étudiante qui a préféré garder l’anonymat. 

Comme observé chez les parents d’élèves des écoles secondaires qui, elles, ne sont pas autonomes et par conséquent doivent se plier à la décision gouvernementale, le milieu du postsecondaire semble plus que jamais divisé sur la question du port du masque. Un désaccord qui risque de s’inscrire dans la durée puisque les échéances avancées par les universités peuvent être prolongées au-delà de la fin du semestre.