
Lever du drapeau franco-ontarien : la municipalité de Greenstone encore boycottée

GREENSTONE — Un an après le boycott du lever de drapeau franco-ontarien, le scénario se répète à Greenstone. Pour le 50ᵉ anniversaire du drapeau, la Ville procédera seule à la cérémonie, sans la participation de la communauté francophone locale.
L’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) confirme avoir demandé à la municipalité de hisser le drapeau, comme le veut la procédure annuelle, mais sans présence de la communauté.
« La communauté préfère célébrer avec les organismes francophones et les écoles plutôt qu’à la municipalité, considérant l’affront non restitué », explique l’organisme par courriel.
Les élèves des écoles St-Joseph, Notre-Dame-de-Fatima et Château-Jeunesse se retrouveront devant l’École Notre-Dame-de-Fatima à Longlac pour leur propre cérémonie, prévue à 10 h le 25 septembre.
L’AFNOO distingue entre un lever « municipal », qui implique la participation citoyenne et un discours, et un lever « symbolique » réalisé par le personnel de l’hôtel de ville sans public. C’est ce deuxième scénario qui se déroulera à Greenstone cette année.
De son côté, le maire de cette ville comptant près de 20 % de francophones, James McPherson dit respecter cette décision. « Tout le monde a le droit de participer ou de ne pas participer, et la communauté a choisi de ne pas le faire. Nous respectons ce droit », a-t-il déclaré en entrevue avec ONFR.
Une proclamation adoptée
À la demande de l’AFNOO, le conseil municipal a adopté cet été une proclamation désignant le 25 septembre comme le Jour des Franco-Ontariens à Greenstone. « Nous avons été heureux d’accepter et de l’afficher sur notre site web », indique le maire James McPherson. Le texte, soumis par l’organisme francophone, a été voté à l’unanimité par le conseil.
La Ville maintient sa politique adoptée en 2023, selon laquelle tous les drapeaux communautaires, qu’ils soient autochtones, culturels ou francophones, sont hissés pour une durée d’une semaine. Pour maximiser le temps d’exposition, le drapeau franco-ontarien sera levé dès ce lundi et flottera toute la semaine, fait savoir l’élu.
« Ce n’était peut-être pas la solution idéale pour tous, mais c’était une solution équitable pour tous », affirme-t-il, ajoutant que la position de la Ville ne changera pas.
Comme l’an dernier, le discours officiel lors du lever de drapeau sera prononcé uniquement en anglais. « Greenstone est une communauté anglophone du point de vue gouvernemental, et ni moi ni le maire suppléant ne parlons français », explique le maire de cette ville de 5000 habitants située au nord du lac Supérieur.
Interrogé sur la possibilité d’intégrer le français à l’occasion du 50ᵉ anniversaire du drapeau, il répond que la pratique ne changera pas cette année.
Dialogue rompu
En 2024, la communauté francophone avait décidé de ne pas se présenter à la cérémonie officielle organisée devant l’hôtel de ville de Geraldton, en guise de protestation.
Plus d’une centaine de drapeaux franco-ontariens avient alors été déployés dans toute la municipalité qui comprend, entre autres, les communautés de Geraldton, de Longlac, de Nakina et de Beardmore grâce à des dons de particuliers et d’organisations.
Depuis l’an dernier, le contact est resté limité entre la municipalité et l’organisme. « C’était une discussion difficile à l’époque et, honnêtement, je n’ai pas eu de nouvelles depuis », admet le maire.
Quant au comité annoncé l’an dernier pour explorer des façons de mettre en valeur la communauté francophone, le dossier est demeuré lettre morte.
« Bonne question. Je n’ai pas entendu parler de recommandations à ce sujet », reconnaît M. McPherson.
La Ville avait justifié le retrait du drapeau en expliquant que sa politique visait à traiter tous les groupes communautaires de façon égale et à soutenir les efforts de réconciliation avec les six Premières Nations de la région.
En août dernier, le conseil municipal avait notamment approuvé une initiative visant à renommer la rue Indian en rue Nishnabe Miikena, en conformité avec le plan d’action de réconciliation de la municipalité, qui entrera en vigueur le 1ᵉʳ octobre.