En février, la municipalité de Greenstone avait modifié son protocole sur les drapeaux. Le drapeau frano-ontarien ne flottera plus de façon permanente à l'hôtel de ville. Source : Wikipedia

GREENSTONE – Ce lundi soir, le conseil municipal a tranché sur la question de hisser ou non (à nouveau) le drapeau franco-ontarien toute l’année et c’est finalement le statu quo qui l’emporte. La municipalité ne changera pas sa position, après l’évaluation d’un nouveau rapport proposant différentes options pour la reconnaissance des Franco-Ontariens et des peuples autochtones.

Nouveau rebondissement concernant le retrait du drapeau franco-ontarien de la mairie de la municipalité du Nord de l’Ontario, drapeau qui était hissé de façon permanente depuis 2015.

En février dernier, Greenstone avait modifié sa politique de hissage des drapeaux pour représenter plus de groupes communautaires, dont les communautés autochtones. N’ayant que trois mâts à disposition, la municipalité avait décidé de ne faire flotter le drapeau franco-ontarien que cinq jours par an, en alternance avec le drapeau orange autochtone de Every child matters.

Après avoir repoussé une offre de l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) de lever des fonds pour financer deux « mâts de drapeau communautaire », le conseil avait fait la commande d’un rapport pour évaluer les options sur la question.

Parmi les quatre choix proposés par ledit rapport, Reconnaissance des Franco-Ontariens et des peuples autochtones, publié ce lundi 24 juin : le premier consistait à installer suffisamment de mâts pour faire flotter le drapeau franco-ontarien, ainsi que chaque communauté autochtone de la région, le second, à établir deux mâts de drapeau, un pour le drapeau franco-ontarien et un pour le drapeau Every child matters.

La troisième option validait l’offre de collecte de fonds pour deux mâts communautaires, tandis que la quatrième, à laquelle était ajoutée la mention « recommandée » en majuscules, préconisait de maintenir la politique de drapeaux telle quelle.

C’est le statu quo qui l’a emporté après un débat enflammé entre les conseillers pendant plus d’une heure d’allers et retours, opposant les droits des populations autochtones à ceux des Franco-Ontariens.

Le conseiller municipal, Allan Ouellet, a rappelé que le retrait du drapeau s’était fait sans aucune consultation, et considère cette exclusion comme une « discrimination » envers la communauté franco-ontarienne.

« Francophobie ou incompréhension de l’importance du geste »

La motion défendant le rétablissement du drapeau vert et blanc 365 jours par an était principalement soutenue par les conseillers municipaux Vicky Budge et Allan Ouellet, déplorant le manque de reconnaissance envers la communauté francophone.

« Nous avons un drapeau approuvé à l’échelle provinciale et nationale qui représente la communauté francophone (…) Or à Greenstone, il y a un héritage et une culture franco-ontariens très forts. C’est une communauté très bilingue », a défendu M. Ouellet.

Il s’est également insurgé du rejet du financement proposé par l’AFNOO : « Pourtant, nous continuons de rejeter une organisation qui souhaite collecter des fonds (…) Cette même organisation qui est prête à financer deux mâts pour les autres drapeaux communautaires où d’autres communautés peuvent également être représentées ». 

« C’est une grave déception », s’exprime Fabien Hébert, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), au lendemain de la décision délibérée en conseil.

« Quand la communauté francophone offre de défrayer les coûts pour ériger les mâts et les drapeaux et que le conseil municipal refuse, c’est clairement soit de la francophobie, soit de l’incompréhension totale de l’importance du geste. »

« Je ne m’explique pas la décision de brimer les droits des francophones sous prétexte de les opposer aux droits autochtones. Vouloir faire un geste de réconciliation est plus que normal à mon sens, mais le faire au détriment des francophones est un non-sens », explique celui-ci, rappelant que les Métis, qui ont été cités en conseil, parlent également en partie le français.

« La communauté de Greenstone a manqué l’opportunité de créer un geste d’unité entre la communauté anglophone, francophone et autochtone », conclut M. Hébert.

En guise de mesures compensatoires, une augmentation du budget pour des festivals franco-ontariens, sans toutefois en préciser le montant, ou encore l’ajout de panneaux bilingues dans la municipalité avaient été mentionnés en fin de débat.