L’institut des politiques du Nord fête ses dix ans
THUNDER BAY – Ce jeudi marque le 10e anniversaire de l’Institut des politiques du Nord (IPN). Un gala se tiendra en soirée à Thunder Bay pour célébrer cette étape historique. L’Institut bilingue a fortement contribué à des programmes phares pour le Nord, notamment en immigration.
Fondé à la fin de 2012 et commençant ses activités en 2013 avec seulement trois employés, ce groupe de réflexion indépendant local a maintenant trois bureaux permanents à Kirkland Lake, Sudbury et Thunder Bay.
L’organisme avait été créé par un petit groupe d’économistes pour pallier le manque d’information sur le Nord qui « agit de manière complètement différente du reste de la province, c’est une région souvent ignorée comparée au Sud », juge Martin Lefebvre, chercheur à l’Institut.
Pour ce faire, le fonctionnement de l’Institut a toujours dépendu de la collecte de données et autres études de terrain.
« L’IPN a changé la façon dont les politiques publiques sont discutées dans le Nord de l’Ontario », selon Florence MacLean, actuelle présidente du conseil d’administration de l’IPN et membre du conseil d’administration fondateur en 2013.
Son objectif, le même depuis sa création, est d’« améliorer la capacité du Nord à prendre la tête des politiques socio-économiques qui ont un impact sur nos communautés, notre province, notre pays et notre monde ».
Des bons coups
« De loin, notre impact le plus important a été de rendre disponibles des informations plus nombreuses et de meilleures qualités dans le nord de l’Ontario », lance Charles Cirtwill, président et chef de la direction.
L’introduction et l’expansion récente du projet pilote d’immigration dans les régions rurales et du Nord, l’élargissement des choix de programmes postsecondaires à Timmins, le pilotage du modèle routier 2 plus 1, l’expansion du service de bus de Toronto à Winnipeg et la réintroduction de la chasse à l’ours au printemps… Autant de dossiers importants que l’Institut affirme avoir faire permis de naître.
Thomas Mercier, coordonnateur du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, considère l’IPN comme un partenaire clef : « Au fil des dernières années, cet institut s’est positionné comme un acteur incontournable dans le développement économique. »
Les chiffres de l’Institut de cette dernière décennie, c’est quelque 200 rapports de recherche, 150 présentations dans tous les coins du nord de l’Ontario (et au-delà), 78 étudiants stagiaires d’été et des emplois post-diplôme pour 30 autres jeunes.
Le défi du Nord
Il reste encore de nombreux enjeux relatifs à la collecte des données dans le Nord, surtout du fait de la faible densité de la population du nord de l’Ontario.
S’il salue l’initiative de Statistique Canada de libération de l’information en 2016, Martin Lefebvre juge que la politique restrictive de divulgation de l’organisme fédéral pose des obstacles à la suppression des données dans le Nord.
« Pour des raisons de protection de la vie privée, de nombreux ensembles de données recueillis auprès de Statistique Canada cacheront des données s’ils estiment que leur divulgation pourrait servir à dépersonnaliser une personne en particulier », explique-t-il.
En exemple, il cite le cas du recensement de 2021 qui, pour la première fois, fait état du nombre de personnes transgenres, mais seulement dans les deux plus grandes villes du Nord, à savoir le Grand Sudbury et Thunder Bay. Ces villes sont les seules du Nord à avoir plus de 100 000 habitants.
Regarder vers l’avenir
Avec un troisième bureau ouvert à Kirkland Lake en 2022, l’organisme bilingue dit vouloir étendre son mandat. L’Institut investit de plus en plus dans la recherche sur les francophones du Nord.
M. Lefebvre abonde dans ce sens : « On veut bâtir un pont pour le talent dans le Nord », dit-il en ajoutant que le recrutement et la rétention sont axés sur des jeunes du Nord.
150 participants sont attendus pour le gala qui se tiendra à l’hôtel Delta de Thunder Bay dont le député fédéral de Kenora Eric Melillo, lequel a travaillé à l’Institut par le passé.