Première discussion entre Joly et Mulroney sur l’UOF
TORONTO – La ministre fédérale Mélanie Joly et son homologue ontarienne Caroline Mulroney ont entamé, ce jeudi, des discussions sur le financement du projet de l’Université de l’Ontario français (UOF). Mais pour l’heure, aucune avancée concrète n’a été annoncée.
C’est la première fois depuis décembre dernier, au cœur de la crise linguistique en Ontario, que la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, et la ministre ontarienne des Affaires francophones, Caroline Mulroney, se parlaient, ce jeudi.
Au cœur de cette discussion téléphonique, à laquelle s’est joint le ministre de la Formation, des Collèges et Universités, Ross Romano, l’Université de l’Ontario français.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement fédéral se dit ouvert à financer une partie des coûts de démarrage du projet. En juin, la ministre Mulroney avait finalement ouvert la porte à des discussions, même si le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford ne cesse de marteler qu’il ira de l’avant uniquement quand les finances publiques de la province seront assainies.
En entrevue avec ONFR+, la ministre Joly a rappelé l’engagement d’Ottawa dans le dossier.
« Pour moi et pour le gouvernement, il est extrêmement important que le projet de l’Université de l’Ontario français se réalise. C’est un projet demandé depuis des années par les Franco-Ontariens et qui est important pour le pays. Mon objectif est de le réaliser et j’ai rappelé à Mme Mulroney et à M. Romano que nous étions prêts à mettre 50 % du financement. Par contre, on s’attend à un engagement clair, à un projet tangible et un engagement financier de la part de l’Ontario. »
Selon Matthew Conway, du bureau de la ministre Mulroney, le ton de la conversation a été « très cordial et bénéfique aux deux partis ». Le directeur des Affaires francophones de la ministre ontarienne a qualifié l’échange de « contact pour amorcer les discussions ».
« Chacun a donné son point de vue sur les sources de financement et les programmes qui pourraient être ciblés » dans ce « dossier prioritaire pour Caroline Mulroney depuis le mois de novembre », a-t-il commenté à ONFR+.
Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, espère maintenant que le dossier va avancer.
« On est très content que cette rencontre ait eu lieu. C’est un pas important, tant du côté de Mme Joly et son ouverture à financer les quatre premières années du projet, que du côté de Mme Mulroney qui a fait cheminer le dossier au sein de son parti depuis l’automne dernier. Ce changement en cours de route est extrêmement positif. »
Aucune demande formelle
Mais pour l’heure, aucune demande formelle de financement n’a été déposée par la province, même si la ministre Joly dit croire en la bonne foi du gouvernement ontarien.
« On s’est entendu de garder les canaux de communication ouverts. Le projet peut seulement aller de l’avant si les coûts et l’engagement financier du gouvernement de l’Ontario sont clairs. Pour le moment, je n’ai toujours pas reçu de projet final, mais j’espère en recevoir un d’ici les prochaines semaines. »
La ministre fédérale dit avoir expliqué au gouvernement les quatre programmes disponibles afin de les « aider à comprendre comment développer un montage financier ». Des discussions devraient désormais avoir lieu entre les fonctionnaires des deux gouvernements.
« Nous allons poursuivre notre collaboration sur ce dossier important pour les francophones de l’Ontario », a assuré, dans un gazouillis, la ministre Mulroney.
« Maintenant, les fonctionnaires vont se parler », a confirmé M. Conway, précisant que ce sera « dès demain ou en début de semaine prochaine ».
Quant aux détails de l’entente : « Ça va faire partie du processus entre les fonctionnaires. On va voir ce qui va sortir du processus des deux côtés », ajoute-t-il.
Course contre la montre
Car le temps presse à l’approche des élections fédérales de l’automne et la fenêtre semble rétrécir de jour en jour.
« On se retrouve avec une fenêtre très petite d’ici l’élection, craint M. Jolin. Il va falloir que d’ici fin août, on aboutisse à quelque chose. On a bon espoir car des dossiers avec des sommes d’argent bien plus importantes que celle de l’UOF ont trouvé des solutions avec simplement de la volonté politique. L’AFO va continuer à mettre la pression. »
La ministre Joly lance la balle au gouvernement ontarien.
« Ça dépend vraiment du gouvernement de l’Ontario, car c’est à lui de développer son montage financier et de nous présenter un projet qu’on pourra étudier. C’est une question de crédibilité et de saine gestion des fonds publics. (…) Si c’est une priorité pour eux, ils vont débloquer les fonds. À eux de le démontrer et j’espère voir un résultat positif. Mon message, c’est : faites vos devoirs. »
Article écrit en collaboration avec Benjamin Vachet
Cet article a été mis à jour le jeudi 1er août, à 16h35