Linda Morais a inscrit les premiers points lors de son combat face à la Nigériane Blessing Oborududu, avant de concéder les huits suivants et de s'incliner pour son seul et unique combat aux Jeux olympiques. AP Photo: Eugene Hoshiko / AP

Avec du recul mais aussi des émotions toujours intactes, Linda Morais revient sur son expérience olympique. Malgré un résultat décevant avec une élimination dès son premier combat face à la Nigériane Blessing Oborududu, la lutteuse franco-ontarienne nous replonge dans ce qu’elle considère comme étant le meilleur moment de sa carrière. 

A 31 ans, Linda Morais a atteint l’objectif de sa carrière en disputant ses premiers Jeux olympiques à Paris, dans l’épreuve de lutte en catégorie 68 kg. Discipline cruelle, la lutte fait partie de ces sports où l’élimination peut surgir dès le premier match, la première course, le premier combat. C’est ce qui s’est passé pour la Franco-Ontarienne, qui n’a pas été gâtée par le tirage au sort en affrontant d’entrée de jeu la très expérimentée Blessing Oborududu, médaillée d’argent à Tokyo en 2021.

« Ce n’était pas la première fois que je l’affrontais, on avait combattu en 2022 aux Jeux du Commonwealth, confie Linda Morais. Je savais que c’était une athlète très agressive. Avec mon entraîneur, on a essayé de se préparer pour son style de lutte mais, malheureusement, c’est une fille contre qui j’ai de la difficulté. J’ai tout de même été contente d’avoir pu marquer des points. Ça n’avait pas été le cas la première fois contre elle. J’aurais aimé réussir à être plus défensive, elle a réussi à me plaquer à plusieurs reprises. »

Après avoir pourtant mené 2-0, la Canadienne a subi les foudres de son adversaire, qui a inscrit huit points de suite, ne lui laissant aucune chance de revenir dans le combat.

Linda Morais n’a pas réussi à contrer l’agressivité et les attaques de Blessing Oborududu. Photo : Eugene Hoshiko / AP

Dans un entretien accordé à ONFR en amont des Jeux, Linda Morais avait indiqué que la gestion du stress aurait un grand rôle à jouer dans sa réussite à Paris. Lors de sa dernière chance de qualification olympique, elle avait réussi à se mettre dans un état d’esprit détaché. C’est ce qu’elle a tenté de faire lors de son entrée en lice dans les Jeux. 

« J’ai pu l’effacer un petit peu (le stress). Il me semble que la première ronde du combat s’est bien passée. J’étais vraiment concentré sur la défense et sur le fait de prendre du plaisir. Mais dans la deuxième ronde, je ne sais pas exactement quoi, mais quelque chose s’est passé et je n’étais pas autant dans cet esprit-là. À partir du moment où elle a marqué un point, j’ai peut-être laissé la panique survenir, mais j’ai quand-même pris du plaisir et de la gratitude, c’est pour cela que j’ai tant aimé les Jeux. »

Un soutien incommensurable

La beauté du sport se trouve là. Malgré ce résultat décevant, la lutteuse franco-ontarienne a vécu une expérience unique. Même si elle a dû vivre une autre période de fort stress en suivant les résultats de son adversaire, dans l’espoir d’obtenir une qualification pour les repêchages qui n’est pas arrivée, la suite n’a été que du bonheur partagé avec les membres de sa famille et ses amis venus spécialement à Paris pour la soutenir. 

« J’aurais aimé mieux performer et faire un meilleur résultat, mais ça a quand même été une expérience super fun. C’était la meilleure expérience de ma carrière, confie-t-elle. Du moment où je me suis qualifiée jusqu’au moment où je suis rentrée des Jeux, j’ai eu tellement d’encouragements de ma famille et de mes amis, c’est quelque chose de spécial que je n’avais jamais eu pour les Championnats du monde auparavant. C’était impressionnant de voir aussi le soutien de tout le Canada, les gens aiment vraiment les Jeux olympiques. Ce support était incroyable. » 

Linda Morais raconte avec beaucoup d’émotion la soirée qui a suivi son élimination. Il était alors 23 heures à Paris, Blessing Oborududu venait de perdre en demi-finale et les espoirs de pouvoir passer aux repêchages s’étaient envolés. 

« Ce qui était vraiment spécial et que je n’avais jamais vécu auparavant, c’est le fait que, cette fois, je n’ai pas été triste ou embarrassée comme ça a pu être le cas par le passé. J’avais 25 de mes amis et membres de ma famille pour me soutenir. Après ma défaite, j’ai reçu un message de mon frère qui m’a dit : ‘peu importe ta performance, viens avec nous, on veut te célébrer’. 

Quand j’ai reçu ce texto, je me suis dit : ‘oui pourquoi pas’, alors que par le passé j’aurais peut-être refusé, parce que j’étais trop triste. Je les ai rejoints dans le sous-sol d’un pub, ils étaient 23 des 25 présents et on a fêté toute la soirée. C’était vraiment cool

Après ça, pour le reste des Jeux, j’en ai passé une grande partie à visiter les sites avec ma famille et mes amis. Je n’ai pas eu le temps de me mettre dans un état d’esprit négatif, grâce à tout ce soutien que j’ai reçu immédiatement sur place. »

Linda Morais ne peut pas se projeter dans quatre ans pour les prochains Jeux olympiques, mais elle n’a pas fini de représenter le Canada sur la scène internationale. Photo : WCL

Retour à la compétition

À son retour de Paris, la native de Windsor a pris un temps de repos bien mérité et a retrouvé le chemin de son travail. 

« C’était nécessaire et ça m’apporte de l’équilibre dans ma vie. »

À 31 ans, il est difficile, voire impossible, pour la lutteuse franco-ontarienne de se projeter dans quatre ans et d’ambitionner les Jeux olympiques de Los Angeles. Cela dépendra de l’évolution de ses performances et de sa condition physique. 

« Pour l’instant, je vais prendre année par année, on verra…. J’aimerais déjà faire une autre compétition, juste pour montrer ce que j’avais préparé pour Paris. » 

Cette  prochaine compétition pour laquelle elle est déjà en préparation aura lieu en novembre prochain à New York.