Madeleine Meilleur : « Je veux être jugée sur mes actions »

Madeleine Meilleur.

OTTAWA – Officiellement choisie par le gouvernement libéral de Justin Trudeau pour succéder à Graham Fraser comme commissaire aux langues officielles du Canada, le lundi 15 mai, l’ancienne ministre libérale de l’Ontario, Madeleine Meilleur, dit comprendre les réticences de l’opposition, mais demande à être jugée sur le travail qu’elle accomplira.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Très heureuse » de sa nomination comme septième commissaire aux langues officielles du Canada, Mme Meilleur ne peut toutefois nier que le choix de sa candidature ne fait pas l’unanimité à la Chambre des communes.

Le Parti Conservateur du Canada (PCC) et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont tour à tour dénoncé la partisanerie de sa nomination, reprochant à Mme Meilleur son long et très récent passé de ministre du gouvernement libéral de l’Ontario.

« Je comprends les réserves, mais je ne suis pas la première politicienne à occuper un poste comme celui-là. Je vais m’acquitter de mes fonctions avec indépendance, intégrité et transparence et veux être jugée sur mes actions », lance-t-elle à #ONfr.

Mme Meilleur dit avoir reçu de nombreux messages d’encouragements depuis sa nomination, et remarque que l’annonce a été plutôt bien accueillie par les francophones en milieu minoritaire. La Franco-Ontarienne d’adoption veut désormais se concentrer à laisser une marque à l’issue de son mandat.

« Ce sont des grands souliers à chausser car Graham Fraser a accompli beaucoup de travail. Mais je pense qu’il y a encore des choses à faire. Je l’ai vécu quand j’ai quitté les Affaires francophones en Ontario. On laisse toujours derrière soi des dossiers à compléter, comme pour moi avec l’université franco-ontarienne et l’adhésion à l’Organisation internationale de la francophonie. »

 

Aller au front, si nécessaire

L’ancienne procureure générale compte s’appuyer sur son expérience de ministre et de ses presque 13 ans au poste de ministre déléguée aux Affaires francophones pour remplir sa nouvelle fonction.

« Je vais procéder de la même manière que lorsque j’arrivais dans un nouveau ministère. Je vais d’abord écouter, rencontrer le personnel qui connaît bien les dossiers et l’institution, et parler avec nos partenaires francophones et anglophones en milieu minoritaire. Puis, je vais utiliser les mêmes techniques qui m’ont permis d’améliorer les services pour les francophones en Ontario. »

Elle assure que même si elle privilégie la coopération avec le gouvernement fédéral, elle n’hésitera pas à aller au front si nécessaire.

« Ça fait partie du travail de commissaire et même quand j’étais ministre, j’ai dû parfois le faire contre des gens de mon propre parti qui n’étaient pas aussi sensibles à la cause des francophones, comme lorsqu’on a créé le poste de commissaire aux services en français. Je l’ai aussi fait comme conseillère municipale pour rallier assez de conseillers afin qu’ils appuient la politique sur le bilinguisme de la Ville d’Ottawa. »

 

Le commissariat plutôt que le Sénat

Alors qu’elle avait quitté la politique il y a tout juste un an, l’avocate de formation rappelle qu’elle n’avait jamais dit vouloir quitter la vie publique.

« Je pense pouvoir encore contribuer et c’est la raison pour laquelle j’ai voulu présenter ma candidature. Les langues officielles sont un domaine qui me passionne. Je pensais pouvoir y contribuer comme sénatrice, mais le premier ministre a été clair qu’il ne voulait pas de politiciens à la Chambre haute. Je respecte ça et pense que je peux faire avancer les choses comme commissaire. »

« Ce poste est le couronnement de ma carrière » – Madeleine Meilleur

S’il elle ne tient pas encore à se prononcer sur d’éventuels pouvoirs accrus ou une révision de son futur poste, Mme Meilleur a déjà plusieurs idées de dossiers sur lesquels elle veut travailler. Elle cite notamment le 150e anniversaire du Canada où la dualité linguistique doit, selon elle, être bien présente, mais aussi l’accès à la justice dans les deux langues officielles et la question de l’immigration francophone.

« Il y a aussi le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles qui arrive à grands pas. Il faut voir si on veut réviser cette loi, surtout avec l’arrivée d’internet et des médias sociaux qui n’étaient pas encore présents lors de la dernière révision. »

Mais avant, il reste encore quelques étapes à sa nomination, rappelle Mme Meilleur. Et la première commence dès le jeudi 18 mai, date à laquelle elle devrait comparaître devant le comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.