Marie-Claude Lortie, première rédactrice en chef de l’histoire du Droit
OTTAWA – C’est une première dans l’histoire du quotidien d’information franco-ontarien fondé en 1913 : une femme prendra les commandes de la rédaction. Pour Marie-Claude Lortie, les défis sont immenses dans un contexte de crise de la presse et de transformation du titre, aujourd’hui établi au Québec.
Mme Lortie succèdera, dès le 25 mai, à Patrice Gaudreault et travaillera en tandem avec la directrice de l’information Geneviève Turcot. Sur son tableau de bord, deux missions majeures : poursuivre l’intégration numérique du titre et affirmer son positionnement dans le paysage francophone d’Ottawa-Gatineau.
Transfuge du quotidien numérique montréalais La Presse où elle a œuvré durant plus de 30 ans, cette diplômée en science politique de McGill et Standford cumule une longue expérience journalistique. Depuis 1988, elle a successivement occupé les postes de correspondante parlementaire à Ottawa, reporter à Paris, chroniqueuse et chef de division.
Dans les colonnes du journal, le directeur général de la Coopérative, Éric Brousseau, met en exergue, ce vendredi, les qualités d’une « journaliste chevronnée » et dotée d’une « vision stratégique ».
Mme Lortie s’est dit heureuse de revenir à Ottawa où elle a débuté sa carrière : « Je suis fière et émue d’être la première femme rédactrice en chef de ce grand journal » et de devenir « le pilote d’une formidable équipe dont je partage totalement les objectifs : produire du journalisme de grande qualité pour toujours mieux informer les lecteurs autant québécois que franco-ontariens, pour poser les questions qui se doivent et ainsi enrichir nos débats de société »
Un journal et un secteur en profonde mutation
Le quotidien franco-ontarien s’est profondément transformé au cours des dernières années pour devenir, à l’automne 2019, une coopérative, au même titre que ses voisins québécois Le Soleil, Le Nouvelliste, Le Quotidien, La Tribune et La Voix de l’Est, signant la fin du Groupe Capitales Médias, en faillite, et préservant l’emploi des 350 employés.
Début 2020, la direction avait surpris les Franco-Ontariens en déménageant de son berceau historique d’Ottawa vers Gatineau, condition sine qua non pour percevoir 5 millions de dollars d’aide du gouvernement québécois, essentiels à son sauvetage financier. Le titre avait dans la foulée rassuré en promettant de continuer à couvrir l’actualité ontarienne, notamment à Queen’s Park avec l’embauche d’une correspondante parlementaire, une première depuis 30 ans.
Mais le journal évolue encore dans un contexte fragile, comme ont pu en témoigner, au printemps 2020, les 23 mises à pied temporaires et la suspension des éditions papiers en semaine, une conséquence directe de la crise sanitaire, grande faucheuse de revenus pour les médias traditionnels.