Éric Boutilier, le créateur du jeu, à gauche et Mark Sherry, propriétaire de la société qui le produit. Gracieuseté

NORTH BAY – Après le Sudburois Mat Cousineau, c’est un autre Franco-Ontarien du Nord qui se lance dans la création d’un jeu de société. Le but? Mettre le nord de l’Ontario sur la carte, littéralement.

C’est une toute nouvelle aventure dans laquelle se lance Éric Boutilier, journaliste au Voyageur, lequel a passé les six dernières années à développer son jeu Tripped, qui pourrait s’appeler Trébucher dans une version française à venir.

« Une fin de semaine, j’ai décidé de développer un concept original. J’avais une carte de l’Ontario que je consulte souvent et je me suis dis que je pourrais faire quelque chose avec ça », raconte le résident de North Bay qui ajoute avoir développé auparavant des cartes de jeux de société pour le jeu Risk.

Le jeu est une course à travers l’Amérique du Nord, utilisant différents modes de transport, des chemins, des voies ferrées, des bateaux de croisière et des avions. Gracieuseté

Il dit s’être inspiré de plusieurs jeux et avoir travaillé sur le concept pendant un an avant de le faire tester par ses amis. Le résultat est un mélange de Serpent et échelle, et de l’émission de télé Amazing Race. 

L’objectif du jeu : accumuler des étampes pour le passeport en visitant six communautés différentes, et en réussissant à surmonter les obstacles semés par les autres joueurs.

Sudbury ou North Bay?

Une centaine de villes d’Amérique du Nord figurent sur la carte du jeu dont une bonne partie se trouve au Canada, en Ontario et surtout dans le Nord. 

« On a décidé de sonder les grandes communautés pour voir quelles villes on devrait mettre sur la carte. Donc, il y a Thunder Bay, Moosonee, Hearst, Pickle Lake », énumère M. Boutilier.

À gauche, le maire de North Bay, Peter Chirico, et complètement à droite, Paul Lefebvre de Sudbury. Gracieuseté

Pour compléter la carte, celui qui gère aussi un blog sur les modes de transports dans le Nord depuis 2017 a invité les personnes des deux plus grandes villes du Nord ontarien à sélectionner laquelle de North Bay ou Sudbury devrait gagner sa place dans le jeu. 

Quoi de mieux pour faire la promotion de cette compétition qu’une partie de jeu entre les deux maires de ces deux municipalités? Paul Lefebvre, maire du Grand Sudbury, et Peter Chirico, maire de North Bay, se sont ainsi affrontés mardi à l’occasion de la deuxième journée de la conférence annuelle de l’Association des municipalités du Nord-Est de l’Ontario.

Le gagnant remportait 20 points pour sa ville. Le résultat des votes doit être dévoilé dans les prochaines semaines et, avec eux, le nom de la ville sélectionnée.

L’accent sur les petites collectivités

Pour le créateur franco-ontarien, concevoir cette carte fut aussi l’occasion de mettre en lumière les petites collectivités souvent oubliées au détriment des grands centres. 

« J’ai grandi, je demeure toujours dans le Nord de l’Ontario et je trouvais important de faire la promotion de différentes collectivités, pas juste dans le Nord, mais un peu partout au pays », s’est-il exprimé.

« C’était juste une question d’espace, on n’a pas pu mettre une ville comme Ottawa ou une autre communauté dans l’Est »

« On retrouve entre autres Hearst, une communauté majoritairement francophone, des collectivités acadiennes, des communautés québécoises, des communautés de l’Arctique, de l’Ouest canadien. »

La capitale nationale, Ottawa, ne se retrouvera pas sur la carte comme d’autres grandes villes du sud de la province. Les faibles distances sur la carte du Canada dans le Sud et l’Est expliquent ce choix selon le francophone de North Bay.

« C’était juste une question d’espace : on n’a pas pu mettre une ville comme Ottawa ou une autre communauté dans l’Est », justifie-t-il.

Éric Boutilier dit avoir reçu de très bons retours des premières personnes qui ont joué au jeu. Gracieuseté

Respecter les langues autochtones

Pour respecter au mieux les régionalismes, le Franco-Ontarien a choisi de représenter les villes dans leurs langues originelles avec, en Amérique centrale, des noms en espagnol, au Canada, des noms en français, dans l’Arctique, des noms en inuktitut, tout comme au Groenland.

Pour l’instant, le jeu est conçu seulement en anglais mais une traduction en français est prévue pour bientôt. « On est en train de voir comment on pourrait traduire le jeu, certains termes, le nom du jeu », fait savoir M. Boutilier qui précise que le nom du jeu en anglais utilise un jeu de mots.

Et d’ajouter : « On veut trouver un mot qui pourrait bien définir le jeu en français, puis bien traduire les instructions et c’est quelque chose qui va venir. »

Ce jeu est axé sur l’esprit de compétitivité, tout en faisant rire. Gracieuseté

Campagne de sociofinancement

C’est grâce à un ami proche qui a commencé à travailler pour Quinn & Sherry, un studio de design de jeux de société primé de North Bay, et a bien voulu présenter le jeu à son président Mark Sherry que M. Boutilier peut commencer à commercialiser son jeu.

« Nous avons été séduits dès que nous avons commencé à jouer », a déclaré M. Sherry, qui est devenu le plus grand amateur de TRIPPED. « Toutes les personnes à qui nous avons présenté le jeu veulent y rejouer immédiatement. »

Une campagne de financement participatif commencera fin mai.