Murale de S.O.S Montfort : des solutions de la dernière chance envisagées
OTTAWA – L’annonce de la disparition définitive de la murale S.O.S Montfort, vendredi dernier, a eu l’effet d’une bombe. Depuis, plusieurs Franco-Ontariens tentent, tant bien que mal, de proposer des pistes de solution constructives afin d’éviter que le quartier Vanier ne perde ce symbole.
En fin de semaine dernière, ONFR+ révélait que la murale située à l’angle de la promenade Vanier et du chemin McArthur et retirée en avril 2017, ne pouvait finalement bénéficier d’une restauration, faute de fonds suffisants.
Quelque 60 000 $ étaient nécessaires pour remettre en état la murale inaugurée en juin 2009.
« Quand on a une murale sur un mur extérieur, on peut s’estimer chanceux qu’avec les intempéries, ce soit possible de lui redonner vie. Huit ans, c’est beaucoup », a confié l’artiste-peintre, Bernard Poulin, joint par ONFR+. Ce dernier se montre favorable au remplacement de la murale à condition qu’elle soit peinte par la jeune génération.
« Il est temps qu’on permette aux enfants de six à 13 ans de participer à la recréation de la murale. Ça ne coûterait très certainement pas 60 000 $. »
Et d’étayer : « Voici la murale à laquelle j’ai participé, ils pourront dire plus tard. Il ne faut pas restaurer le passé, mais embarquer les jeunes dans le futur. Il est temps de laisser le miroir aux jeunes. »
Mais les solutions divergent pour sauver la murale.
« Ce que je trouve important dans S.O.S Montfort, c’est son symbole, ce qu’elle représente pour nous en tant que francophones et non la murale en elle-même », lance Mathieu Fortin.
L’activiste franco-ontarien est lui d’accord pour garder le même « dessin », mais pas une version restaurée de l’œuvre originale.
« Pourquoi pas numériser la murale? La gicler dans un canevas ou un vinyle? Nous pourrions ainsi en garder une trace et même la préserver dans les livres d’histoire, ça coûtera moins cher et restera plus longtemps », conclut-il.
Encore, faudrait-il d’après lui que la murale soit photographiée avec un nombre élevé de pixels par pouces. Dans un tel exercice, il sera important de regarder tous les détails sans modifier la version originale.
En revanche, le directeur artistique de L’Écho d’un peuple, Félix Saint-Denis, se dit favorable à une restauration de la murale. « Pourquoi ne pas faire appel aux gens et aux talents… On pourrait aller chercher à moindre coût des artistes dans les écoles. Le talent est là dans les écoles pour en faire une œuvre d’appropriation. Les jeunes auraient la chance de s’approprier cette œuvre. »
Et d’argumenter : « On ramènerait la murale et on engagerait la communauté, même si ça serait pas la meilleure qualité. On fait parfois des choix de fierté communautaire plus que de qualité artistique. Le canevas de la murale est là, peut-être délavé et dilué au soleil, mais il est toujours là. »
Manifestement ému, M. Saint-Denis avoue sa déception. « C’est impensable qu’elle disparaisse, elle est importante dans la mémoire collective des gens de Vanier, mais aussi de l’ensemble des Franco-Ontariens. L’emplacement de la murale était idéal, et mes garçons de trois et cinq ans étaient curieux, ça me laissait la chance de leur expliquer. »
Le Muséoparc vise toujours une nouvelle peinture
Recontacté par ONFR+, Jean Malavoy, directeur de Muséoparc Vanier, lequel demeure propriétaire de la murale, se dit content de la tournure du dossier.
« L’article a fait accélérer les choses. Il est arrivé au bon moment, ça a touché les gens et ils veulent maintenant se battre. Je vais rencontrer un responsable de la Fondation Montfort et en parler avec le conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, cette semaine. »
Et de confirmer : « Je me suis engagé à refaire une nouvelle peinture sous le même thème, ça coûtera moins cher et ce qui compte, c’est de rendre témoignage de notre histoire avec des artistes de chez nous. Mais si nous trouvons de l’aide nécessaire, nous restaurerons toutes les murales qui peuvent l’être. »
Vague de soutien sur les médias sociaux
L’annonce de la disparition de la murale a en tout cas provoqué de vives réactions sur les médias sociaux.
« C’est donc dommage de nous faire de belles choses pour les voir disparaître peu de temps après. Quel est notre problème? Je ne peux pas concevoir qu’il n’y ait personne pour résoudre le problème », laisse entendre Gilles Gagnon, dans le groupe Je suis Franco-Ontarien/Franco-Ontarienne sur Facebook.
Pour Henriette Sylvestre, sur le même groupe, « il faudrait la conserver, ceci est un événement historique pour les Canadiens français ».
Au vu de messages publiés, la communauté francophone d’Ottawa semble bien décidée à se battre pour préserver son héritage.
Article écrit avec la collaboration de Sébastien Pierroz