Nord de l’Ontario : des centaines de messages sur X vantent le passage de Pierre Poilievre
Le NPD estime que le Parti conservateur doit s’expliquer, après que des centaines de messages quasi identiques, vantant la visite de Pierre Poilievre dans le Nord de l’Ontario, soient apparus sur X au cours des derniers jours.
Des captures d’écrans d’internautes sur X (anciennement Twitter) soulevaient l’apparition de centaines de messages identiques de comptes créés en juillet 2024 et qui provenaient parfois d’autres pays comme la France et les États-Unis. ONFR a tenté de vérifier certains de ces messages, mais ils avaient disparu de la plateforme, tout comme des comptes reliés à ces gazouillis.
La majorité des messages, en anglais, affirmaient revenir tout juste d’un rassemblement de Pierre Poilievre à Kirkland Lake. Des gazouillis encensaient le message du chef conservateur, le qualifiant de « rafraîchissant » ou vantant l’atmosphère « électrisante ». Plusieurs des comptes robotiques se définissaient aussi comme « Nord-Ontariens » alors que certains profils montraient une localisation hors de l’Ontario, selon des captures d’écrans d’utilisateurs de X.
Le chef conservateur était de passage dans le Nord de l’Ontario lors d’une tournée de quelques jours la semaine précédente. Il a notamment tenu des rassemblements à Hearst, Sudbury, Elliot Lake ainsi qu’à Kirkland Lake, mercredi soir dernier. Cet événement s’est tenu au Heritage North Conference & Events Centre et, selon des images de médias locaux, autour d’une centaine de personnes étaient présentes à l’événement.
« Pierre Poilievre doit s’expliquer. Les conservateurs utilisent-ils des fermes de trolls étrangères pour créer un faux élan au Canada? », a questionné le député de Timmins-Baie James, Charlie Angus, dans un communiqué accusant les conservateurs.
« Incapable de générer un quelconque élan, il semble que Pierre Poilievre ait dû se tourner vers des fermes de trolls étrangères et des comptes bidon », accuse le représentant néo-démocrate.
En conférence de presse, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a demandé à ce qu’Élections Canada ouvre une enquête après « ces messages inquiétants sur les réseaux sociaux », afin de savoir notamment s’il s’agit d’ingérence étrangère. Il a aussi souligné qu’il écrirait une lettre à la juge Marie-Josée Hogue, de la Commission sur l’ingérence étrangère, pour qu’elle aborde cet événement.
Une « théorie du complot », selon les conservateurs
Le chef adjoint au Parti conservateur Luc Berthold a répondu que son chef, « partout où il passe, n’a pas besoin de robots pour attirer des foules ».
« C’est complètement ridicule. C’est une théorie du complot qui n’a pas sa place. Je peux vous dire que Pierre Poilievre est le chef qui répond actuellement le plus aux aspirations des Canadiens (…) Pierre Poilievre suffit amplement pour attirer les gens », a-t-il soutenu lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Dans un rapport de 2023 sur les cybermenaces contre le processus démocratique du Canada, le Centre canadien pour la cybersécurité affirmait que des campagnes d’influence par « des États étrangers représentent presque certainement une menace constante et persistante pour la population canadienne ».
« Des états étrangers utilisent des réseaux de zombies afin d’amplifier certains messages en ligne et d’acheminer du contenu aux électrices et électeurs ayant les mêmes opinions politiques, ce qui a pour effet d’accentuer les répercussions des chambres d’écho politiques et la polarisation politique avant des élections », est-il écrit dans ce rapport.
Le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections soutenait de son côté que l’utilisation des médias sociaux par des acteurs étatiques pour mener des campagnes de désinformation s’est intensifiée dans les dernières années
« Cette tendance se répercute probablement dans le contexte électoral, bien qu’il demeure difficile d’attribuer de telles activités à des acteurs étrangers », est-il noté dans des documents de ce groupe, présentés dans le rapport de la juge Hogue de la Commission sur l’ingérence étrangère.
Ce groupe de travail, créé en 2019, se compose de représentants du Service canadien du renseignement de sécurité, de la Gendarmerie royale du Canada, d’Affaires mondiales Canada et du Centre de la sécurité des télécommunications, l’agence canadienne de cyberespionnage.