La députée du NPD Niki Ashton a dépensé 17 600 $ en argent public à Noël pour un voyage en famille au Québec. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Justin Tang
La députée du NPD Niki Ashton a dépensé 17 600 $ en argent public pour un voyage en famille durant le temps des fêtes au Québec. Photo: La Presse canadienne /Justin Tang

OTTAWA – La députée du NPD Niki Ashton a dépensé 17 600 $ en argent public à Noël pour un voyage en famille au Québec où elle affirme avoir rencontré des organisations reliées à la défense du français au Canada. Elle a toutefois refusé à cinq reprises de nommer une seule organisation qu’elle aurait rencontrée.

L’élue manitobaine, porte-parole en Langues officielles pour le NPD, s’est fait rembourser 17 641,12 dollars pour un voyage à Montréal et à Québec pendant le temps des fêtes en 2022, a révélé CBC News jeudi. Les documents de la Chambre des communes indiquent que la représentante de Churchill-Keewatinook Aski dans le Nord manitobain a facturé aux contribuables canadiens ce montant pour un voyage entre le 21 décembre 2022 et le 4 janvier 2023.

Son mari et ses deux enfants ont fait le voyage avec la députée qui est partie de chez elle à Thompson au Manitoba pour aller à Ottawa avant d’aller à Québec le jour de Noël et à Montréal la veille du jour de l’an. Des photos sur les réseaux sociaux démontrent que la députée du NPD était dans les deux villes du Québec avec sa famille lors du temps des fêtes. Sur ce montant total, elle a reçu un remboursement de 13 619,90 $ pour le transport, 2 508,39 $ pour des frais d’hébergement et de 1 512,83 $ en repas.

Niki Ashton explique que cet argent public a été utilisé pour rencontrer des acteurs liés à la francophonie alors que s’entamait l’étude en comité du projet de loi C-13 (la modernisation de la Loi sur les langues officielles), où elle siège comme l’unique représentante néo-démocrate.

Elle explique avoir eu des rencontres avec plusieurs personnes et différents organismes qui sont impliqués « dans la question du français et de la francophonie en général » dans le cadre de « mon travail de porte-parole ». Or, questionnée par les journalistes, elle a refusé à cinq reprises de révéler l’identité d’une seule personne ou d’un seul organisme lié à la francophonie, qu’elle aurait rencontré.

« C’était important pour moi de pouvoir m’engager avec les gens, au centre francophone de notre pays à la ville de Québec sur la question de la protection de la langue française, sur la protection de la culture francophone et reconnaître le travail qui se fait dans ce domaine », a-t-elle offert comme explication lors d’une conférence de presse au Parlement jeudi.

Elle a plutôt insisté auprès des journalistes que ceux-ci posent des questions portant sur l’enjeu de sa conférence de presse qui portait sur la Palestine.

Le Quebec Community Groups Network, qui représente les anglophones du Québec et la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA), qui possède un bureau à Québec, ont chacun indiqué à ONFR qu’il n’avait pas rencontré Niki Ashton à ce moment-là.

Questionné à savoir si elle avait rencontré la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui milite pour la défense du français au Québec ou des acteurs du gouvernement du Québec, Niki Ashton n’a pas répondu. La critique en Langues officielles soutient avoir rencontré des acteurs du milieu culturel et municipal sans toutefois préciser leur identité.

Les règles ont été suivies, plaide Ashton

Les députés ont le droit de demander à un remboursement de leurs déplacements dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions parlementaires, mais pas pour des dépenses personnelles, est-il stipulé dans les règlements de la Chambre des communes. Les frais de voyage de la famille d’un membre du Parlement peuvent aussi être remboursés dans le but de rejoindre un député à sa résidence secondaire ou à un autre endroit où il exerce ses fonctions parlementaires. Niki Ashton explique qu’elle a dû rester à un hôtel lors de son séjour à Ottawa car une partie de la somme qui a été facturé aux contribuables était pour régler un problème de punaise de lit à sa résidence secondaire d’Ottawa.

La représentante néo-démocrate n’est que très rarement présente à la Chambre des communes, elle qui vit dans une circonscription étant difficile d’accès au niveau des voyages en avion. À titre d’exemple, elle ne s’est déplacée qu’à quatre reprises à Ottawa à l’automne dernier. L’élue franco-manitobaine estime que le fait que la Chambre des communes lui ait remboursé ses frais confirme qu’elle a respecté les règles.

« Les discussions faisaient partie de mon travail de porte-parole et la Chambre des communes l’ont reconnu et ils ont appliqué les règles qui s’appliquent à tout le monde », s’est-elle défendu, affirmant aussi avoir payé elle-même des coûts personnels qui n’étaient pas associés au travail pendant son séjour.

Elle indique que certains frais chargés étaient aussi pour son personnel.