Olivia Chow succède à John Tory à la tête de la plus grande ville du pays. Crédit image: Rudy Chabannes
Olivia Chow succède à John Tory à la tête de la plus grande ville du pays. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – Les sondages le prédisaient. L’ex-conseillère municipale et ancienne députée fédérale néo-démocrate Olivia Chow a remporté l’élection partielle de la Ville Reine mais avec une avance moins tranchée que prévu. Elle s’empare du fauteuil de maire, succédant à John Tory pour les trois prochaines années.

La mairesse élue (37 %) a devancé l’ex-conseillère municipale Ana Bailão (32 %) et l’ancien chef de la police de Toronto Mark Saunders (9 %), selon les résultats non officiels. Ses deux principaux rivaux étaient respectivement soutenus par le sortant John Tory et le premier ministre de l’Ontario Doug Ford.

Ces soutiens de poids n’auront pas suffi à faire la différence au cours d’une campagne menée dans les sondages de bout en bout par la veuve du défunt Jack Layton, chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes en 2011.

« On partage le même espoir : l’espoir d’une ville où on peut se loger. Ensemble, faisons de Toronto une ville plus vivable avec plus de logement abordable et des transports plus sécuritaires », a déclaré Mme Chow devant ses partisans. Elle a également salué ses proches adversaires avec qui elle a dit vouloir travailler.

Les partisans et volontaires ont célébré la victoire de leur candidate dans son quartier général de la rue Queen Ouest, lundi soir. Crédit image : Rudy Chabannes

« Doug Ford (premier ministre) et Steve Clarke (ministre des Affaires municipales et du Logement) m’ont appelée pour me dire qu’ils avaient hâte qu’on travaille ensemble », a-t-elle ajouté.

Tout au long de la campagne, l’enjeu du logement et du sans-abrisme a dominé les débats, les opposants à Mme Chow ne parvenant pas à refaire leur retard dans les coups de sonde. Mark Saunders et Ana Bailão ont régulièrement attaqué le programme de la favorite sans parvenir à la déstabiliser.

Logement, déficit et superpouvoirs

De grands chantiers attendent désormais la mairesse élue, à commencer par le logement. Elle a promis de construire 25 000 habitations à loyer contrôlé sur des terrains appartenant à la ville avec un minimum de 7 500 unités abordables, dont au moins 2 500 logements à loyer indexé sur le revenu.

Dans un contexte de déficit municipal qui dépasse le milliard de dollars, elle devra pour cela trouver des sources de financement qui passeront nécessairement, en partie par des hausses d’impôt. Elle disposera en outre de superpouvoirs accordés l’année dernière par la province aux maires des grandes villes, comme la capacité d’embaucher ou licencier des cadres supérieurs de la Ville.

Les résultats tombent. Olivia Chow savoure sa victoire, les bras levés. Crédit image : Sandra Padovani

C’est la première fois en 26 ans qu’une femme accède au fauteuil de maire, la troisième de l’histoire après June Rowlands et Barbara Hall. Selon les résultats non officiels, près de 40 % des électeurs ont glissé leur bulletin de vote dans l’urne, soit un taux de participation en très nette hausse comparé au scrutin d’octobre dernier (30 %).

Présents dans son quartier général sur la rue Queen Ouest, la cheffe de l’opposition officielle à Queen’s Park, Marit Stiles, et l’ancien candidat à la course à la mairie arrivé deuxième face John Tory, Gil Penalosa, ont été les premiers à saluer la victoire de Mme Chow.

Ana Bailão, Mark Saunders, Josh Matlow et Anthony Furey (ces deux derniers ayant chacun amassé 5% des votes) ont, tout à tour, reconnu leur défaite dans la foulée des résultats.

Doug Ford appelle à « la construction d’un Toronto fort »

Doug Ford a aussitôt félicité la mairesse élue pour sa victoire. « Comme je l’ai toujours dit, je travaillerai avec toute personne prête à travailler avec notre gouvernement pour améliorer notre ville et notre province », a déclaré le premier ministre. « Il n’y a rien que nous ne puissions réaliser lorsque nous travaillons ensemble. Ensemble, concentrons-nous sur la construction d’un Toronto fort pour les générations à venir. »

Malgré leurs divergences idéologiques, les deux politiciens devront trouver un terrain d’entente pour faire avancer des programmes structurants majeurs dont dépend la ville, à commencer par le logement et les transports.

La mairesse élue Olivia Chow a devancé l’ex-conseillère municipale Ana Bailão. Crédit image : Rudy Chabannes

La cheffe de l’opposition ontarienne, Marit Stiles, a qualifié cette victoire d’« incroyable ». « Elle rassemblera des gens de tous les coins de notre ville pour vraiment changer des vies. »

« Je sais que Mme Chow travaillera avec le conseil municipal et les autres gouvernement à rendre notre ville meilleure », a réagi pour sa part l’ancien maire John Tory.

Cette élection partielle faisait suite à la démission de ce dernier en février dernier, après une relation extraconjugale avec une de ses employées. La mairesse adjointe Jennifer McKelvie assurait l’intérim jusqu’ici.

Article écrit avec la collaboration de Sandra Padovani.

Article mis à jour le mardi 27 juin à 00h30.