Patrimoine religieux franco-ontarien : un dossier au point mort
OTTAWA – Les Franco-Ontariens sont toujours désarmés pour défendre leur patrimoine religieux. L’idée de mettre sur pied un comité pouvant assurer la pérennité des presbytères, des cimetières, et surtout des églises, bat de l’aile.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Bien que lancé en 2014 sous l’impulsion du Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO), le projet ne lève pas, et ce malgré l’idée, il y a quelque temps, d’entreprendre une étude de faisabilité.
« Ça n’a pas très bien avancé », fait part à #ONfr la directrice du RPFO, Soukaïna Boutiyeb. « Les raisons sont avant tout financières. Nous avons de la bonne volonté, et c’est un dossier que nous suivons. Mais notre budget est limité. »
Sur le terrain, les inquiétudes s’accumulent. Dernière en date : la démolition de la paroisse Sacré-Cœur de Sturgeon Falls à l’automne dernier. Une somme de 6 millions $ était alors nécessaire aux travaux de réparation de l’édifice centenaire.
« Si il y avait eu un conseil du patrimoine, comme c’est le cas au Québec, l’église n’aurait pas été démolie », assure l’archiviste en chef de l’Université d’Ottawa, Michel Prévost.
Une référence qui n’est pas anodine puisque la Belle Province bénéficie depuis 1995 d’un Conseil du patrimoine religieux capable de subvenir aux besoins du Clergé et des communautés locales pour financer les édifices. Selon lui, quelque cinq millions $ distribués au cours des dix dernières années par ce conseil en Outaouais auraient permis de sauver des églises.
En octobre 2013, l’église Saint-Charles-Borromée dans le secteur Vanier avait obtenu son salut grâce à une désignation de dernière minute en vertu sur la Loi ontarienne.
« Les fermetures entrainent souvent des démolitions », soutient M. Prévost. « Si on le chauffe plus un lieu de culte, si on ne l’entretient plus, on laisse le bâtiment se détériorer. »
L’historien enfonce même le clou : « Tout est fait en silence, et doucement. Si on détruisait toutes les églises en même temps, ça serait un véritable tôlée. »
Dispendieux
Du côté de la ministre déléguée aux Affaires francophones Madeleine Meilleur, les difficultés viennent surtout des ressources financières. « Écoutez, nous avons beaucoup de patrimoine à protéger. Si il y avait beaucoup d’argent, ça serait bien recommandé de protéger ce patrimoine, comme au Québec, mais comme l’argent est limité… Protéger le patrimoine, c’est important, mais aussi dispendieux. »
Interrogé sur le dossier par #ONfr, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Denis Vaillancourt, reconnaît que son organisme est peu sollicité à ce niveau. « Globalement, le patrimoine religieux intéresse l’AFO, mais ce sont les communautés qui prennent en charge souvent ces choses-là, même si on est toujours prêt à aider. On laisse le RPFO faire, mais si les gens nous disent que l’on peut jouer un rôle, nous verrons à ce moment-là. »