Pensionnats : l’Ontario promet la justice aux peuples autochtones

Le ministre des Affaires autochtones Greg Rickford. Crédit image: The Canadian Press / Adrian Wyld

KENORA – Le gouvernement a débloqué 10 millions de dollars sur trois ans pour identifier les lieux de sépultures d’enfants autochtones victimes du système de pensionnats. Cet investissement intervient après l’électrochoc de Kamloops et la découverte de plus de 200 corps d’enfants sur la propriété de l’ancien pensionnat de Colombie britannique.

L’objectif de cette aide est de contribuer à l’identification, à l’enquête, à la protection et à la commémoration des lieux de sépulture des pensionnats autochtones dans la province.

« On a cerné 12 sites en Ontario. Il y en a probablement plus. On a beaucoup de travail pour les examiner et on comprend que ça rouvre des plaies », a déclaré en conférence le ministre des Affaires autochtones, Greg Rickford, qui veut élaborer une feuille de route applicable à d’autres provinces.

« On va faire de la collecte d’information essentielle au travail des groupes autochtones pour retrouver ces lieux et les protéger », a-t-il précisé, qualifiant le système de pensionnats autochtones d’« un des événements les plus horribles de l’histoire canadienne ».

Du soutien en santé mentale

Il est aussi question de déployer des services en santé mentale auprès des survivants des pensionnats autochtones et de leurs familles. Entre 1870 et 1996, plus de 150 000 enfants autochtones ont été arrachés de force à leur famille et à leur communauté et envoyés dans des pensionnats autochtones. 18 de ces pensionnats administrés par l’Église fonctionnaient en Ontario.

Un leader autochtone a d’ailleurs regretté l’absence de représentants du Clergé lors de cet événement. « L’église doit faire des efforts, faire venir le pape au Canada pour présenter des excuses à toutes les Premières Nations », a réclamé Ogichidaa Francis Kavanaugh, du Grand Conseil du Traité N°3. « C’est un génocide culturel mais, pour moi, c’est aussi un génocide tout court. Les responsables de ces crimes sont moins humains que nous et doivent être tenus pour responsables de leurs crimes. »

Au cours de la conférence de presse, le premier ministre n’a pas manqué de souligner qu’il était du ressort du gouvernement fédéral d’agir sur la Réconciliation, mais « on ne peut pas attendre le fédéral. On a décidé d’agir. (…) Nos efforts feront partie de la Réconciliation », a souligné Doug Ford.

La Commission de vérité et de réconciliation a estimé qu’au moins 426 enfants ayant fréquenté les pensionnats autochtones en Ontario sont décédés, tandis qu’un nombre inconnu est toujours porté disparu. Les recherches de la Commission ont permis d’identifier 12 lieux de sépulture non marqués en Ontario mais il y a de fortes probabilités que d’autres existent. L’un de ces lieux a été découvert par une Franco-Ontarienne métisse, à Chapleau.

Une « goutte dans un seau » selon l’opposition

« Il y a beaucoup d’enfants dont nous ne savons pas où ils sont et dont on doit déterminer ce qui leur est arrivé », a réagi le député autochtone Sol Mamakwa qui a fait plier le gouvernement afin qu’il s’engage dans la voie d’un financement des fouilles de sépulture.

« Je sais que nous nous concentrons uniquement sur la commémoration, mais nous devons utiliser cette législation à notre disposition pour obtenir justice pour les familles et les communautés des enfants décédés », a ajouté l’élu de Kiiwetinoong, qualifiant l’enveloppe de 10 millions de « goutte dans un seau ».

Selon l’opposition officielle, « le gouvernement doit faire bien plus que des programmes et services qui perpétuent le colonialisme et l’oppression ».