Post-secondaire en français : des Américains et des Mexicains dans la mire

Des intervenants de l'ACUFC ont participé à une mission au Mexique au printemps. Ils y retourneront en octobre pour mener une mission de recrutement. Crédit photo: gracieuseté

TORONTO – Des étudiants mexicains et américains pourraient bien évoluer prochainement sur les campus d’institutions post-secondaires qui offrent des programmes de langue française un peu partout au pays. Des missions sont menées avec le but d’attirer ces nouvelles clientèles, qu’elles soient capables de s’exprimer en français ou non.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« En mars, notre délégation est allée dans la ville de Mexico. On a rencontré des dirigeants d’écoles. En octobre, nous y retournons en mode recrutement. Nous allons aller parler directement aux étudiants du Lycée franco-mexicain », confie Lyne Brouillette, directrice de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

Son organisation espère pouvoir convaincre quelques-uns des 3 000 étudiants de ce collège franco-mexicain de venir étudier dans l’une ou l’autre des 21 institutions post-secondaires offrant des programmes en français à l’extérieur du Québec. Au total, le réseau offre 1 100 programmes en français dans des établissements comme le Collège Glendon, à Toronto, l’Université d’Ottawa ou l’Université de Hearst.

« À l’international, nous visons deux clientèles. D’abord, les jeunes qui connaissent bien le français. Il y en a plus qu’on pense. Ensuite, ceux qui ont peu ou pas de connaissance du français, car plusieurs de nos établissements membres offrent des cours de langue française et des séjours linguistiques », explique Mme Brouillette.

Elle assure que l’objectif n’est pas d’inonder les campus francophones d’étudiants non-francophones. « La clientèle primaire a toujours été les francophones, mais il y a une clientèle pour les écoles d’immersion et nos membres sont bien placés pour développer leur bilinguisme », insiste-t-elle.

Des étudiants mexicains intéressés

Les étudiants mexicains et leurs parents tendent l’oreille lorsqu’on leur apprend qu’on peut étudier en français au Canada. « Les enfants qui veulent continuer leurs études en français aiment l’idée de venir au Canada. Les parents aussi peuvent nous préférer à l’Europe, car ils n’ont pas à payer en euros et ils peuvent communiquer plus facilement sans le décalage horaire », souligne la directrice de l’ACUFC. Elle ajoute qu’étudier en français, tout en évoluant dans un environnement majoritairement anglophone, est aussi considéré comme un plus pour ces étudiants qui veulent maîtriser le français et l’anglais.

L’internationalisation des campus profite à tous, insiste-t-elle. Les étudiants étrangers, mais aussi les étudiants du pays hôte, profitent de cet échange de cultures. Quant aux établissements scolaires, ils profitent financièrement de l’expérience, alors que les étudiants étrangers payent plus chers pour étudier ici que les étudiants de la province.

Crédit photo : gracieuseté

Les États-Unis après le Brésil

L’ACUFC sera aussi aux États-Unis au cours des prochains mois avec les mêmes objectifs de recrutement. « On est aux États-Unis à titre exploratoire. Nous serons à Lafayette et on explore les opportunités aussi du côté de la côte ouest américaine. Le français demeure prisé », affirme Annie Girard, responsable des activités de l’ACUFC à l’international.

Au cours des dernières années, l’ACUFC a courtisé un autre marché non-francophone : le Brésil.

« Nous l’avons exploré pendant quatre ans. Mais maintenant, les collèges et universités ont leurs entrées et chacun d’eux continue avec son propre plan stratégique », explique Mme Girard.

Elle admet qu’un travail gigantesque reste à accomplir pour faire connaître la francophonie hors-Québec. Mais une fois au pays, ces étudiants francophiles sont bien souvent conquis par leur expérience canadienne. « Plusieurs étudiants rêvent d’immigrer au Canada et les études peuvent constituer une bonne porte d’entrée », affirme-t-elle.

La mission au Mexique se déroulera au début du mois d’octobre. Si des retombées sont à prévoir au cours des prochaines années, l’ACUFC tente aussi d’avoir un argument de plus à proposer aux jeunes étudiants. « On est en pourparlers avec une organisation là-bas pour être en mesure d’offrir des bourses aux Mexicains qui viendront étudier ici », révèle Mme Brouillette.