Postsecondaire : l’offre de programmes en français au menu de la rentrée

Le campus de l'Université d'Ottawa. Archives ONFR+
L'Université d'Ottawa pourrait être l'une des nombreuses institutions de l'Ontario à se voir imposer un plafond sur son nombre d'étudiants. Archives ONFR+

Les étudiants francophones en Ontario veulent profiter de la rentrée scolaire pour plus que jamais hausser le ton sur le dossier des programmes offerts en français.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Un début d’année scolaire qui ne devrait pas passer sous silence le dossier phare du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) : le projet d’une université franco-ontarienne. « Nous allons avoir des actions à ce sujet durant l’automne », prévient la nouvelle coprésidente, Geneviève Borris, en entrevue à #ONfr.

Car pour l’organisme porte-parole des étudiants francophones en Ontario, les choses n’ont guère avancé depuis le 10 février, date à laquelle il demandait explicitement la mise en place d’une université franco-ontarienne pour 2018.

« Nous sommes très déçus de ne pas avoir reçu de réponse de la part de la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, et du ministre responsable de l’enseignement supérieur, Reza Moridi », soutient à cet égard, Mme Borris.

Sans dire non à une université franco-ontarienne, le parti au pouvoir continue de privilégier l’amélioration de l’offre de programmes d’études postsecondaires de langue française dans le centre et du sud-ouest de la province.

 

Sur les campus

Sur le terrain en revanche, l’inquiétude est en tout cas présente pour mieux étudier dans la langue de Molière. C’est le cas par exemple à l’Université Laurentienne où seulement moins de 20% des inscriptions s’effectuent dans un programme en français.

Malgré le caractère bilingue de l’Université Laurentienne, il demeure nécessaire de lutter pour la protection des programmes en français, selon Alex Tétreault, président de l’Association des étudiantes et étudiants francophones de l’Université Laurentienne (AEF).

Son organisation compte faire pression pour l’accroissement de l’offre académique en français, mais aussi pour une plus grande représentation des étudiants francophones à tous les niveaux de l’institution au cours de la prochaine année. « Il est nécessaire de promouvoir davantage la culture et la langue française », insiste-t-il.

La question de la bonification des programmes en français se pose également du côté de l’Université d’Ottawa, le second établissement du genre bilingue en Ontario. D’autant que l’institution peine toujours à voir sa proportion d’étudiants francophones repasser la barre des 30%.

L’année scolaire 2015-2016 pourrait enfin dévoiler la réponse du gouvernement à la demande de protection de l’université en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario (Loi 8).

Non considéré comme une université bilingue car dépendante de l’Université York, le collège universitaire Glendon tentera de son côté de valoriser son caractère francophone, au cours de la nouvelle année scolaire.

« J’aime l’idée du Principal d’offrir les services d’abord en français », affirme Myron Khan, président de l’Association Étudiante du Collège Glendon. « Mais la réalité est que la majorité des étudiants sont anglophones et plusieurs ont peur de parler français. Il faut les aider bâtir leur confiance », dit-il. Le jeune leader se fait toujours un devoir d’exiger que les documents de tous les groupes étudiants soient disponibles en français et en anglais.

 

Mobilisation

Toujours est-il que les grands projets ne se feront bas sans une base francophone étudiante solide. Et donc une mobilisation. C’est bien souvent un défi pour les associations.

Les étudiants qui arrivent par exemple à la Laurentienne doivent faire un choix déchirant : être représenté par l’association étudiante francophone ou encore l’association étudiante bilingue du campus. « Cette association, qui est dite bilingue, et l’AEF sont en compétition pour attirer les nouveaux arrivés. Habituellement, nous recrutons la moitié des 2 000 étudiants francophones qui étudient à la Laurentienne », révèle M. Tétreault. « Nous voulons que l’AEF obtienne une plus grande présence sur campus », dit-il.

Un son de cloche sensiblement identique du côté de Glendon. « Notre association ne doit pas seulement organiser des activités sociales, mais aussi faire davantage d’activisme étudiant. Nous voulons défendre plus les droits des étudiants, notamment sur la question des frais de scolarité », révèle M. Khan. Le président de l’association étudiante glendonoise compte aussi encourager le vote des élèves lors du scrutin fédéral du 19 octobre.

Les élections fédérales seront justement surveillées de près par les différentes associations étudiantes. « Il faut que nos membres interpellent nos candidats sur plusieurs sujets », résume la présidente du RÉFO.

L’association étudiante table pour cela sur quatre recommandations : un meilleur investissement du gouvernement fédéral dans le postsecondaire hors Québec, un appui financier plus important pour Radio-Canada, plus de solutions contre l’endettement étudiant, et un meilleur respect du bilinguisme.

À noter que la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) n’a jamais été en mesure de répondre favorablement à nos demandes d’entrevue.