Élections 2025

« Une victoire historique » pour la première femme députée de l’Est ontarien à la Chambre des communes

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Militante pendant plus de 20 ans pour l’élection de plus de femmes en politique, la nouvelle députée de Prescott-Russell-Cumberland, Giovanna Mingarelli, est passée de la parole aux actes lundi soir, en devant la première députée de l’Est ontarien à être élue à la Chambre des Communes.

« Hier soir, c’était vraiment une victoire historique non seulement pour moi, mais aussi pour toutes les femmes de notre région, » affirme-t-elle en entrevue à ONFR, au lendemain d’une victoire convaincante.

Giovanna Mingarelli a récolté 54,6 % des voix, contre son adversaire conservatrice Julie Séguin, qui en a récolté 40,4 %. Le comté se maintient ainsi au rouge pour une quatrième fois consécutive.

Jamais Prescott-Russell-Cumberland (auparavant Glengarry-Prescott-Russell) n’avait élu une femme à Ottawa depuis sa création, en 1953. Elle a aussi été « la première employée », souligne-t-elle fièrement, de de l’organisme Equal Voice, une organisation nationale non-partisane travaillant pour l’élection d’un plus grand nombre de femmes dans la politique canadienne.

Native de Rockland, la nouvelle député a milité pour les jeunes libéraux dès son adolescence, avant de travailler sous l’ancien premier ministre Paul Martin au début des années 2000. Par la suite, elle a œuvré dans le privé à titre d’entrepreneure dans le monde de la technologie, ce qui l’a menée à New York et en Angleterre. Elle a par la suite vécu aux États-Unis pendant sept ans, alors que son mari était diplomate canadien à Seattle et à San Francisco.

Giovanna Mingarelli estime que son expérience et sa capacité à travailler avec les différentes couleurs politiques via Equal Voice pourront lui permettre d’aider le gouvernement Carney en ce temps de crise commerciale.

« C’est un bon temps, parce que j’ai beaucoup d’expérience canado-américaine. C’est très important pour notre pays et j’ai des contacts pour l’Ouest des États-Unis (…) Toute mon expérience mise ensemble va me permettre de faire un bon travail comme députée à Prescott-Russell-Cumberland », plaide-t-elle.

C’est d’ailleurs cet enjeu, « Les tarifs de Donald Trump pour tout le monde et (aussi) les industries », qu’elle mentionne sans hésiter comme celui qui aura occupé les discussions aux milliers de portes auxquelles elle a cogné, de Rockland à Hawkesbury, en passant par Casselman.

Elle donne l’exemple de l’un des plus gros employeurs de la région, l’usine Ivaco Rolling Mills, à l’Orignal, frappée par les tarifs douaniers américains de 25 % sur l’acier et l’aluminium canadien.

En mars, l’entreprise annonçait mettre à pied temporairement une centaine de travailleurs en réponse à la guerre commerciale entre les deux voisins nord-américains. La gestion de l’offre pour les agriculteurs de l’Est ontarien est un autre enjeu clé pour ces fermiers qui « ont peur des tarifs et de perdre leur ferme », avance-t-elle. Durant la campagne, le chef libéral Mark Carney a assuré que la gestion de l’offre ne serait pas à la table des négociations entre les deux pays.

Nouvelle venue en politique

Elle succède ainsi au député Francis Drouin, qui avait décidé de ne pas se représenter. Elle avait été acclamée lors de l’investiture sans opposition en janvier, au moment où « ce n’était pas très populaire », rappelle-t-elle. Justin Trudeau venait de démissionner, Mark Carney lançait tout juste sa campagne à la chefferie et les libéraux se dirigeaient vers une déconfiture historique face aux conservateurs, autant au niveau national que dans Prescott-Russell-Cumberland.

Francis Drouin Crédit image: Stéphane Bédard
Francis Drouin avait annoncé l’été dernier qu’il se retirerait de la politique fédérale. Crédit image : Stéphane Bédard

« Je me suis dit ‘je vais le faire même si ce n’est pas le meilleur moment pour les libéraux’ et finalement on a gagné. C’était la bonne décision. Je me suis présentée pour les bonnes raisons », plaide-t-elle quelques mois plus tard.

Représentant la seule circonscription fédérale majoritairement francophone dans la province, celle qui est parfaitement bilingue assure que « protéger la francophonie et la langue française » fait partie de l’une de ses nombreuses priorités pour la région.

« Je veux aller à Ottawa, rencontrer mes collègues, présenter toute mon expérience au gouvernement de Mark Carney et montrer comment je peux aider », présente-elle comme l’une de ses premières tâches dans les prochaines semaines.