La dernière grève de la Commission des transports de Toronto (CTT) remonte à 2008, soit 16 ans plus tôt. Photo : ONFR/Sandra Padovani

TORONTO – Ce sont près de 12 000 employés de la Commission des transports de Toronto (CTT) qui pourraient se mettre en grève dans la nuit de ce jeudi à vendredi, juste après minuit. Cela impliquerait une paralysie totale du réseau dont plus de 2,5 millions d’usagers dépendent chaque jour. Les négociations pour une nouvelle convention collective sont en cours et le verdict sera connu dans la soirée.

Le porte-parole média de la CTT Stuart Green s’est voulu confiant à 24 heures de l’échéance fixée par le syndicat : « Pour l’instant, les deux camps sont toujours à la table. Il y a de bonnes raisons de croire que nous parviendrons à un accord avant la date limite », s’est voulu confiant mercredi soir Stuart Green, le porte-parole média de la CTT.

« Il n’y aurait pas de service du tout, ce serait un arrêt complet », a-t-il tout de même averti.

Un arrêt des services de transport d’envergure qui pourrait affecter jusqu’à 2,5 millions d’usagers en moyenne par jour de semaine, dans la région du Grand Toronto.

Avec l’expiration de la convention collective des employés, dès le 1er avril 2024, s’en sont suivies des revendications salariales.

Comme nous l’a confirmé The Amalgamated Transit Union (ATU) Local 113, le syndicat qui représente les travailleurs de la CTT, les demandes ont trait à des augmentations de salaire sur plusieurs années, la sécurité d’emploi (dispositions dans le contrat garantissant que les emplois ne seront pas sous-traités), protection transfrontalière entre les différentes agences de transport en commun, améliorations des avantages sociaux et des conditions de travail.

« Nous ne pouvons pas divulguer de chiffres concernant les prétentions salariales pour le moment », a ajouté le syndicat, avant de préciser que la décision de lancer la grève effective et totale, ou non, en cas d’accord, sera communiquée dès ce jeudi soir.

En conférence de presse ce matin, Marvin Alfred, le président de ATU Local 113, a été catégorique sur leur position actuelle : « Le transit s’arrêtera demain sans aucune action de la part de la CTT. Nous implorons toutes les parties prenantes, la Ville de Toronto, la province, d’apporter les ressources nécessaires à la table. »

« Vous voulez renverser la grève? Alors faites quelque chose. Nos positions sont établies et claires (…) Nous ne resterons pas silencieux là-dessus, nous nous battrons et serons reconnus comme des partenaires égaux à la table. Sans cela, le transport en commun ne bougera pas », a-t-il conclu.

Droit de grève des employés de la CTT rétabli en 2023

La dernière grève date du 26 avril 2008, soit 16 années auparavant, occasionnant une suspension totale des services pendant 48h.

Cette potentielle grève serait la première depuis que le syndicat peut à nouveau légalement exercer son droit de grève. En mai 2023, un juge de la Cour supérieure de l’Ontario avait statué que la législation du gouvernement provincial interdisant aux travailleurs de la CTT de faire grève violait la Charte canadienne des droits et libertés.

En mai 2024 cette fois, la Cour d’appel de l’Ontario, dans une décision majoritaire, a de nouveau confirmé leur droit de grève, dans le cadre d’un appel lancé par le gouvernement Ford pour tenter de sauver la législation interdisant à tous les employés de la CTT de s’engager dans quelconque forme de grève. Législation qui a été jugée inconstitutionnelle et contraire à la liberté d’association garantie par la Charte.

La seule exception de service maintenu concernerait vendredi le transport pour personnes à mobilité réduite : « Nous reconnaissons l’importance du service Wheel-Trans pour les usagers, y compris pour se rendre à des soins médicaux, et par conséquent, par acte de bonne foi, nos membres continueront d’exploiter l’intégralité de Wheel-Trans », avait communiqué ATU Local 113.