Culture

Prix de la musique de la capitale : Twin Flames, De Flore et Mia Kelly parmi les gagnants

Mia Kelly et son père Randy Kelly avec les deux prix remportés aux Prix de la musique de la capitale. Photo: Rachel Crustin / ONFR

OTTAWA – Les Prix de la musique de la capitale se sont déroulés jeudi soir au Southam Hall, la plus grande salle du Centre national des arts (CNA). L’événement de la Coalition de l’industrie musicale d’Ottawa (CIMO) a couronné les duos Twin Flames et De Flore ainsi que la gatinoise Mia Kelly. 

C’est Twin Flames qui a remporté le titre de Groupe de l’année. Le duo est composé de Chelsey June, artiste bilingue originaire de la région d’Ottawa-Gatineau, et de Jaaji, originaire du Nunavik. Ce dernier a d’abord remercié la foule en inuktitut. 

Rencontrée par ONFR après la cérémonie, Chelsey June a raconté que sa rencontre avec Jaaji l’a fait tomber en amour non seulement avec l’homme, mais aussi avec la langue. « Il y a beaucoup de communautés qui sont en train de perdre leur langue. Et maintenant, ils utilisent des chansons que mon mari écrit pour essayer d’aider les jeunes à réapprendre leur langue. C’est très spécial. »

Le duo folk-autochtone Twin Flames a remporté le titre de Groupe de l’année aux Prix de la musique de la capitale. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ensemble depuis une dizaine d’années, le couple élève six enfants issus d’unions précédentes. « Il y a beaucoup de sacrifices qui viennent avec ce métier, raconte-t-elle. On est très chanceux. Nos ex sont super. On a toujours eu beaucoup de soutien quand on partait en tournée. Et mes parents, ma grand-mère… c’était un effort familial. » 

Si la reconnaissance des Prix de la musique de la capitale lui fait sentir qu’ils vont dans la bonne direction malgré les sacrifices, c’est l’approbation de sa fille de 18 ans qui l’a le plus touchée, alors qu’elle lui a affirmé : « Tu m’as prouvé que si j’ai un rêve, n’importe quel rêve, je peux l’atteindre. »

Twin Flames était également nommé dans la catégorie Album de l’année pour Hugging the Cactus. Le prix a été attribué au duo Double Experience pour Undefeated

Un feu roulant pour Mia Kelly

De retour du Royaume-Uni, Mia Kelly sortait à peine de l’avion lorsqu’elle a assisté aux Prix de la musique dans la capitale, pour lesquels elle était nommée quatre fois. Ce sont finalement deux trophées qui lui ont été remis, meilleur vidéoclip pour la chanson Si j’étais franche et Chanson primée pour Bonefish Boys. Les deux pièces sont tirées de l’album bilingue To Be Clear, sorti en octobre dernier.  

Mia Kelly a remporté deux prix sur quatre nominations aux Prix de la musique de la capitale. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Au micro d’ONFR, la jeune artiste s’est dite reconnaissante de faire partie de la communauté musicale d’Ottawa-Gatineau. « C’est tellement une belle communauté et c’est cette communauté-ci qui m’a fait grandir et vue grandir depuis mes 15 ans, depuis que je suis impliquée dans l’industrie. Il y a tellement d’amis ici, ce soir. C’est vraiment le fun de célébrer et de se faire célébrer. »

Le gala donnait effectivement à la fois l’impression d’une cérémonie prestigieuse et d’un grand rassemblement familial, les spectateurs n’hésitant pas à interpeller les gens sur scène en leur criant des salutations ou des félicitations. 

Mia Kelly a également témoigné de la relation privilégiée qu’elle entretient avec son père, le réalisateur Randy Kelly. Ce dernier est monté sur scène avec elle puisqu’il a réalisé le vidéoclip de Si j’étais franche

Randy et Mia Kelly au moment de recevoir le prix du Vidéoclip de l’année pour Si j’étais franche. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’agenda de Mia Kelly continue de se remplir, avec d’autres tournées prévues au Canada et à l’international. Elle travaille également sur son prochain album, qu’on pourrait entendre en 2026.

De leur côté, les Franco-Ontariens Sarah-Anne Lacombe et Mathieu Gauthier, alias De Flore, ont gagné le prix de Meilleurs productions et arrangements pour la chanson Encore un peu. Également en couple dans la vie, le duo d’Ottawa a lancé le EP Slow Motion Baby en avril 2024, après avoir dévoilé des chansons au compte-goutte dans les dernières années. 

« On a pris notre temps. Et des fois, prendre son temps, c’est bon. Ça fait du bien, a déclaré Sarah-Anne Lacombe sur scène. Merci à tout le monde qui encourage la musique locale. Vive la musique! Vive le beau! »

De courts messages militants

Les différents segments de la cérémonie se sont enchaînés d’eux-mêmes, guidés discrètement par une animation bilingue de la part du Franco-Ontarien Yao. Le slameur a également offert la dernière prestation de la soirée, avec la chanson Effet Placebo

L’autrice-compositrice-interprète canado-libanaise Jana Salameh a pour sa part mélangé l’arabe et le français, offrant un extrait de la chanson Emmenez-moi de Charles Aznavour. 

Les titres de catégories ont aussi été présentés dans les deux langues, comme toutes les communications de la CIMO. Quelques intervenants se sont adressés à la foule en français, dont le maire Mark Sutcliffe, la directrice générale de la CIMO Mélanie Brûlé, la conseillère municipale Stéphanie Plante, le producteur associé du CNA Xavier Forget et Sophie Moreau-Parent (nom de scène : Sophie D’Orléans), qui représentait l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). La plupart des gens qui sont montés sur scène ne se sont toutefois exprimés qu’en anglais, autant dans les présentations de prix que dans les remerciements. 

L’animation a été confiée au Franco-Ontarien Yao. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Jana Salameh a offert une performance en arabe et en français. Photo : Rachel Crustin / ONFR

La directrice générale de la CIMO, Mélanie Brûlé. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Alanna Sterling a arboré un chandail au slogan Trans rights are human rights. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Sophie Moreau-Parent et Stéphanie Plante ont présenté la catégorie Meilleurs productions et arrangements, remportée par De Flore. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’équipe du Club Saw, récipiendaire du prix de la Salle de concert de l’année, s’est présentée avec un drapeau de la Palestine lors de leurs remerciements. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Quelques-uns en ont profité pour lancer des messages rapides. Deux personnes ont déclaré « Free Palestine » (Libérez la Palestine) dans leurs discours et une autre a annoncé le score du match qui se déroulait au même moment pour la Charge d’Ottawa, dans la Ligue professionnelle de hockey féminin. 

L’artiste non-binaire Alanna Sterling, récipiendaire des prix Auteur-compositeur et Artiste solo de l’année, a dévoilé son chandail « Trans rights are human rights » (Les droits trans sont les droits humains) pendant sa performance. Son premier prix a été dédié aux personnes neurodivergentes, et son deuxième à la communauté LGBTQ+. 

D’autres francophones récoltaient des nominations, comme Akeem Oh, Jean-Marc Lalonde (Hey Wow) et Sophie Bernier, la directrice de la programmation du Festival franco-ontarien. 

Pour la première fois, la CIMO organise la Semaine musicale de la capitale autour de ses Prix de la musique de la capitale. Différentes activités comme des vitrines, des événements de réseautages et des sommets s’adressant majoritairement à l’industrie musicale locale se déroulent jusqu’à dimanche. Les participants ont pu entre autres assister au forum Canada After Dark avec le commissaire de la vie nocture d’Ottawa, Mathieu Grondin, et plusieurs autres intervenants. Les artistes peuvent aussi participer au Sommet sonore, une journée de développement professionnel qui aura lieu samedi.

La semaine prochaine, ce sera au tour de l’industrie musicale francophone de l’Ontario et de l’Ouest canadien de se réunir à Ottawa. Le gala des prix Trille Or se déroulera au Studio Azrieli du CNA, précédé par deux autres soirées de remises de prix dans la capitale.