Publicité fédérale : légère hausse dans les médias communautaires anglophones
OTTAWA – Malgré la baisse générale de la publicité fédérale en 2016-2017, les médias des communautés de langue officielle en situation minoritaire ont enregistré une légère hausse qui a surtout profité aux radios et journaux de langue anglaise.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
En 2015-2016, les médias des communautés de langue officielle en situation minoritaire s’étaient partagé 460 065 $ de revenus publicitaires du gouvernement fédéral. Cette année, l’enveloppe a connu une hausse de presque 10 %, pour atteindre 505 642 $.
Mais selon les données obtenues par #ONfr, ce ne sont pas les médias de langue française qui ont obtenu la grosse part de cette légère augmentation. En 2016-2017, ces derniers ont obtenu 306 434 $, contre 300 356 $ l’année précédente. Les médias de langue anglaise en contexte minoritaire ont vu leurs revenus gagner près de 40 000 $.
Le ministère se défend de toute inégalité, précisant que la légère hausse du budget pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire s’explique surtout « par la suspension partielle des activités de publicité du gouvernement à l’occasion de l’élection générale de 2015 ainsi que les dépenses consacrées à la vaste campagne de promotion nécessaire au recensement de 2016 ».
« Le gouvernement du Canada s’assure notamment, dans ses campagnes de publicité, de rejoindre équitablement les deux communautés linguistiques en situation minoritaire en tenant compte de plusieurs facteurs dont la dispersion de ces communautés au pays et les divers médias qui les rejoignent », explique un porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada, dans un échange de courriels.
Investissements trop faibles
Le directeur général de l’Alliance des radios communautaires (ARC) du Canada, François Coté, estime que les médias anglophones et francophones en situation minoritaire sont tous dans le même bateau.
« Mais nous sommes tous touchés par la baisse de revenu publicitaire du fédéral! »
Car même en légère progression, l’enveloppe consacrée aux médias des communautés de langue officielle en situation minoritaire reste bien loin des belles années, rappelle le président de l’Association de la presse francophone (APF).
« Il y a effectivement certaines variations ici et là, mais le portrait global demeure le même et tout aussi décevant. Les montants investis en publicité demeurent bien en deçà de qu’ils étaient et tous les médias communautaires en situation minoritaire continuent d’écoper. »
Une stratégie à revoir
Autre tendance, le gouvernement semble désormais privilégier la presse écrite au détriment de la radio pour rejoindre les communautés francophones en contexte minoritaire.
En 2016-2017, sur les 306 434 $ consacrés à ces médias, 181 128 $ sont allés à l’imprimé et 125 307 $ à la radio. Un an auparavant, la radio avait capté 66 % du budget alloué par le gouvernement fédéral aux médias francophones minoritaires.
« Le vrai problème, comme nous le disons depuis longtemps, c’est surtout que le gouvernement priorise les médias sociaux au détriment des médias traditionnels. Ce n’est pourtant pas le meilleur moyen pour rejoindre nos communautés pourtant, car l’accès à internet y est encore difficile. La preuve : nos cotes d’écoute ne diminuent pas », remarque M. Coté.
Ce dernier constate qu’aux États-Unis, le choix de passer par les médias sociaux pour diffuser de la publicité est progressivement en train de s’inverser.
« Ironiquement d’ailleurs, nous avons reçu, après la campagne nationale pour le recensement, un message du gouvernement pour nous dire à quel point ils étaient contents de comment celle-ci s’était déroulée et du taux de participation, tout ça en passant par les médias traditionnels. »
Récemment, la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, défendait encore la stratégie du gouvernement en matière de publicité.
« On essaie d’utiliser les outils qui rejoignent le plus de gens possible et ces diffuseurs-là [les géants du Web Google et Facebook] font partie des outils, mais c’est aussi important de travailler avec nos distributeurs, nos médias locaux pour transmettre l’information aux gens. »