Quand la ferveur de la Coupe d’Afrique traverse l’Atlantique

Le Sénégalais Alioune Dramé, le Camerounais Mouchili Youchaou et le Burkinabè Valence Nebie. Montage ONFR+

Le dernier carré de la Coupe d’Afrique des nations, en soccer, qui se déroule en ce moment même au Cameroun, est désormais connu. Sur les quatre équipes rescapées qui ont pu atteindre ce niveau de la compétition, trois sont francophones. ONFR+ est parti à la rencontre de leurs ressortissants en Ontario, et ce à quelques heures du coup d’envoi de la première demi-finale qui opposera le Sénégal au Burkina Faso. La ferveur est pour le moins palpable.

Les spécialistes accordent tous leurs violons pour dire que l’actuelle Coupe d’Afrique des nations (CAN) est exceptionnelle à plus d’un titre, sur le plan sportif du moins! Initialement prévue en 2021, elle a été reportée à 2022 pour cause de la COVID-19 et a failli être annulée à cause d’Omicron et de la réticence des clubs européens dans lesquels évoluent la plupart des joueurs qui y participent.  

Le pays organisateur a tenu bon, et le plus important événement sportif du continent africain a bien eu lieu avec, jusque-là, une qualité de jeu et un degré de compétitivité très élevés. Résultat, des demi-finales alléchantes : Sénégal-Burkina Faso ce mercredi et Cameroun-Égypte, jeudi. Des affiches qui sont sur toutes les lèvres ici, en Ontario, à 10 000 kilomètres de l’épicentre de la coupe.  

Mouchili Youchaou, président de la Communauté camerounaise de la région Ottawa/Gatineau. Gracieuseté

« Depuis le début de cette CAN, l’ambiance ici parmi la communauté camerounaise est à l’effervescence. On ne parle que de ça. Le Cameroun est un pays multiethnique où il existe beaucoup de différences, mais là, la CAN a réussi à unir tout le monde derrière nos lions indomptables. Tout le monde parle le même discours. Tout le monde est regroupé autour de cet objectif noble, gagner la demi-finale puis la finale », rapporte Mouchili Youchaou, président de la Communauté camerounaise de la région Ottawa/Gatineau (COCACO).

La première levée des restrictions tombe à point nommé

« Effervescence et unité », deux mots qui reviennent souvent aussi du côté burkinabé représenté par Valence Nebie, secrétaire général adjoint de l’Association des Burkinabés d’Ottawa et de l’Outaouais (ABOO).  

« Électrique! C’est chaud. D’un océan à l’autre, les ressortissants du Burkina Faso au Canada sont mobilisés comme une seule personne. Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour constater cette effervescence. On attend impatiemment l’heure du match, mais il va falloir un calmant pour le cœur pendant la partie », plaisante-t-il.  

Deuxième point commun entre ces passionnés du ballon rond, la récente levée partielle des mesures restrictives en Ontario, laquelle, depuis le 31 janvier dernier, autorise les regroupements en intérieur jusqu’à dix personnes. 

Valence Nebie, secrétaire général adjoint de l’Association des Burkinabés d’Ottawa et de l’Outaouais. Gracieuseté 

« L’allégement des restrictions est une très bonne nouvelle. On va pouvoir se rassembler pour vibrer ensemble lors de cette demi-finale. Ça sera un moment de communion et d’extase. Cependant, on ne va pas dépasser le nombre de personnes autorisées parce qu’on est très à cheval sur les mesures sanitaires », se réjouit Mouchili Youchaou.

« Cette année est notre année »

Toutefois, les convergences s’arrêtent là, car toutes les personnes rencontrées croient dur comme fer que la coupe serait la leur parce que leur équipe est la meilleure.

« C’est vrai qu’on n’a jamais remporté la Coupe d’Afrique malgré le fait qu’on s’y est qualifié 16 fois et qu’on a été finaliste à deux reprises, mais cette malédiction est sur le point d’être brisée. Cette année est notre année, le Sénégal va entrer dans l’histoire. À condition que notre entraîneur laisse s’exprimer les grandes qualités individuelles et la fougue de nos jeunes joueurs », prédit Alioune Dramé, résident torontois d’origine sénégalaise.

Pour la petite histoire, comme il y en a un paquet dans cette CAN, c’est ce sélectionneur en question, Aliou Cissé, qui a privé, en 2002 alors qu’il était joueur, les Lions de la Teranga du sacre africain en ratant un penalty.  

Alioune Dramé, résident torontois d’origine sénégalaise. Gracieuseté

Quant au pronostic, Alioune Dramé avance un score de 2-1 en faveur du Sénégal pour la première demi-finale. Une prévision loin d’être partagée par le Burkinabè, Valence Nebie qui tacle : « On va manger du Tchep (l’un des principaux plats sénégalais) ce mercredi. »

Quoi qu’il en soit, au vu de la qualité des quatre sélections toujours en lice, elles ont toutes leur chance de se qualifier à la finale avant d’espérer se hisser sur le toit de l’Afrique. Les matchs s’annoncent donc très disputés. Néanmoins, il ne doit en rester qu’un.