Québec veut un « point tournant » avec les francophones en contexte minoritaire

La ministre québécoise responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel. Archives ONFR+

TORONTO – Le gouvernement québécois veut dynamiser sa relation avec les francophones en contexte minoritaire. La ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel, fixe ce « point tournant » dès cette année, avec la tenue du Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes.

Annulé l’an passé, l’événement aura lieu cette fois sous forme virtuelle du 12 au 17 juin, a confirmé la ministre en marge d’un événement organisé ce lundi par le Club canadien de Toronto.

« La base du prochain sommet sera de se parler », a illustré Mme LeBel. « Les détails seront dévoilés au mois d’avril. »

Le gouvernement caquiste veut profiter de l’événement pour revoir sa politique en matière de francophonie canadienne. Il s’agirait alors d’une troisième mouture après celles de 1995 et 2006 de sa politique édictant les relations entre le Québec et les communautés francophones et acadienne en contexte minoritaire en l’amenant « un pas plus loin », selon les mots de la ministre. « Je la veux plus concrète dans nos actions. »

Le journaliste d’ONFR+, Rudy Chabannes, et Sonia LeBel, lors de l’entrevue organisée par le Club canadien de Toronto ce lundi. Capture écran ONFR+

Après un discours d’un quart d’heure, Mme LeBel a répondu aux questions de notre journaliste Rudy Chabannes. Le temps de préciser sa vision des relations entre les Québécois et les autres francophones.

« Le Québec est une francophonie parmi d’autres », a d’ores et déjà lancé la représentante du premier ministre québécois, François Legault, avant de justifier que le Sommet de juin « ne sera pas un début, mais une concrétisation ».

« Ce n’est pas l’implication, mais la publicité qui manque », a mis en valeur la ministre, revenant sur plusieurs initiatives déjà en branle dans l’éducation. « Je peux vous donner l’exemple quand je suis allée au Yukon, j’ai rencontré les gens d’une garderie en français. Elle avait eu une collaboration avec le Québec pour avoir des outils pour la formation des éducateurs. C’est ce genre d’appuis, de formations en éducation qu’on voudrait développer pour offrir des appuis aux enseignants à travers le Canada. »

Au chapitre de « la francophonie économique », Mme LeBel a laissé entendre mettre les bouchées doubles pour un nouveau partenariat avec les communautés francophones. « Depuis 2010, les bureaux de Québec à l’exétrieur de notre province possèdent des agents économiques. On peut aller plus loin pour créer des partenariats et du réseautage, pour aider par exemple la Fédération des gens d’affaires de l’Ontario nouvellement lancée par la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney. »

« Faire attention »

Questionnée par Rudy Chabannes sur sa méthode, Mme LeBel a confié jouer parfois sur du velours. « Il y a un souci de faire attention. Il faut intervenir avec délicatesse. On n’aimerait pas que les autres provinces nous disent quoi faire, mais il faut être néanmoins vocal, que ce soit par des rencontres, des déclarations publiques, ou bien des motions. »

Mme LeBel cite à cet égard son intervention à l’Assemblée nationale du Québec à l’automne 2018 en pleine crise linguistique, après que le gouvernement ontarien eut décidé de supprimer le poste de commissaire aux services en français et d’annuler le projet d’une université franco-ontarienne.

La ministre québécoise Sonia LeBel. Gracieuseté : gouvernement du Québec

Sur l’intervention possiblement prudente du Québec en raison des revendications de sa propre minorité anglophone, Mme LeBel a reconnu « une question d’équilibre » à trouver. « La minorité anglophone au Québec fait partie d’une majorité au Canada, mais la seule langue officielle qui est vulnérable, c’est le français. »

Sur le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles dont les contours ont été dévoilés le mois dernier, Mme LeBel a fait part de sa satisfaction à voir dans le document initial « l’écriture que la langue française est en situation minoritaire à l’échelle pancanadienne ».

En revanche, la ministre se montre moins tendre sur l’attente de cette modernisation. « L’agenda politique et législatif du gouvernement fédéral (sur les langues officielles), ça fait longtemps en toute candeur que j’ai renoncé à essayer de le comprendre. »

Réchauffement des relations

Depuis le Référendum de 1995, les relations entre le Québec et les francophones en contexte minoritaire ont alterné les moments de rapprochement et des bas.

Un premier réchauffement avait été entamé en 2003 après le retour au pouvoir des libéraux au Québec et en Ontario. Sous l’impulsion de Benoît Pelletier, alors ministre québécois responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne, des initiatives étaient alors mises en place telles que le Centre de la francophonie des Amériques, ou encore la mise sur pied du Conseil de la fédération.

Après la parenthèse « péquiste » du gouvernement de Pauline Marois entre 2012 et 2014, un nouveau réchauffement des relations allait se mettre en place, d’abord sous l’impulsion du gouvernement de Philippe Couillard, puis celui de François Legault.