Rapport Harrison : des options « irrecevables » et un « biais significatif » selon l’UOF
TORONTO – Quelques jours après l’Université de Hearst, c’est au tour de l’Université de l’Ontario français (UOF) de sortir du silence concernant le rapport Harrison sur la viabilité financière du postsecondaire. Dans une lettre adressée directement au président du comité, le recteur Pierre Ouellette exprime sa déception et son incompréhension devant les conclusions du rapport, lequel aurait, selon lui, un biais significatif envers l’UOF.
« Le rapport fait preuve d’une profonde incompréhension et d’un biais significatif contre l’Université de l’Ontario français (UOF) », peut-on lire dans la lettre envoyée mercredi, en fin d’après-midi.
Après avoir remercié le groupe d’experts, le recteur Ouellette revient sur les éléments du rapport qui, selon lui, serait à charge contre son établissement. Parmi ceux-ci, une phrase du rapport revient sur le contexte entourant la création de l’établissement torontois : « La nécessité d’un tel établissement n’avait pas fait l’unanimité. »
« À la lecture de ce passage, on est apte à se demander pourquoi le rapport introduit ainsi toute la section portant sur le système d’éducation postsecondaire en français », réagit ainsi M. Ouellette.
Il tient également à souligner « quelques informations erronées, lesquelles auraient dû être rectifiées par le groupe d’experts et son secrétariat avant la publication du rapport », telles que le nombre d’inscriptions étudiantes, au moment de la sortie du rapport, sous-évalué par le comité, de 226 à 29.
Il rappelle, en outre, que l’UOF a vu le jour durant la pandémie et que la moitié des étudiants sont d’origine canadienne et non minoritaire, comme cela est estimé dans le rapport.
Et d’ajouter : « Il serait tout à fait normal et raisonnable d’accorder le temps à l’Université de l’Ontario français de prendre son envol, d’autant plus qu’elle vient de voir le jour. »
Retirer la partie sur l’enseignement en français
Tout comme le recteur de l’Université de Hearst, M. Ouellette souligne une mauvaise analyse du contexte minoritaire et refuse les propositions du comité d’experts : « Les trois options que vous proposez sont irrecevables. »
Selon lui, « les propositions mal fondées et partiales du rapport risquent de faire du tort aux acquis de la minorité francophone de l’Ontario ».
Le recteur va jusqu’à demander ouvertement au président de refaire son analyse : « Monsieur le président, je vous demande de retirer la section portant sur le système d’éducation en français de votre rapport, ou au moins de rectifier les faits erronés publiés dans cette section. Ce manque d’objectivité plombe la crédibilité du rapport. »
Le recteur de l’UOF revient aussi sur le fait que le seul membre francophone du comité de sept experts n’a pas appuyé les propositions, comme le mentionne une des annexes du rapport.
Un réseau des universités de l’Ontario français
Le recteur Ouellette, qui n’a pas manqué de noter la « dissidence » du seul francophone du comité vis-à-vis de la gouvernance « par et pour », en profite pour remettre sur la table une option partagée avec l’Université de Hearst, deux ans plus tôt, soit celle de la création d’un réseau des universités de l’Ontario français.
« Ce qu’il faut retenir de la portion de votre rapport sur l’offre de programmes en français, c’est un appel à une plus grande collaboration », écrit-il.
Et de continuer : « La création de ce réseau permettrait de partager des cours et des programmes, de faciliter la mobilité étudiante et de partager certains services offerts à la population étudiante et aux professeures et professeurs, ainsi que d’offrir des appuis administratifs partagés. À ce stade-ci, la proposition est toujours sur la table. »
La copie de la lettre est aussi adressée à Jill Dunlop, ministre des Collèges et Universités, Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du trésor, David Wai, sous-ministre des Collèges et Universités et Roda Muse, sous-ministre des Affaires francophones.