Recensement 2021 : le Nord se dépeuple, l’Est progresse
Première d’une série de sept publications qui vont s’étaler tout au long de 2022, les premiers résultats du recensement de 2021 sont tombés ce mercredi avec leurs lots de confirmations, mais aussi de surprises. ONFR+ s’est focalisé sur les zones placées sous la Loi des services en français ou qui abritent une importante communauté francophone, car 80 % des francophones de l’Ontario vivent dans ces zones désignées.
« La population croissante du Canada et où elle habite », c’est le thème du premier jet relatif aux résultats du recensement 2021. Ce premier rapport porte bien son nom dans la mesure où il offre des informations précieuses et détaillées à l’échelle régionale.
Ainsi, les régions placées sous la Loi des services en français (LSF) ou qui comptent une importante communauté francophone suivent, dans leur majorité, la tendance à la hausse de la population nationale.
Sudbury se taille la part du lion
C’est Sudbury qui, parmi les 27 régions désignées, a connu le plus important taux de croissance de sa population. En effet, entre 2016 (année du précédent recensement) et 2021, le taux de croissance de la population du Grand Sudbury est de 2,8% contre 1 % entre 2011 et 2016, soit presque trois fois plus.
Toutefois, des villes comme London, Hamilton et Windsor ne sont pas en reste. Pour la première, entre les deux recensements, le taux de croissance démographique est passé de 4,1 % à 6 %. Idem pour Windsor où ce taux est passé de 2,6 % à 6 %.
L’Est de la province connaît un regain démographique dans plusieurs localités, à l’image de Casselman (+11,6 %), St-Isidore (10,8 %), Prescott et Russell (+7,1 %), Alfred et Plantagenet (+2,8 %), Cornwall (+2,7 %) ou encore La Nation (+4,2 %).
Plusieurs villes du Nord dans le rouge
Cependant, une des tendances qui ressortent de ce rapport réside dans le fait que le nord de l’Ontario se dépeuple indéniablement et les régions placées sous la LSF et/ou à connotation francophone n’échappent pas à la règle.
De ce pas, Hearst perd 5,4% de sa population entre les deux recensements. Même chose pour Kapuskasing qui en perd 2,8 % ou encore Smooth Rock Falls qui en perd presque 10 %. Pour rappel, cette ville est majoritairement francophone. Les chiffres sont également dans le rouge pour Moonbeam (-6 %), Iroquois Falls (-2,6 %) ou encore Timmins qui a vu sa population baisser d’1,5 % par rapport au dernier recensement de 2016.
À l’échelle de la province, de 2016 à 2021, la population a crû de 5,8 % pour atteindre 14 223 942 personnes, à un rythme plus rapide que celui du Canada dans son ensemble, une première depuis le recensement de 2006.
Les grands centres urbains sont les principaux foyers d’attraction, selon Laurent Martel de Statistique Canada. « Il y a eu deux phénomènes dans les grands centres urbains », analyse le démographe. « Premièrement, dans les cinq dernières années, il y a eu une densification qui se concentre au cœur des centres-villes. Au même moment, les banlieues, à 30 minutes des grands centres, ont aussi connu de fortes croissances démographiques. »
Ceci écrit, il ne faut pas tomber dans le piège du raccourci hatif comme le rappelle Jacob Legault-Leclair, statisticien et doctorant à l’Université de Waterloo au département de Sociology and Legal Studies :
« En statistiques, il est déconseillé de prêter les caractéristiques du groupe à un individu. Ce n’est pas parce que la population d’une ville qui est placée sous la LSF a augmenté ou baissé que cela veut dire forcément que la population francophone y a augmenté ou baissé. Il est donc difficile de tirer des conclusions sur les francophones de la province en se basant sur ces premières données. Il faut attendre le mois d’août. »
Effectivement, c’est bien en août que Statistique Canada publiera les résultats du recensement qui traitent des variables linguistiques.
Un catalyseur nommé immigration
L’accélération de la croissance démographique en Ontario est en grande partie attribuable à des niveaux plus élevés d’immigration enregistrés avant la pandémie. L’Ontario a accueilli près de deux fois plus d’immigrants permanents et temporaires de 2016 à 2021 par rapport au cycle de recensement quinquennal précédent.
Cependant la pandémie de COVID-19 aurait atténué cette tendance dans les deux dernières années. « Il y a eu une très grande baisse en 2020, à son plus bas depuis la Première Guerre mondiale », observe M. Martel. « C’est dur de dire si ça aurait été différent sans la pandémie, mais en suivant la tendance des années précédentes, soit de 2016 à 2019, la population aurait beaucoup augmenté. On voyait une très forte hausse tout juste avant la pandémie. »