Recours aux cliniques privées pour les interventions de routine de type cataracte. Source: Canva

TORONTO – La vice-première ministre et ministre de la Santé, Sylvia Jones, a présenté ce mardi le projet de loi visant à réduire les délais d’attente pour les interventions chirurgicales avec, entre autres, le recours aux cliniques privées. L’opposition officielle craint une gestion capitaliste d’entreprise dans les soins plus guidée par le profit que la santé.

Ce projet de loi concrétise l’annonce du gouvernement d’il y a quelques semaines concernant les mesures d’accroissement des capacités des cliniques privées pour les interventions de routine de type cataracte, genoux ou hanches aux plus longs délais d’attente et accessibles grâce à la carte de santé.

Mme Jones prévoit un certain nombre de garde-fous, notamment sur l’assurance de la qualité des soins contrôlée par plusieurs organismes experts chargés d’inspecter ces centres privés avec également la supervision de l’ombudsman des patients de l’Ontario pour le signalement des plaintes de patients.

Le projet inclut également le programme De plein droit permettant aux travailleurs en santé, déjà inscrits ou titulaires d’un permis, d’exercer immédiatement en Ontario sans devoir attendre leur inscription officielle auprès des ordres de réglementation des professionnels de la santé de l’Ontario.

Vers un creusement des inégalités en santé?

Les porte-paroles de l’opposition Guy Bourgouin, aux affaires Francophones et France Gélinas, à la santé, de même que l’Ordre des médecins craignent un exode massif du personnel médical déjà en pénurie vers les cliniques privées aux conditions salariales plus favorables.

Marit Stiles, cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) a déploré quant à elle le manque de respect envers les infirmières et le personnel médical, sommant le gouvernement de changer cette politique de coupe des salaires.  

Le projet de loi aborde l’aspect de la régulation du personnel en santé des cliniques avec une mention sur l’exigence de présenter un modèle de dotation détaillé et de donner une description de la manière dont les partenaires de santé ont été consultés.

« Les travailleurs en santé devront aussi justifier leur déplacement en clinique selon la nécessité de leurs services », a expliqué la ministre Jones.

Sylvia Jones, ministre de la Santé de l’Ontario. Crédit image : Jackson Ho

Cette orientation vers le privé inquiète également en ce qui concerne l’impact sur les frais de santé malgré l’annonce de la prise en charge par la carte de Santé de ces interventions en cliniques privées, par le gouvernement de l’Ontario.

« Je crains que l’argent du contribuable ne parte dans les poches des corporations américaines avides de s’implanter en Ontario » – France Gélinas

« Je crains que l’argent du contribuable ne parte dans les poches des corporations américaines avides de s’implanter en Ontario qui n’auront aucune imputabilité, aucune exigence de transparence sur le fait qu’il n’y ait pas de barrières aux soins à condition que le contribuable ne prenne des services additionnels non couverts par l’assurance maladie », s’inquiète la députée de Nickel Belt, France Gélinas.

Malgré la précision du projet de loi sur le fait qu’aucun centre ne pourra refuser de servir une personne si elle ne choisit pas les options améliorées ni charger des frais additionnels pour prodiguer des services plus rapidement, Mme Gélinas dénonce des frais cachés supplémentaires déjà en vigueur et une politique du meilleur soin au plus offrant.

« Les cliniques ophtalmologiques par exemple demandent actuellement une seconde mesure de l’œil qui n’est pas médicalement nécessaire et qui n’est pas couverte si on veut le RDV dans les quatre à huit prochaines semaines », illustre l’élue néo-démocrate. « On doit alors s’acquitter d’une somme de 300 $ supplémentaires ou attendre plus de 18 mois. »