Remaniement de Doug Ford : « Peut-être une frustration sur certains dossiers »

Le premier ministre, Doug Ford. Archives ONFR+

TORONTO – Quatre mois après son assermentation, Doug Ford procède déjà à un premier remaniement ministériel. Un jeu de chaises musicales au sein du cabinet consécutif à la démission surprise, vendredi dernier, du ministre du Développement économique, de la Création d’emploi et du Commerce, Jim Wilson.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

C’est par une déclaration écrite que le premier ministre Ford a fait part des changements, lundi matin. C’est Todd Smith, député de la Baie de Quinte, qui reçoit la pleine responsabilité du poste laissé vacant par M. Wilson. Il restera par ailleurs leader parlementaire du gouvernement.

Le nouveau ministre du Développement économique, de la Création d’emploi et du Commerce, Todd Smith. Archives #ONfr

« On percevait peut-être une frustration sur certains dossiers », analyse la politologue de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier. « Durant sa campagne au printemps, Doug Ford avait beaucoup promis en matière d’économie. On voit que la province ne fait encore pas mieux que les autres. »

Et de poursuivre : « Il y a beaucoup de novices au sein du caucus, et les débats sont acrimonieux à Queen’s Park. M. Ford voit certainement en M. Smith quelqu’un d’expérience pour mener les dossiers. »

Ce départ de Todd Smith de son poste de ministre des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs ouvre donc la voie au député de Bruce—Grey—Owen Sound, Bill Walker, qui prend sa succession.

Sylvia Jones, députée de Dufferin—Caledon, est nommée ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, en remplacement de Michael Tibollo, qui lui prend le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport. Les deux élus « échangent » donc leur poste.

La nouvelle ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, Sylvia Jones. Source : Facebook

Le député de Renfrew—Nipissing—Pembroke, John Yakabuski, jusque-là ministre des Transports, est nommé ministre des Richesses naturelles et des Forêts. Le portefeuille des Transports est maintenant assuré par Jeff Yurek, député d’Elgin—Middlesex—London. Encore là, les deux ministres permutent leur poste.

« M. Ford avait beaucoup d’attentes dans le dossier des transports », croit Mme Tellier.  « On voit que depuis son élection, il y a peu d’initiatives dans ce secteur, à la différence de celui de l’environnement. Cela explique peut-être que M. Yakabuski ait été rétrogradé. »

Jeff Yurek, nouveau ministre des Transports. Source : Facebook

Pour autant d’après la politologue, le fait de rétrograder ne veut pas dire se couper de la confiance d’un ministre. « On voit que c’est aussi la manière dont le premier ministre, Justin Trudeau, procède au fédéral. Il n’a jamais renvoyé personne. »

Quatre mois seulement

« Après quatre mois au cours desquels notre gouvernement a pris des mesures sans précédent, nous réévaluons les attributions des portefeuilles ministériels afin de nous assurer de continuer à respecter nos engagements envers la population », a fait part Doug Ford, par voie de communiqué. « Nous disposons de la meilleure équipe sur la scène politique actuelle et d’un plan qui fonctionne. »

À titre de comparaison, Kathleen Wynne, nommée première ministre de l’Ontario en janvier 2013, avait effectué son premier remaniement ministériel un an et deux mois après sa prise de fonction. Son prédécesseur Dalton McGuinty avait lui attendu un an et huit mois.

« C’est vrai que c’est plutôt rare », analyse Mme Tellier. « Normalement, on laisse aux ministres le temps de faire leur preuve. Ce qui est aussi étonnant, c’est que ce remaniement arrive en pleine législature, ce qui semble démontrer que M. Ford n’est peut-être pas content du déroulement des dossiers. »

Caroline Mulroney épargnée

Ce remaniement ne touche donc pas les poids lourds du gouvernement, à l’instar de Christine Elliott, Vic Fedeli ou encore Lisa MacLeod.

La procureure générale et ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, est également épargnée.


Les 21 ministres du gouvernement de Doug Ford après le remaniement

  • Peter Bethlenfalvy – président du Conseil du Trésor
  • Raymond Cho – ministre des Services aux aînés et de l’Accessibilité
  • Steve Clark – ministre des Affaires municipales et du Logement
  • Christine Elliott – ministre de la Santé et des Soins de longue durée, et vice-première ministre
  • Victor Fedeli – ministre des Finances et président du Conseil des ministres
  • Doug Ford – premier ministre et ministre des Affaires intergouvernementales
  • Merrilee Fullerton – ministre de la Formation et des Collèges et Universités
  • Ernie Hardeman – ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales
  • Sylvia Jones – ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels
  • Lisa MacLeod – ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, et ministre déléguée à la Condition féminine
  • Monte McNaughton – ministre de l’Infrastructure
  • Caroline Mulroney – procureure générale et ministre déléguée aux Affaires francophones
  • Rod Phillips – ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs
  • Greg Rickford – ministre de l’Énergie, du Développement du Nord et des Mines, et ministre des Affaires autochtones
  • Laurie Scott – ministre du Travail
  • Todd Smith – ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce
  • Michael Tibollo – ministre du Tourisme, de la Culture et du Sport
  • Lisa Thompson – ministre de l’Éducation
  • Bill Walker – ministre des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs, et leader parlementaire du gouvernement
  • John Yakabuski – ministre des Richesses naturelles et des Forêts
  • Jeff Yurek – ministre des Transports