
Rentrée parlementaire : quelle place pour la francophonie dans un gouvernement économique?

OTTAWA – Après plus de six mois, c’est le retour des travaux parlementaires à Ottawa, mais avec un profil légèrement différent : un gouvernement similaire, mais un nouveau chef à bord, Mark Carney, et une nouvelle préoccupation centrale : l’économie. Cette dominante économique peut s’allier avec la francophonie canadienne, soutiennent les organisations francophones du pays.
Élu avec un mandat de la population canadienne, l’ex-banquier a souvent mentionné la nécessité d’une transformation économique lors de la campagne électorale. Ce message a été réitéré à ses 38 ministres par le biais d’une lettre de mandat singulière, les enjoignant à œuvrer sur sept priorités essentielles. Celles-ci incluent l’abolition des obstacles commerciaux interprovinciaux, ainsi que l’accent sur l’édification de nouvelles infrastructures et initiatives économiques nationales.
« Le nouveau gouvernement du Canada a donc l’immense responsabilité de relever ces défis de front, en mettant l’accent sur de nouvelles stratégies et en les mettant en œuvre avec détermination », affirmait Mark Carney à la conclusion d’une première retraite de son cabinet, la semaine dernière.
Selon la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), des dossiers qu’elles poussent comme l’augmentation de la cible en immigration francophone ou encore les investissements en éducation francophone sont des éléments qui viennent « toucher ou contribuer au dossier économique ».
« L’immigration, les pénuries de main-d’œuvre, la formation tout au long de la vie… Ça vient tout travailler à bâtir une économie solide qui est forte », soutient sa présidente Liane Roy.
Pour le Réseau de développement de la francophonie économique et d’employabilité au Canada (RDÉE), la francophonie minoritaire peut y trouver son compte dans une nouvelle approche gouvernementale axée sur l’économie.
« Quand on réussit à améliorer l’économie de la francophonie, nécessairement, on a un impact positif sur l’économie canadienne », lance Yan Plante, le président et directeur général de l’organisme représentant les entreprises en milieu minoritaire.
« Quand on a une vision globale de l’économie et qu’on met l’économie en priorité pour le pays, poursuit ce dernier, ça veut dire que toutes les sphères de la société peuvent contribuer dans ce grand casse-tête de l’économie canadienne. Chacun amène son morceau et de l’eau au moulin. »
L’opportunité de « cette crise existentielle » avec les États-Unis doit pousser le Canada à explorer des marchés francophones comme en Afrique, réclament les deux organisations.

« On a plein d’entreprises qui peuvent faire affaire sur les cinq continents, qui parlent les deux langues », vante Mme Roy.
« Notre défi est de montrer comment on (les entreprises francophones) peut s’inscrire là-dedans et comment on peut apporter des solutions au gouvernement pour atteindre leurs objectifs », renchérit M. Plante.
La fin des barrières commerciales entre les provinces, comme le mentionne Mark Carney, est aussi vue d’un bon œil par la RDÉE Canada. Par exemple, dans l’industrie du camionnage, des règles allant sur le poids de la marchandise aux heures de conduites permises divergent d’une province à l’autre, ce qui met des bâtons dans les roues des entreprises, note Yan Plante.
« Il y a des situations où une même entreprise qui a des bureaux dans plusieurs provinces ne pourra pas toujours envoyer ses employés d’une province à l’autre parce que les ordres professionnels ne vont pas accepter qu’un employé aille travailler d’une province à l’autre, ajoute-t-il comme exemple. Pourtant, c’est le même employeur et la personne a eu son diplôme au Canada et elle ne peut pas aller travailler sur un projet similaire . »
Parmi les autres visées en ce nouveau gouvernement fédéral, la FCFA espère voir la nomination d’un nouveau commissaire aux langues officielles en plus de l’adoption de la réglementation restante dans la Loi sur les langues officielles.
Le roi Charles III sera en visite lundi et mardi dans la région de la capitale nationale pour livrer le discours du Trrône du gouvernement de Mark Carney. La session parlementaire sera toutefois de courte durée, prenant fin le 20 juin.