Rentrée scolaire : le gouvernement ontarien abat ses cartes
TORONTO – Retour en présentiel, apprentissage à distance optionnel, cohorte, vaccination… On connaît désormais les intentions de la province en matière de rentrée scolaire.
Les élèves des paliers élémentaire et secondaire de la province retourneront en classe en septembre pour suivre leurs cours en personne, tous les jours et pendant toute la durée de la journée de classe, soit cinq heures d’enseignement, apprend-on dans un document destiné aux conseils scolaires et rendu public ce mardi par le ministère de l’Éducation ontarien.
L’apprentissage à distance demeurera toutefois une option laissée au choix des élèves et des parents.
Les élèves des écoles élémentaires, de la maternelle à la 8e année devront rester dans la même cohorte avec le même enseignant durant toute la journée ou être placés dans des petits groupes avec des élèves d’autres cohortes. Ils pourront utiliser des espaces communs à condition de porter un masque et de respecter la distance physique.
Cette règle dans les espaces communs est la même pour les écoles secondaires. Mais dans ces établissements, les élèves ne devront pas suivre plus de deux cours en même temps par semaine et les conseils scolaires pourront mettre en place un modèle de semaine alternée ou de semestre modifié.
Les périodes de déplacement des élèves seront échelonnées et des parcours de circulation avec repères visuels seront créés pour limiter les rassemblements dans les couloirs.
Des protocoles de sécurité relativement similaires
Le personnel et les élèves seront soumis à un autodépistage quotidien avant d’aller à l’école. En cas de symptômes, il ne faudra en aucun se rendre à l’école et suivre les directives de santé publique.
Les élèves de la 1re à la 12e année seront tenus de porter un masque non médical à l’intérieur de l’école, y compris dans les couloirs, les salles de classe et les autobus scolaires où les places assises seront attribuées. Ils pourront être temporairement retirés à l’intérieur en cas d’activité physique et de lunch, en maintenant une distance minimale de deux mètres.
Des masques non médicaux à trois épaisseurs seront mis à la disposition des élèves par les écoles, si nécessaire.
Le personnel scolaire et les visiteurs sont tenus de porter des masques médicaux à l’intérieur de l’école. Ces masques sont fournis par les conseils scolaires, de même que le désinfectant pour les mains.
Ventilation et santé mentale prioritaires
Dans sa directive, le ministère demande aux conseils scolaires de se focaliser sur la santé mentale et le bien-être des élèves, tout en soulignant l’importance d’évaluer les points forts et les besoins des élèves pour les aider à acquérir les connaissances de base avant d’aborder de nouveaux contenus.
Alors que les enseignants n’ont cessé de répéter au cours des derniers mois que les systèmes de ventilations n’étaient toujours pas aux normes dans certaines régions, le ministère martèle que la ventilation et la filtration restent essentielles dans la lutte contre la propagation de la COVID-19. « Il s’agit-là d’un élément clé des multiples stratégies de protection » indique la directive qui reporte la responsabilité sur les conseils scolaires en leur demandant de faire inspecter leurs installations et de procéder à un changement régulier de filtres « de haute qualité ».
Concernant la santé mentale, avancée comme une dimension importante, le document reste assez flou. Elle devra faire l’objet d’une planification des conseils scolaires, incluant un volet virtuel si nécessaire, en collaboration avec les organismes de services de santé mentale.
« 40 enfants dans une classe est un risque », alerte l’opposition
La réaction de l’opposition officielle n’a pas tardé. Dans un communiqué, la chef du NPD Andrea Horwath et la porte-parole en matière d’éducation Marit Stiles ont accusé de concert Doug Ford de refuser d’investir dans la sécurité des élèves et du personnel. « Remettre 40 enfants dans une classe est un risque » ont averti les néo-démocrates.
« Doug Ford supprime 800 millions de dollars dans les écoles pour cette année scolaire », tempête Mme Horwath par voie de communiqué. « Il autorise à nouveau les salles de classe bondées. Il ne prend aucune nouvelle mesure pour faire vacciner les enfants ou les aider à récupérer, sur le plan scolaire ou émotionnel. Les dés sont jetés avec le bien-être de nos enfants. »
Et de déplorer l’absence d’investissement massif dans les petites classes, les congés de maladie payés ou encore le soutien en santé mentale, dans un plan risqué arrivant avec plusieurs mois de retard.
« Très très sécuritaires » affirme le Dr Moore
En conférence de presse, le médecin-hygiéniste en chef de la province, Kieran Moore, a affirmé qu’il « ne voyait pas les écoles être fermées durant l’automne, l’hiver ou le printemps. »
« On va faire notre maximum pour garder les écoles ouvertes et ça va prendre une approche sur plusieurs fronts avec le masque, le lavage des mains, les tests de dépistage, le traçage et une amélioration dans la vaccination », a-t-il déclaré.
« Toutes ces mesures vont garder nos écoles en sécurité. Je ne vois pas les écoles, collèges ou universités fermés en Ontario. Il faut normaliser la COVID-19 pour nos écoles en ayant une approche qui est prudente et qui réalise aussi que l’on va avoir une hausse des cas, mais où l’on va tout faire pour freiner la propagation du virus. »
Le Dr Moore a signifié que si le niveau de vaccination est élevé et que la transmission communautaire est à un faible niveau, les bureaux de santé auraient la liberté d’enlever l’obligation de porter le masque. Pour l’instant, il veut garder le masque surtout pour les premières semaines de la rentrée, en raison du variant Delta.
« Les écoles vont rester très très sécuritaires », souligne-t-il. « On va commencer tranquillement et s’ils (les bureaux de santé) ne voient pas de transmission communautaire, soit 10 cas par 100 000 habitants en moyenne par semaine, le risque dans les écoles sera au minimum et en parlant avec les conseils scolaires, les parents, les élèves et les professeurs, ils pourraient prendre la décision d’enlever l’obligation de porter le masque. »
Article écrit avec la collaboration de Pascal Vachon.