Retour en images : ONFR visite le Festival fransaskois
PIKE LAKE – Le 41e festival fransaskois s’est tenu la fin de semaine dernière au parc provincial de Pike Lake, en Saskatchewan. ONFR était sur place pour discuter avec la communauté francophone de cette province des prairies.
Si 1,2 % de la population saskatchewanaise déclare le français comme première langue parlée, ici, « tout le monde parle français », nous lance un homme à l’entrée du terrain réservé pour le Festival fransaskois, dans le parc provincial de Pike Lake.
L’événement donne l’impression d’un rassemblement de famille. C’est d’ailleurs ce que nous mentionnent spontanément les personnes interrogées. La fransaskoisie étant dispersée à travers la province, le Festival fransaskois est le prétexte par excellence pour se retrouver au même endroit une fois par année.
Certains viennent aussi du Manitoba, de l’Ontario, du Québec ou des Maritimes pour renouer avec leurs cousins, de sang ou de coeur.
C’est le cas du musicien Michel Lalonde. Membre du groupe la Raquette à claquettes, en tête d’affiche du festival, et mieux connu en Ontario pour l’époque Garolou, il est établi à l’Île-du-Prince-Édouard depuis quelques années. Il profite de l’occasion pour monter sur scène, mais aussi pour voir sa fille, ses petites-filles et ses amis.
« Je me suis occupé de la programmation du festival pendant quelques années. Je le regarde maintenant d’un œil plus distant, mais c’est le fun d’être là comme participant et comme musicien », explique-t-il au micro d’ONFR.
De la relève
Même si le festival a connu des années plus achalandées, Michel Lalonde est optimiste. « Quand je regarde la communauté, ce qui m’encourage, c’est qu’on voit beaucoup de nouveaux visages et de jeunes familles. Je sens une espèce de relent, alors que certaines années ont été plus difficiles. »
Parmi ces nouveaux visages, il y a ceux des curieux qui viennent simplement vivre une expérience fransaskoise. C’est le cas de Joanne Lussier-Demers et Marc Demers. Le couple venu de Winnipeg avait l’habitude d’assister au festival Terre Ferme, organisé par la famille Campagne, qui s’est terminé l’an dernier. « On connaît déjà plusieurs des artistes, comme Andrina Turenne ou Fire & Smoke, du Manitoba, et bien sûr, la famille Campagne. »
De son côté, Samblo Marseille vit pleinement sa nouvelle identité fransaskoise. Arrivé à Saskatoon au mois de mars, il s’est senti particulièrement accueilli dans la communauté. C’est aussi ce qu’a vécu Sylvie Clairefond, il y a près de trois ans. Ces deux Français d’origine s’impliquent activement parmi les bénévoles de l’événement.
Une grande partie de la relève de la communauté fransaskoise est aussi formée de ses enfants, nombreux à accompagner leurs parents jusqu’à tard en soirée. La disco silencieuse, menée par Shawn Jobin, les a particulièrement fait danser.
Pour tous les âges
De la zone jeunesse en journée aux feux de camp pour les couche-tard, le Festival fransaskois tente de rejoindre l’ensemble de sa communauté. La soirée du samedi était la plus remplie au niveau musical. Marie-Véronique Bourque s’est produite en fin d’après-midi, suivi plus tard par Flora Luna. Nommée par Francopresse comme l’une des dix personnalités influentes de la francophonie canadienne, Alexis Normand a touché le public avec ses chansons qui traitent d’insécurité linguistique de façon intime.
Le duo C’est ma cousine, composé de Sylvie Walker et Liz Tkachuk, a fait rire la foule avec ses « invités prestigieux, » c’est-à-dire d’autres artistes fransaskois venus personnifier de grands noms de la chanson. On a ainsi pu voir Isabelle Mercier en Isabelle Boulay ou Anique Granger en Neil Young.
Andrina Turenne et le duo de Claire Morrison et Daniel Péloquin-Hopfner, Fire & Smoke, ont poursuivi la soirée avant l’arrivée du clou du spectacle, le groupe fransaskois la Raquette à claquettes.
Un effort d’inclusion
Plusieurs personnes rencontrées souhaitent que la communauté fransaskoise continue d’être plus inclusive et diversifiée. Parmi les partenaires sur place, on retrouvait entre autres le Réseau en immigration francophone, l’Association des parents fransaskois. Il y a aussi l’Association jeunesse fransaskoise, qui a créé l’événement il y a 41 éditions et qui s’implique toujours dans une partie de la programmation.
L’organisme En toute fierté était aussi sur place. L’initiative de Denis Rouleau, avec l’Assemblée communautaire fransaskoise, souhaite accompagner la communauté LGBTQ+ francophone de la Saskatchewan. La soirée du samedi s’est terminée avec un petit spectacle d’art de la drag, mettant en vedette le drag king Ford Ranjer.
Mais c’est l’activité du dimanche qui a été particulièrement touchante. La religion catholique prend encore une grande place dans la communauté francophone de la Saskatchewan et la messe du dimanche qui s’est fait sur le site du festival a été officiée par le père Daniel Louh de la paroisse Saints-Martyrs-Canadiens. Juste avant, deux membres de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Régina, Roger Lepage et Francine Proulx-Kenzle, se sont adressés à l’assemblée pour partager leur expérience en tant que parents de membres de la communauté LGBTQ+.
Ils ont monté une conférence intitulée « L’accueil de la communauté LGBTQ+ au sein de l’église » afin d’ouvrir le dialogue auprès des fidèles, particulièrement attentifs à leur présentation. Alors que leurs enfants ne se sentaient pas acceptés au sein de l’Église, ils ont choisi d’agir en alliés et parcourent la province avec cette présentation. Ils ont même indiqué avoir reçu des demandes pour la présenter en anglais.
Mission accomplie
La présidente du Conseil culturel fransaskois (CCF), qui organise le Festival fransaskois, s’est dite satisfaite de cette 41e édition. Anne Brochu Lambert s’est entretenue avec ONFR ce dimanche.
« Les gens avaient l’air contents de leur expérience. C’est ce qui est important. C’est à eux et elles de devenir des ambassadeurs pour les prochaines éditions. »
Celle qui s’implique au CCF depuis 10 ans explique que le nombre de billets vendus était satisfaisant avant même que le festival débute, selon les attentes de l’organisme pour cette année.
Anne Brochu Lambert conclut : « On va se donner le temps de laisser la poussière retomber et, comme chaque année, on aura une conversation sur le bilan. Moi, je trouve que c’est mission accomplie. Je nous souhaite du succès comme ça encore longtemps, et de la place pour grandir. »