Risque d’une grève générale lundi des travailleurs de l’éducation

Les négociations entre le gouvernement et le Syndicat canadien de la fonction publique s'embourbent. Le SCFP a déposé une demande grève qui risque d'avoir lieu le 21 novembre. Montage ONFR+

TORONTO – Le syndicat qui représente 55 000 travailleuses et travailleurs de l’éducation en Ontario a déposé un préavis de cinq jours pour reprendre la grève dès le 21 novembre.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a refusé l’offre du gouvernement et menace d’une grève générale lundi prochain, si les négociations ne reprennent pas équitablement. Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce répond que le gouvernement a fait une offre généreuse de 335 millions de dollars sur quatre ans pour les travailleurs les moins rémunérés.

Laura Walton, présidente du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO), a expliqué que cette augmentation représentait un dollar de l’heure. Selon le syndicat, c’est une réelle avancée, mais ce n’est toujours pas assez.

Le SCFP a déclaré que malgré « de nombreuses tentatives pour parvenir à un règlement librement négocié », les pourparlers avec le gouvernement provincial ont de nouveau échoué.

Le gouvernement et le syndicat seraient toujours dans le processus de négociation, mais en proclamant cette menace de grève, Laura Walton compte très certainement accélérer les négociations.

En point de presse à Toronto mercredi matin, la présidente a déclaré : « Mes 55 000 collègues de travail sont les bases de ce système, sans eux les écoles ne fonctionneraient pas, sans eux, les élèves n’apprendraient pas. » 

Pas une question d’argent, mais de services

« Je veux expliquer ce que l’offre du gouvernement contenait et ce qu’elle ne contenait pas », a-t-elle expliqué. « Ils ont offert à mes collègues une augmentation d’un dollar de l’heure pour les quatre ans de notre convention collective. Cela représente 1 633 $ par an. C’est environ 3,59 %. »

Pour le syndicat, ce n’est pas suffisant et ça ne rattrape pas les ingérences de la dernière décennie, là où le gouvernement « avait constamment la main dans nos poches ».

Laura Walton est la présidente du CSCSO. Elle était en conférence de presse ce mercredi matin à Toronto. Capture d’écran

« Je vous ai dit qu’il ne s’agissait pas seulement de salaires. Nous voulions des éducateurs de la petite enfance dans chaque classe de maternelle. Nous voulions que les éducateurs spécialisés soutiennent non seulement les élèves ayant des besoins spéciaux, mais aient le temps nécessaire pour le faire. »

Le syndicat de la fonction publique considère donc – en bout de ligne – que « le gouvernement semble ne pas tout comprendre et (…) que l’échec des négociations démontre que le gouvernement ne reconnaît pas la valeur des membres du syndicat ».

Enfin Laura Walton a déclaré : « Nous ne sommes pas cupides. Un dollar est un pas dans la bonne direction après une décennie de salaires stagnants. Un dollar est un pas dans la bonne direction après avoir vu nos revenus réels en dollars chuter de plus de 11 %. C’est un pas dans la bonne direction alors que tant d’entre nous vivent dans la pauvreté, ont un deuxième emploi et dépendent de la banque alimentaire. »

Le gouvernement se dit déçu

Suite aux déclarations du SCFP, le ministre de l’Éducation a déclaré : « Nous sommes déçus que quelques jours seulement après la reprise des pourparlers, le SCFP ait déposé un avis pour fermer à nouveau les salles de classe. Depuis la reprise des négociations, nous avons proposé plusieurs offres améliorées qui auraient ajouté des centaines de millions de dollars dans tout le secteur et en particulier pour les travailleurs à faible revenu. »

« Le SCFP a rejeté toutes nos offres », affirme M. Lecce.

Le gouvernement indique tout de même être à la table des négociations et prêts à conclure un accord. Cette fois-ci, le ministre a déclaré vouloir « investir davantage dans les travailleurs à faible revenu » en plus de maintenir les enfants en classe.

Le ministre de l’Éducation a aussi dit que cette menace de grève était injuste pour les enfants et non nécessaire. « Nous sommes vraiment déçus, surtout sachant que nous avons proposé une meilleure offre, ce n’est pas honnête pour les enfants et l’économie. »

Le ministre dit avoir réagi de bonne foi, en retirant le projet de loi contenant la clause dérogatoire, ce 14 novembre. En rencontre avec les médias à Queen’s Park, Stephen Lecce s’est dit dans l’incompréhension.

« Pourquoi en sommes-nous arrivés là aujourd’hui? Encore… franchement, c’est inacceptable. »