Santé mentale à l’école : « On va former nos équipes pour qu’elles soient aux aguets »

André Blais, directeur de l’éducation au Conseil scolaire catholique MonAvenir. Archives ONFR+
André Blais, directeur de l’éducation au Conseil scolaire catholique MonAvenir. Archives ONFR+

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

André Blais est le directeur de l’éducation au Conseil scolaire catholique MonAvenir, un réseau de 62 écoles de langue française dans le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario.

LE CONTEXTE :

Après l’Est ontarien la semaine dernière, élèves et enseignants du Centre-Sud-Ouest et du reste de la province ont fait leur retour en classe ce mardi.

L’ENJEU

Assurer des conditions d’apprentissage sécuritaires, capitaliser sur les outils technologiques et valoriser la santé mentale des élèves, tels sont les défis de cette rentrée scolaire.

« Le retard accumulé dans les apprentissages ces trois dernières années aura-t-il des conséquences sur la réussite des élèves?

Nous sommes toujours préoccupés lorsque les enfants ne baignent pas dans la culture en milieu minoritaire où la langue est à la base tout apprentissage. Mais il y a eu des investissements importants de la province dans le tutorat. Maintenant, ce qui nous intéresse, c’est de prendre chaque enfant là où il est et de faire en sorte de lui donner les clés nécessaires pour qu’il réussisse son année scolaire.

Après tout ce que les élèves ont enduré durant trois ans, comment mieux prendre en considération leur santé mentale?

Nous reconnaissons que les élèves ont eu des moments difficiles. Nous allons mettre l’accent sur la bienveillance, l’équité et former nos équipes pour qu’elles soient aux aguets. Nous avons aussi ajouté du personnel au niveau du travail social pour bien répondre aux besoins des élèves dans les écoles et créer des ponts avec les ressources communautaires.

La technologie a pris énormément de place dans l’apprentissage. Quelles recettes allez-vous conserver?

Nous avons fait de très beaux gains en termes de technologie durant la pandémie et on veut bâtir là-dessus pour éviter de retourner à d’anciennes façons de faire. Nous allons demander à nos enseignants par exemple de continuer à utiliser certains outils Google comme moyens de communication avec les élèves. Nous avons toujours pour objectif de fournir un espace muni de technologie dans chacune de nos écoles afin que les élèves continuent à intégrer la technologie dans leur apprentissage au quotidien.

Quelle proportion d’élèves poursuit l’école à la maison? Avez-vous gardé une certaine souplesse?

Environ 80 élèves demeurent en école virtuelle, comparés aux 400 de l’année d’avant, et 800 l’année précédente. On est heureux de répondre à ce besoin pour les parents qui le souhaitent encore.

Avez-vous un plan B pour affronter une nouvelle flambée épidémique? Êtes-vous mieux préparé que les autres années face à ce type de scénario?

Des mesures de prévention demeurent en place comme la ventilation, le désinfectant, la surveillance du taux d’absentéisme, le port du masque optionnel… et nous restons en contact étroit avec les bureaux de santé publique qui nous guideront dans les prochaines démarches. Nous sommes définitivement mieux préparés.

Les problèmes de ventilation des écoles ontariennes ont fait couler beaucoup d’encre. L’air que l’on respire est-il sûr dans toutes les écoles du conseil scolaire?

Oui, nous avons travaillé avec des experts durant deux ans pour s’assurer que les filtres utilisés dans les échangeurs d’air soient les mieux qu’on puisse accommoder. Des lieux requérants une purification additionnelle ont été également équipés en conséquence. Notre conseil, comme beaucoup d’autres, a hérité d’une centaine d’unités de ventilation financées par le ministère de l’Éducation.

Avez-vous rencontré des difficultés à pourvoir des postes d’enseignants en cette rentrée?

Nous avons eu quelques défis et il reste des postes permanents à combler. Heureusement ou malheureusement, nous sommes devenus des experts dans le domaine de la pénurie chez les francophones depuis les sept-huit dernières années, ce qui fait qu’on a développé une certaine polyvalence dans nos ressources humaines pour s’assurer que l’apprentissage des enfants soit la priorité.

Avez-vous noté des avancées significatives ces derniers mois dans la réponse de la province à la pénurie?

Tranquillement, mais pas assez rapidement pour les conseils scolaires de langue française. Nous vivons une pénurie critique. Il y a des signes encourageants d’amélioration de la part du gouvernement. Des 37 recommandations du rapport de janvier 2020, on nous a informés que plusieurs seront adoptées par le gouvernement. On souhaite que la mise en œuvre se fasse dans un délai raisonnable.

Comment abordez-vous les négociations des conventions collectives des enseignants? Redoutez-vous des blocages semblables à ceux de 2018?

On est optimiste. On espère que cela va bien se terminer, sans grève, ni grève du zèle. Les négociations se déroulent présentement avec le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Les négociations n’ont pas encore repris avec l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) et la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), mais des discussions préliminaires ont eu lieu. Le gros du travail reste à venir et devrait débuter d’ici la fin du mois. »