Abou Sacko (France), Beni Badibanga (Belgique) et Ruben Del Campo (Suisse-Espagne) évoluent dans la Première Ligue Canadienne de Soccer à Ottawa et Hamilton. Photos : Matt Zambonin/Freestyle Photography et CPL

La Suisse, la France et la Belgique ont toutes les trois validé leurs qualifications pour les huitièmes de finale du Championnat d’Europe de soccer qui se déroule en Allemagne. Trois joueurs professionnels de la Première Ligue canadienne, évoluant en Ontario, décryptent pour ONFR, le parcours de leurs pays respectifs dans la compétition.

Ruben Del Campo et Abou Sacko évoluent à l’Atlético Ottawa. Le premier est très représenté dans la compétition puisqu’il a la double nationalité suisse et espagnole, en plus d’avoir une mère portugaise. Le second est Français. Enfin, pour parler de la Belgique, c’est l’attaquant de Forge Hamilton, Beni Badibanga qui s’est prêté au jeu de l’entrevue. 

L’accès à la diffusion des matchs 

Être joueur de soccer professionnel, c’est s’entraîner tous les jours, parfois même jusqu’à deux fois dans la même journée. Les trois joueurs ont tout de même été en mesure de suivre le parcours de leurs équipes de cœur et même plus. 

« C’est un peu la fête du foot pendant un mois : j’essaie de suivre un maximum de matchs en fonction de mes entraînements; c’est à moi de m’adapter. Quand je ne peux pas voir les matchs, je regarde des résumés », explique Ruben Del Campo qui confie avoir, malgré tout, pu regarder tous les matchs de la Suisse. 

Même situation pour Abou Sacko et Beni Badibanga qui ont pu voir tous les matchs de l’équipe de France et de Belgique, grâce à des entraînements en début de matinée ou en fin d’après-midi à Ottawa et à Hamilton, notamment en raison des fortes chaleurs en Ontario au mois de juin. 

Le parcours lors de la phase de groupe 

Dans le groupe E avec la Slovaquie, la Slovénie et l’Ukraine, la Belgique a dû attendre la dernière rencontre face à l’Ukraine pour valider son billet pour les phases finales. C’est au terme d’un match nul 0-0, que les Belges ont obtenu leur qualification, en se faisant peur dans les derniers instants du match. 

« C’est un peu un parcours en dent de scie, analyse Beni Badibanga; ils ont un peu tout fait : une victoire, un match nul et une défaite. Ils sont passés par toutes les issues possibles dans un match de soccer, mais après, le principal dans ce genre de compétitions, c’est la qualification. Ils l’ont obtenue. Maintenant, on va voir pour la suite. »

L’équipe de France, de son côté, a également obtenu sa qualification, sans se montrer flamboyante. Les Bleus ont remporté leur premier match face à l’Autriche, avant de signer deux matchs nuls contre les Pays-Bas et la Pologne. 

«  C’est vrai qu’on attendait mieux de la France, confie Abou Sacko, mais en tant que joueur, je comprends aussi la difficulté pour les joueurs de disputer ce genre de compétitions, en fin de saison, après avoir joué pas loin de 50 matchs chacun. Physiquement, c’est difficile, surtout avec la chaleur. En plus, la France nous a habitués à ne pas réaliser des phases de groupes tonitruantes, mais elle réussit ensuite, en général, à élever son niveau de jeu. On espère qu’ils vont pouvoir le faire encore cette fois-ci. »

Deuxième du groupe B derrière l’hôte de la compétition, l’Allemagne, la Suisse a réalisé un parcours similaire à la France avec une victoire en ouverture face à la Hongrie, puis deux nuls contre l’Ecosse et l’Allemagne. 

« Le soccer suisse a beaucoup évolué, ils ont de très bon joueurs, explique Del Campo. Ce que j’ai bien aimé sur ces premiers matchs, c’est leur dynamisme et leur formation qu’il peuvent changer en cours de match et qui les rend assez imprévisibles. Ils ont, en plus, des joueurs polyvalents; ça les aide beaucoup dans la création. 

Ils n’avaient pas un groupe facile, il y avait de très bonnes nations. La Suisse a toujours eu ce petit problème de bien jouer contre les grandes équipes et de se rabaisser un peu au niveau de l’adversaire contre les plus petites, mais cette année, j’ai l’impression que la mentalité a changé. On peut faire partie des grandes nations. J’ai même été un peu déçu, après le résultat contre l’Allemagne; j’aurais voulu la première place. »

Les phases finales

La Suisse va avoir une formidable occasion de démontrer qu’elle peut rivaliser avec les plus grandes nations de soccer d’Europe. Elle va, en effet, affronter l’Italie, en huitième de finale. 

« On a vu que l’Italie a plutôt souffert dans son groupe, mais on sait aussi que les équipes qui souffrent dans la phase de groupe sont souvent celles, aussi, qui ensuite, arrivent très loin. C’est ça le plus grand danger, analyse l’attaquant suisse-espagnol d’Ottawa. Après, comme je l’ai dit avant, la Suisse répond toujours présente contre les grosses équipes, elle fait toujours de bons matchs. Je pense que c’est une bonne opportunité de passer en quart de finale. »

Ruben Del Campo a, en plus, suivi de près le parcours de ses trois équipes de coeur puisqu’il possède la nationalité espagnole et sa mère est Portugaise. 

« S’il y a un Suisse-Espagne, c’est très compliqué pour moi. C’est encore pire s’il y a le Portugal », plaisante-t-il. 

De l’autre côté du tableau final, la France et la Belgique vont se rencontrer dans un match qui sent la poudre. Malheur au vaincu pour ces deux équipes qui aspirent à aller au bout de la compétition. 

«  Je pense qu’on pourra considérer cela clairement comme un échec si la France est éliminée à ce stade de la compétition, souligne le défenseur français d’Ottawa. J’espère que Mbappe sera à 100 % de ses moyens, après son nez cassé au premier match. On va avoir besoin de lui. »

Pour Beni Badibanga, le parcours poussif des deux équipes n’est pas à prendre en compte, à ce stade de la compétition. 

« Une compétition comme celle-ci avec deux phases, les joueurs l’abordent d’une manière différente d’un championnat, comme on en voit sur toute une saison. Mentalement, les staffs techniques et les joueurs se préparent pour cela. Arrivé à ce moment-là, tu dois gagner; il n’y a plus à calculer comme ça peut être le cas en poule. C’est ça l’élimination directe : tu dois jouer pour passer. C’est tout. »

On devrait donc assister à une belle partie qui aura lieu lundi 1 juillet à 12 h. La Suisse, de son côté, jouera contre l’Italie, deux jours avant, le samedi 29 juin, selon le même horaire. Il y aura au minimum une des trois équipes qui disputera les quarts de finale qui se dérouleront les 5 et 6 juillet.