Soccer : Tyr Walker et Matteo de Brienne racontent leurs parcours franco-ontariens
[ENTREVUE EXPRESS CROISÉE]
QUI
Tyr Walker et Matteo de Brienne sont deux joueurs de soccer franco-ontariens évoluant à l’Atlético Ottawa dans la Première Ligue canadienne.
Walker est un jeune défenseur central âgé de 20 ans. Il est né à Russell en Ontario d’une mère brésilienne et d’un père jamaïcain. Franco-Ontarien d’adoption, il a appris le français qu’il maîtrise parfaitement aujourd’hui à l’école élémentaire catholique Saint-Joseph à Russell puis à l’école secondaire catholique Embrun dans la ville du même nom située au sud-est d’Ottawa.
De Brienne est un défenseur latéral gauche âgé de 22 ans, né à Ottawa de parents québécois. Le français a toujours été la langue principale dans sa famille. Il a étudié à l’école élémentaire catholique Jean-Robert-Gauthier et à l’école secondaire catholique Pierre-Savard à Barrhaven au sud-ouest d’Ottawa.
LE CONTEXTE
A l’occasion de la rencontre face à Pacific FC ce dimanche (14 h), l’Atlético Ottawa célèbre la culture franco-ontarienne en amont du Jour des Franco-Ontariens qui sera fêté dans toute la province, comme chaque année, le 25 septembre. Le club ottavien annonce une ambiance festive et un stade de la Place TD de Landsdowne paré de vert et blanc. Le club ajoute qu’il promet un match qui sera « une fusion mémorable de sport et de patrimoine culturel, soulignant les liens profonds entre l’équipe et la communauté franco-ontarienne ».
L’ENJEU
Les deux joueurs de l’Atlético Ottawa partagent leur parcours en tant que Franco-Ontariens dans le soccer canadien et dans leur vie de tous les jours, puis se projettent sur l’événement de ce dimanche, très attendu dans la communauté.
« Qu’est ce que cela représente pour vous d’être Franco-Ontariens?
Tyr Walker : Pour moi, c’est quelque chose d’important car mes parents sont immigrants. Ma mère vient du Brésil, elle parle portugais et mon père est jamaïcain, il parle l’anglais patois. Il n’y avait pas le français dans ma famille en grandissant, c’était juste à l’école. Ça a été un moyen pour moi de créer un lien avec la communauté au Canada. C’est aussi important au sein de notre équipe où plus de la moitié de notre effectif parle français.
Matteo de Brienne : Pour moi, ça représente quelque chose de spécial car, en grandissant, j’ai fait toute ma scolarité dans les écoles catholiques en français. Ma famille vient des régions de Montréal et de Gatineau, donc tout était en français pour moi. Ça prend une grande place dans mon coeur.
Comment a évolué votre pratique du français au cours de votre vie?
TW : Au début de ma scolarité, je suis allé à la maternelle et tout était en français. Ensuite, entre mes 6 ans et mes 9 ans, nous sommes partis en Belgique pour le travail de ma mère. J’y ai passé trois ans, et là-bas aussi, c’était une école belge totalement en français. A mon retour en Onatrio, j’ai continué en français. Au final, j’ai fait toute ma scolarité dans cette langue de la maternelle au secondaire.
Ça a été tout de même dur pour moi de maintenir mon français, car j’avais des amis avec qui je parlais majoritairement en anglais et d’autres, avec qui on parlait les deux langues, mais on avait tendance à aller plus vers l’anglais. C’est assez dur de maintenir mon vocabulaire à cause de l’omniprésence de l’anglais, donc parfois, je me force à communiquer en français.
MdB : En grandissant à Ottawa, tout était en français pour moi avec ma famille, mes cousines, mes grands-parents. A l’école aussi, on ne parlait pas d’anglais du tout. Le moment où tout a changé c’est quand je suis parti à Vancouver pour jouer avec les Whitecaps. Là-bas, pendant trois ans, j’ai eu quelques amis qui parlaient en français, mais ce n’était vraiment pas tout le monde. J’avais quelques opportunités de parler avec ma famille, mais je dois dire que j’ai pas mal perdu mon français. Après, en devant professionnel et en jouant à Winnipeg, j’ai eu la chance d’avoir des coéquipiers qui venaient d’un peu partout dans le monde et j’avais plusieurs d’entre-eux avec qui je pouvais jaser en français. Il y a aussi une communauté francophone à Winnipeg qui m’a permis de trouver des gens avec qui parler.
Les joueurs franco-ontariens ont-ils des caractères spécifiques ou des avantages sur les autres joueurs?
TW : Pour moi, nous avons un avantage dans la communication en français et en anglais. Certains joueurs pensent d’abord en français, en premier. C’est donc plus simple pour moi de leur communiquer des informations en français. Quand je leur parle en français, ils réagissent plus vite. Ce sont des petits détails comme ça qui font que nous avons un avantage.
MDB : Je trouve que chaque joueur à son caractère et ses caractéristiques, mais, c’est vrai, comme l’a dit Tyr, qu’on remarque que les joueurs qui parlent en français vont réagir plus vite dans leur langue de prédilection. Je peux prendre l’exemple de ma relation avec Ballou Tabla sur mon côté, ça nous aide beaucoup de parler en français sur le terrain.
Pour finir, qu’est-ce que ce match dédié aux franco-ontariens représente pour vous?
TW : Pour ce match, je pense qu’on va avoir une grosse foule. Comme la francophonie est une minorité, c’est vraiment bien de la part du club de créer cet événement pour la mettre en avant.
MDB : Pour moi, ce serait quelque chose de spécial si les écoles catholiques venaient au match. Les jeunes pourraient voir qu’il y a des joueurs franco-ontariens dans les équipes et cela leur montrererait qu’ils peuvent devenir professionnels. C’est une belle occasion de continuer à montrer la bonne route aux jeunes. »