Sur internet, les aéroports canadiens s’affichent en anglais

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OTTAWA – Facebook, Twitter et même parfois sur leurs sites internet… les aéroports canadiens, bien qu’assujettis à la Loi sur les langues officielles, font bien peu de cas de l’usage du français.

Plusieurs plaintes formulées auprès du Commissariat aux langues officielles dressent un portrait édifiant de la situation dans la majorité des grands aéroports internationaux canadiens. Selon douze rapports d’enquête obtenus par ONFR+, les aéroports internationaux de Vancouver, Victoria, Calgary, Edmonton, Saskatoon, Regina, Winnipeg, Toronto Pearson et Billy Bishop, ainsi que Fredericton, Halifax et Saint-Jean de Terre-Neuve se sont tous rendus coupables d’entraves à la Loi sur les langues officielles.

« Tout a commencé quand j’ai envoyé un message à l’aéroport de Toronto et qu’on ne m’a répondu qu’en anglais. Je me suis alors posé des questions et en regardant sur leur compte Twitter, j’ai vu qu’ils ne communiquaient qu’en anglais. J’ai voulu voir quelle était la pratique des autres aéroports désignés, et j’ai vu que c’était souvent pareil. J’ai donc fait des plaintes au commissariat pour vérifier leurs obligations », explique, sous couvert d’anonymat, le plaignant à ONFR+.

Déposées en 2017, ces plaintes ont toutes été jugées fondées par le Commissariat aux langues officielles qui, dans ses rapports préliminaires, rappelle aux aéroports que toutes les communications sur leurs médias sociaux doivent être diffusées simultanément et être de qualité égale. Seuls bons élèves parmi les aéroports internationaux désignés, Montréal et Ottawa montrent l’exemple.

Recommandations ignorées

Mais les recommandations du Commissariat n’ont manifestement pas eu l’effet escompté, à de rares exceptions près, comme l’aéroport de Fredericton ou Billy Bishop à Toronto qui semblent avoir amélioré leurs pratiques depuis les rapports préliminaires. Des efforts louables, mais encore insuffisants, selon le commissaire Raymond Théberge.

Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge.
Archives ONFR+

La majorité des autres aéroports n’a même pas pris la peine de se justifier auprès du chien de garde des langues officielles.

À différents degrés, le manque d’utilisation du français perdure depuis, même pour des messages importants comme des questions de sécurité, des incidents ou des alertes météo qui touchent les voyageurs.

Sur Facebook et Twitter, des aéroports comme ceux de Winnipeg, Victoria, Halifax, Saskatoon ou Vancouver continuent de ne communiquer qu’en anglais. D’autres, comme ceux de Toronto, Calgary, Edmonton ou Regina font quelques publications dans la langue de Molière ou partagent des gazouillis en français.

Site internet « Google translate »

Et les problèmes ne s’arrêtent pas seulement aux médias sociaux, a pu constater ONFR+. Les sites internet des aéroports ont eux aussi beaucoup de progrès à faire pour s’afficher dans les deux langues officielles.

« On voit bien que certains d’entre eux utilisent Google translate », fustige le plaignant.

C’est notamment l’impression laissée en consultant le site internet de l’aéroport international de Calgary ou celui d’Edmonton, quand d’autres, comme celui de Regina, sont loin d’être entièrement accessibles dans les deux langues officielles.

Bientôt du changement?

Contacté par ONFR+, l’aéroport Toronto Pearson n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue. En revanche, celui de Vancouver, sans préciser la nature de ses échanges avec le Commissariat, se dit engagé à s’améliorer.

« L’aéroport international de Vancouver est engagé à offrir une bonne expérience à sa clientèle et reconnaît l’importance de fournir ses services en français et en anglais. Nous sommes continuellement à la recherche de nouvelles façons d’améliorer nos services dans les deux langues officielles du Canada. »

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, par la voix de son porte-parole Jeremy Ghio, demande aux aéroports désignés bilingues d’en faire davantage pour que les services soient offerts aux Canadiens dans la langue officielle de leur choix.

« Nous nous attendons à ce qu’ils s’assurent d’avoir une capacité suffisante afin d’offrir des services et des communications au public dans les deux langues officielles. Ceci est aussi vrai pour les administrations aéroportuaires que pour toute autre institution fédérale. »

Le bureau de la ministre indique que la révision du Règlement sur les langues officielles, annoncée avec l’ancien président du Conseil du Trésor, Scott Brison, en octobre 2018, concerne également les aéroports. Cette révision doit permettre de renforcer les exigences liées aux langues officielles.


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