Ford défend sa publicité à 75 M $ qui a bloqué les négociations avec les États-Unis
TORONTO – Les attaques politiques ont fusé ce matin à Queen’s Park au sujet de la campagne publicitaire mettant de l’avant l’ancien président américain Ronald Reagan dans un discours anti-tarif. En cause, son coût de 75 millions de dollars « du contribuable », et sa responsabilité directe dans l’arrêt des négociations avec les américains pour les tarifs douaniers.
Doug Ford a défendu sans relâche son initiative première de sensibiliser les Américains. Il l’a qualifiée de « publicité la plus réussie » avec un milliard de vue.
Vendredi dernier, le gouvernement Ford a mis sur pause la diffusion de la publicité, car la veille, Donald Trump mettait fin à toute négociation commerciale avec le Canada à cause de la publicité vidéo diffusée sur les chaînes de télévision américaines.
Le député libéral John Fraser a fustigé ce matin le gouvernement Ford pour les coûts de son spot publicitaire, soit 75 millions de dollars « d’argent des contribuables ».
« Je ne pense pas que les contribuables devraient payer pour les ambitions du premier ministre de devenir premier ministre fédéral », a-t-il lancé.
Le député d’Ottawa-Sud a également vivement critiqué ses conséquences directes sur l’arrêt des négociations entre le Canada et les États-Unis, et l’irresponsabilité du premier ministre ontarien.
La veille au soir en Malaisie, le premier ministre canadien Mark Carney a également déclaré publiquement et sans équivoque que les négociations, qui étaient bien avancées, se sont arrêtées abruptement à cause de la publicité.
« Je suggère qu’on prenne au sérieux les mots du gouvernement américain. Du point de vue du gouvernement fédéral, dont je suis responsable, nous sommes prêts à reprendre ces discussions lorsque le gouvernement américain sera disposé à le faire (…) On avait fait des progrès, ces publicités sont arrivées et maintenant nous nous trouvons dans la situation où nous sommes. »
Interpellé par les journalistes, le premier ministre Ford a défendu sa campagne, assurant qu’elle a généré un milliard de vues.
« Cela a permis de lancer le sujet avec les sénateurs et les gouverneurs et de sensibiliser les Américains », a-t-il également justifié.
« Parlons du soi-disant accord. J’entends parler de ça depuis des mois. Et s’il y en avait un, il n’y a aucune mention de l’automobile. Les Américains ont agi lâchement sur l’acier avec 50 % de [tarifs] alors que nous sommes à 25 %, mais rien n’est fait à ce sujet (…) Ma priorité ici, c’est de protéger les emplois en Ontario. Il n’y a absolument aucune mention de l’automobile. Je vais me battre pour les travailleurs de tous ces secteurs que le président Trump veut anéantir. Je vais continuer à ma battre et je ne m’excuserai jamais pour ça. »

Une opinion également commentée en mêlée de presse par Marit-Stiles, la cheffe néo-démocrate : « Doug Ford pense que c’était une campagne publicitaire réussie, car il a réussi à ce que des gens la regardent aux États-Unis. Moi, vous savez, je mesure le succès au nombre d’emplois que nous parvenons réellement à sauver. »
« J’étais en réunion jeudi avec des travailleurs de l’automobile chez Stellantis, à Brampton. Ce qu’ils me disent, très clairement, c’est qu’ils ne voient pas le premier ministre se battre pour leurs emplois en ce moment. Au lieu de cela, il se concentre sur une campagne publicitaire qui sert à quoi, à gonfler son ego? (…) Son travail est de représenter l’Ontario et de sauver les emplois que nous avons en ce moment. Je ne l’ai pas entendu parler d’une solution pour les travailleurs à Guelph, ni à Brampton chez Stellantis, ni à Hearst, ni à Kapuskasing », conclut celle-ci.