Culture

Toronto, grande gagnante du Frankenstein de Guillermo del Toro

Magali Simard a dirigé le développement de l'industrie cinématographique à Toronto. Photo : ONFR/Joanne Belluco

Québécoise d’origine et diplômée en études cinématographiques de l’Université de Toronto, Magali Simard a été pendant 11 ans la programmatrice du Festival international du film de Toronto (TIFF). Désormais vice-présidente de Cinespace Studios à Toronto, elle dirige l’un des plus grands studios de cinéma de la ville.

Le nouveau film de Guillermo del Toro, Frankenstein, est à l’affiche dès aujourd’hui dans certaines salles de cinéma et sortira sur Netlfix le 7 novembre. Le cinéaste et Torontois d’adoption l’a tourné dans les studios de Cinespace à Toronto, marquant son retour dans la ville près de deux décennies après son premier projet torontois.

Tourné entièrement dans la ville reine, le film a généré des retombées économiques importantes, tant pour l’industrie cinématographique locale que pour la ville elle-même.

« Quand avez-vous entendu parler de ce projet colossal et par quelle voie?

En travaillant au studio Cinespace, je savais que le projet arrivait. De plus, ça fait des décennie que ça se travaille dans sa tête (Guillermo del Toro). Frankenstein, c’est son magnum opus qui met en valeur son obsession pour les monstres, la noirceur et l’envers de la médaille humaine.

Quand on a su que ça allait être tourné chez Cinespace, on a fait énormément de place dans nos studios pour ce projet de 125 millions qui a fini par s’étendre sur un an et demi.

Combien de temps ont duré la préparation et le tournage du film à Toronto?

Presque deux ans. Surtout qu’il y a eu la grève à Hollywood qui a mis toutes les productions, dont Frankenstein, sur pause. Donc, ça fait du bien d’enfin le voir à l’écran.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé en fait en découvrant l’ampleur du projet?

Contrairement à toutes ces séries produites régulièrement à Toronto, il n’y a plus autant de gros films tournés ici. Avoir un film à 125 millions (de dollars), surtout pour un film dramatique, ça reste très rare. D’autant plus que les films d’action se font rares aussi. Ça a été colossal d’avoir ça en ville ainsi que d’accueillir les centaines de personnes qui ont travaillé dessus.

En termes d’engagements et de ressources, que représente pour Cinespace Studios une production d’une telle ampleur?

On a plusieurs projets qui tournent en même temps depuis presque deux ans, c’est idéal pour nous. Ce sont des constructions énormes ainsi que des centaines de personnes qui viennent travailler chaque jour.

Comment avez-vous réussi à faire en sorte que cette superproduction d’auteur soit tourné dans vos studios?

Il faut de l’espace, donc on a pris un campus complet, puis on a même rajouté un plateau. L’immense bateau que vous voyez dans le film a été construit sur notre stationnement, à l’extérieur également. Tous les bureaux, les plateaux ont été utilisés, car il fallait faire de la place et s’occuper d’eux avec soin et s’assurer que la ville permette à Guillermo de fonctionner sans problème.

À quel point la main-d’œuvre locale a-t-elle été mobilisée dans la fabrication du film?

Même si on a de beaux bâtiments, ce qu’il y a de plus beau dans un projet, c’est la main-d’œuvre et le monde qui font qu’un projet devienne aussi grandiose à l’écran. Ce sont des centaines de Torontois qui ont travaillé là-dessus avec son équipe depuis le début.

Quels types d’artisans étaient impliqués?

La direction artistique est assurée par une équipe de talent, dont la cheffe décoratrice Tamara Deverell, qui a déjà été récompensée pour The Shape of Water et qui est de retour. Il y a aussi les chefs costumiers qui ont fait un travail extraordinaire, et aussi le Torontois Dennis Berardi, qui crée les meilleurs effets visuels.

Au-delà de l’économie directe liée au tournage, quels ont été les autres bénéfices pour l’économie torontoise?

Lors de projets tournés à Toronto, la plupart de l’équipe vit à Toronto et les autres viennent vivre ici le temps du tournage. Ce qui est bon pour l’Ontario en général, c’est que ça va aussi dans les plus petites villes pour tourner des scènes extérieures. Il y a des petites villes qui se développent de mieux en mieux pour les tournages. Donc, c’est très bon pour le centre-ville, c’est très bon pour nos studios et c’est bon pour la main-d’œuvre.

Quelle part du budget a été consacrée aux infrastructures fournies par Cinespace?

Un projet d’à peu près 125 millions, ça comprend tout d’abord les salaires d’acteurs. Après ça, le reste du budget est dépensé ici à Toronto pour nos studios. La majorité, c’est pour les travailleurs, la construction et les accessoires. C’est ça qui est bon pour notre économie. »