Un nouvel examen approfondi des terres de la Ceinture de verdure, promet Doug Ford
TORONTO – Ce mardi matin, à Queen’s Park, le premier ministre ontarien a annoncé que la province entreprendrait un examen exhaustif de toutes les terres situées dans la Ceinture de verdure, y compris celles faisant partie des accords controversés d’échange de terres et qui ont créé des turbulences au sein du gouvernement jusqu’à entraîner la démission du ministre du Logement et de son chef de cabinet.
Cette décision intervient moins de 24 heures après que Doug Ford ait été contraint de remanier son cabinet, suite à la démission du ministre du Logement, Steve Clark.
En conférence de presse, le premier ministre a tout de même dit que Steve Clark l’avait contacté avant de prendre sa décision.
En effet, tous les 10 ans, le gouvernement doit réévaluer ces terres. Le dernier examen date de 2015, le prochain devra avoir lieu en 2025.
M. Ford a donc annoncé que sous le leadership du nouveau ministre du Logement, Paul Calandra (ex-ministre des Soins de longue durée), un examen serait effectué, précisant que « c’est indispensable pour instaurer la confiance de la population face à ces décisions ».
Rappelé à l’ordre par la vérificatrice générale dans ses recommandations, le premier ministre a aussi promis l’inclusion de ces notes dans son évaluation.
Un examen basé sur le mérite
La réévaluation des terres, apprise ce matin, devrait se concentrer sur les 14 terres retirées de la Ceinture de verdure, soit celles qui ont suscité des controverses. Le premier ministre a précisé que les futures propositions seront évaluées en fonction de « leurs mérites » pour être acceptées.
« La Ceinture de verdure s’étend encore, elle a gagné 2 000 acres de terre », estime Doug Ford.
« Nous allons mettre en place un processus administré par des fonctionnaires du gouvernement et qui évaluera chaque demande individuellement en fonction de son mérite. Rien n’est plus crucial que la construction de logements. »
Dans un récent rapport de la vérificatrice générale, publié le mois dernier, plusieurs problèmes ont été mis en lumière, dont notamment la modification des critères de sélection des terrains destinés au développement. Cette modification a eu lieu après que la plupart des sites initialement proposés ne répondaient pas aux exigences établies.
De plus, certaines des parcelles suggérées auraient été modifiées pour les faire correspondre aux critères minimaux établis par le gouvernement.
Dans ce projet de réévaluation, le premier ministre a déjà décidé que le site d’Ajax serait restitué à la Ceinture de verdure (après avoir découvert que le promoteur avait mis la propriété en vente plutôt que de construire des logements).
Bien que le gouvernement annonce ce nouvel examen, Doug Ford a tout de même déclaré que les projets de développements se poursuivront sur ces 14 sites restants. « Nous veillerons à ce que les promoteurs incluent des centres communautaires, des hôpitaux, des parcs et des soins de longue durée sur leur propriété », a-t-il ajouté.
L’opposition donne son avis sur cette réévaluation
Marit Stiles, la cheffe de l’opposition estime que les citoyens de l’Ontario n’accordent guère d’intérêt à une nouvelle révision. « Ce qu’ils exigent, c’est la restauration des terres de la Ceinture de verdure et la reddition de comptes de la part du gouvernement pour avoir manipulé le système. »
De son côté, le chef par intérim du Parti libéral, John Fraser, a critiqué l’examen en le qualifiant de « non pertinent », et a rappelé que, malgré les apparences, cette réévaluation ne constituait pas une pause dans le développement. Pour le député, les projets de construction ne en effet sont pas à l’arrêt.
Pour rappel, la vérificatrice générale a déterminé dans ses conclusions que les modifications apportées aux limites de la Ceinture de verdure en 2022 étaient en contradiction avec la vision et les objectifs initiaux du plan de la Ceinture de verdure, et qu’elles représentaient un écart par rapport aux procédures précédemment suivies.
Steve Clark a justifié son départ en invoquant le risque de devenir une « distraction » dans le contexte de ce scandale. L’échange de terres dans la Ceinture de verdure, ayant profité à certains promoteurs, est évalué à 8,28 milliards de dollars.
Sa démission intervient après plusieurs semaines de critiques. La publication de deux rapports accablants avait mis en lumière un défaut de supervision ministérielle dans cette affaire, le commissaire à l’intégrité de l’Ontario allant jusqu’à déclarer que Steve Clark avait « la tête dans le sable ». De plus, la Gendarmerie royale du Canada avait annoncé son intention d’ouvrir une enquête.
La démission du ministre des Affaires municipales et du Logement a été annoncée le jour de la Fête du Travail, créant un nouveau choc au sein du gouvernement.