Le Centre francophone du Grand Toronto accueillait l'événement mercredi soir. Crédit image : Mickael Laviolle

TORONTO – Ce mercredi marque un moment charnière dans la mise en œuvre de nouvelles politiques d’immigration francophone hors Québec, avec l’inauguration de l’Observatoire en immigration francophone au Canada, un projet mené conjointement par les secteurs communautaire et universitaire ayant pour but de favoriser l’immigration francophone au Canada. 

Aliou Sene, le président du conseil d’administration du Grand Toronto, qui était l’hôte de l’événement et qui est un acteur majeur dans la mise en œuvre du projet, a lancé cette journée historique par un discours sur la raison d’être de l’Observatoire. 

« La collaboration entre les milieux académique et communautaire est la pierre angulaire de l’immigration réussie des francophones au Canada. Grâce à cet Observatoire, nous renforçons ce partenariat ensemble. Nous sommes désormais mieux équipés pour comprendre, analyser et diffuser les connaissances essentielles pour une intégration enrichissante et inclusive », a-t-il déclaré. 

Marc Miller a souligné l’importance de la création de l’Observatoire pour accompagner ses nouvelles politiques d’immigration francophone. Crédit image : Mickaël Laviolle

L’Observatoire en immigration francophone du Canada s’inscrit directement dans la lignée des annonces gouvernementales du 1er novembre qui fixaient des cibles d’immigration francophone à atteindre, et ce dans le cadre du Plan des niveaux d’immigration 2024-2026. Marc Miller, ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, présent à cette inauguration, a indiqué qu’une aide financière de près de 85 000 $ a été fournie à l’Université de l’Ontario français, hôtesse de ce projet. 

« Cette semaine, nous avons annoncé les paliers des attentes en immigration, mais comme vous le savez, ça prend plus que des pourcentages pour accomplir une belle intégration dans la francophonie hors du Québec et dans les communautés que l’on se doit de servir en tant que gouvernement fédéral », a confié le ministre. « C’est la raison pour laquelle on se doit de travailler en étroite collaboration avec les organisations communautaires et universitaires. L’Observatoire en immigration francophone du Canada aura pour objectif de mobiliser les acteurs clés de l’immigration francophone (et) de réaliser des recherches, évidemment c’est important. »

Pierre Ouellette s’est montré fier des réalisations de l’UOF depuis trois ans. Crédit image : Mickaël Laviolle

Cette collaboration entre le communautaire et l’universitaire représente le cœur du projet porté par l’Université de l’Ontario français. Pierre Ouellette, le recteur de l’UOF souligne l’importance des établissements universitaires dans la recherche, mais aussi en tant que contributeurs directs au processus d’immigration. 

« Je voudrais souligner le rôle que jouent les universités et les collèges partout au Canada pour accueillir les nouveaux arrivants dans les parcours d’immigration. Bien sûr qu’il y a des personnes qui viennent de l’international qui peuvent choisir de venir étudier au Canada et de retourner dans leur pays d’origine. C’est un parcours tout à fait louable. Par contre, on sait très bien que les universités et les collèges font aussi partie des parcours de l’immigration », souligne-t-il.

« Des personnes choisissent de venir étudier dans les collèges et universités, notamment de langue française (…) et ça fait partie d’un parcours migratoire. Donc, j’aimerais aussi qu’on reconnaisse la place des collèges et universités au Canada français. Nous sommes des vecteurs d’immigration au Canada extrêmement importants. »

Si le projet sera mené au sein de l’UOF par la vice-rectrice à la recherche Linda Cardinal et son équipe, cette dernière a précisé qu’il s’agit d’une collaboration entre différentes universités.

« En termes de partenariat, je pense que c’est difficile de faire mieux en milieu universitaire. Les universités habituellement sont toujours en train de lutter les unes contre les autres pour avoir les honneurs ou les financements, mais je peux vous dire qu’ici, c’est le contraire. On a décidé de tous travailler ensemble. Nous sommes allés chercher l’Université d’Ottawa, nous sommes allés chercher l’Université de Moncton et l’Université Simon Fraser; c’est vraiment un beau partenariat. »

Linda Cardinal a présenté l’ensemble de son comité où seule Bintou Sacko manquait à l’appel. Crédit image : Mickaël Laviolle

Linda Cardinal a indiqué avoir travaillé en étroite collaboration avec Alain Dobi du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario et Anna Triandafyllidou qui est à la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la migration et l’intégration à la Toronto Metropolitan University (TMU), tous deux « avec nous depuis le début ».

Ce mercredi, la planification stratégique de l’Observatoire a été annoncée, ainsi que les membres du premier comité de gouvernance qui a pour particularité de « ne pas avoir de date de fin ». Le comité est donc composé d’Aïssa Nauthoo du Centre francophone du Grand Toronto, de Kimberly Jean Faruns,  directrice, Immigration francophone, auprès de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, de Christophe Traisnel, directeur adjoint de l’École des hautes études publiques à l’Université de Moncton, d’Amin Moghadam, chercheur senior à la chaire en immigration migration à TMU, d’Alain Dobi qui dirige le Réseau en immigration francophone pour la région Centre-Sud-Ouest de l’Ontario et qui est professeur associé à UOF, de Guillermo Candiz, professeure adjointe à l’UOF et de Bintou Sacko de l’Accueil francophone du Manitoba. 

L’Observatoire en immigration francophone aura pour objectif de fournir des idées pour éliminer les obstacles à l’immigration francophone et aider à accroître les volumes d’admission de candidats d’expression française dans les communautés francophones en situation minoritaire.

Le travail commence maintenant puisque, dès ce jeudi 9 novembre, une première activité aura lieu : il s’agit d’une formation qui sera donnée à 25 doctorants, professeurs, représentants de groupes communautaires et fonctionnaires, pour les initier à la statistique linguistique, notamment en immigration.