Le ministre Marc Miller Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

OTTAWA – Le gouvernement Trudeau a annoncé mercredi qu’il maintenait le nombre de nouveaux résidents permanents au Canada à 500 000 en 2026 en plus d’augmenter sa cible en immigration francophone, passant de 4,4 % à 6 % en 2024 avant d’augmenter les années suivantes.

Ottawa augmentera ensuite sa cible de nouveaux arrivants francophones hors Québec à 7 % en 2025 et 8 % en 2026, a annoncé le ministre de l’Immigration Marc Miller. C’est bien loin de ce qu’espérait la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et les organisations francophones du pays qui proposaient une cible de 12 % pour ensuite augmenter à 20 % en 2036.

Pour sa présidente Liane Roy, ce nouvel objectif « contribue au déclin du poids démographique des francophones ».

« Une cible de 6 %, ça nous maintient dans le déclin. À 8 %, on est à peu près dans la stabilité », avance-t-elle.

Le ministre estime qu’avant d’aller avec une cible en immigration francophone plus haute, il doit « donner un coup de barre » ainsi que changer la façon de penser à son ministère.

« Est-ce qu’on a fait notre job comme du monde dans les deux dernières décennies? Non », a-t-il candidement avoué, lui qui est arrivé en poste en juillet dernier.

Il estime avoir été « ambitieux », car cette augmentation en représente une de 50 %. L’atteinte de la cible de 4,4 % en 2022 « a été faite de peine et de misère », rappelle-t-il. Pour changer cela, Marc Miller mentionne certaines possibilités comme d’aller recruter plus de francophones en Afrique de l’Ouest, cibler le recrutement d’enseignants francophones ou encore faciliter le parcours des étudiants francophones vers la résidence permanente.

« Ce n’est pas une question simplement de mettre un chiffre pour faire plaisir à tout le monde, mais un chiffre qui est réalisable », a-t-il répété mercredi en conférence de presse, mais aussi dans les dernières semaines.

En nombre brut, pour réaliser son objectif, le Canada devrait donc accueillir 29 100, 35 000 et 40 000 nouveaux arrivants francophones hors du Québec au cours des trois prochaines années, soit un total de 104 100 en trois ans. Un programme entièrement dédié à l’immigration francophone au sein d’Immigration Canada pourrait réellement changer les choses, propose comme avenue la présidente de la FCFA.

« C’est la seule manière qu’on va y arriver (à renverser le déclin du français)… Ce qui serait bon est qu’il (Marc Miller) mette en place les mesures nécessaires le plus rapidement possible », presse Liane Roy.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge a salué « un pas dans la bonne direction ».

« Toutefois, l’accroissement du poids démographique des francophones hors Québec et son rétablissement à 6,1 %, tel qu’exigé par la Loi sur les langues officielles modernisée, dépendra grandement du respect de ces nouvelles cibles et de l’adoption de cibles encore plus ambitieuses à l’avenir », a-t-il déclaré.

La Loi sur les langues officielles, modernisée en juin dernier, oblige le gouvernement, via l’immigration, à rétablir le poids des francophones hors Québec à 6,1 %.

Un nombre plafonné pour 2026

L’an dernier, le gouvernement avait annoncé des quotas de 465 000 résidents permanents en 2023, 485 000 en 2024 et 500 000 en 2025. Aujourd’hui le fédéral a ajusté ces chiffres à 485 000 en 2024, 500 000 en 2025 et 500 000 en 2026. Le gouvernement stabilise ainsi ce niveau pour l’année 2026, contrairement à la tendance à l’augmentation des dernières années. De ce lot, 60 % des résidents permanents seront désormais de la catégorie économique.

Marc Miller refuse de parler d’un plafonnement, mais affirme plutôt qu’il s’agit d’un moyen de mieux arrimer les politiques publiques avec les besoins de main-d’œuvre de l’industrie et des syndicats.

« C’est une question de stabiliser, de regarder et de prendre l’année qui va suivre en regardant la rétroaction (qu’on pourrait avoir) […] et puis de voir s’il n’y a pas lieu de peaufiner nos chiffres encore plus », explique-t-il.

Hier, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a justement sorti un nouveau plan dans lequel le département indique qu’il compte arrimer son objectif de nouveaux arrivants à l’offre d’infrastructures, de logements et de soins de santé au pays.