Un nouveau poste opérationnel de la police ouvrira au printemps prochain sur la rue Rideau dans le Marché By. Crédit image : Lila Mouch

OTTAWA – Un poste d’opération de la police d’Ottawa ouvrira ses portes au printemps prochain dans le Marché By. Les rumeurs annonçaient un poste de police dès le mois de février dans ce quartier dorénavant considéré comme sensible, mais le service de police précise qu’aucune date n’a toutefois été avancée. Le poste d’opération ne sera pas non plus un poste de police traditionnel, mais bien un centre opérationnel de quartier.

Cette antenne de la police devrait donc voir le jour à l’emplacement de l’actuel café Bridgehead dans le Marché By sur la rue Rideau et non pas au cœur du centre commercial Rideau comme précédemment annoncé.

En entrevue avec ONFR, l’agent de police Paul Stam clarifie que ce nouveau poste opérationnel ne sera pas un commissariat de police traditionnel ouvert au public pour des réclamations ou autres services. Ce poste opérationnel sera mis en place en plusieurs phases, qui accueilleront d’abord les quartiers de la police et des places pour des partenaires communautaires. Il souligne également qu’il n’y aura pas d’enseigne imposante affichant le mot « Police » sur la devanture.

Non, ce sera un centre opérationnel de quartier (NOC – en anglais), « et nous entendons vraiment « quartier » dans tous les sens du terme, où il servira la communauté. C’est un espace où tous nos partenaires communautaires peuvent collaborer », explique l’agent de police.

Paul Stam explique que cette antenne permettra non seulement une meilleure coordination, mais aussi améliorera la collaboration entre les différentes agences qui y travailleront.

« Je suis un agent communautaire et je travaille très étroitement avec certains partenaires de la Ville, mais aussi des organismes à but non lucratif ou des entreprises du Marché Byward. Nous devons faire un meilleur travail de collaboration pour trouver des solutions dans ce quartier », croit-il.

Le quartier de la Basse-Ville a besoin d’une présence policière accrue

D’après le policier, la perception du public est que le Marché Byward et la Basse-Ville sont très dangereux. « Je veux rendre plus sûr les quartiers dans lesquels je travaille et qui sont la Basse-Ville, le Marché Byward et Sandy Hill, ainsi que le long de la rue Rideau. »

« Il y a des problèmes, affirme-t-il. La police a un rôle à jouer, mais ce n’est qu’un des aspects. »

L’agent de police d’Ottawa, Paul Stam. Leader sur le projet de centre opérationnel de quartier, l’officier de police est confiant de son succès. Crédit image : Lila Mouch

Selon M. Stam, la réponse ne doit pas se limiter à une approche strictement légale. Les quartiers du Marché By et de la Basse-Ville ont une population historiquement francophone. Ils connaissent depuis plusieurs années une crise liée à la prolifération des refuges et à l’absence de services sociaux, de soutien mental et de logements pour la population itinérante, souvent affectée par l’usage de drogues.

« Nous devons travailler avec tout le monde, et c’est précisément l’objectif de ce centre opérationnel de quartier. »

Une nouvelle approche est en cours d’élaboration

Avoir une présence policière plus importante ferait donc partie de la solution. Mais comme les problèmes ne sont pas strictement criminels, mais plus de l’ordre des problèmes de santé publique ou de services sociaux, « la meilleure chose que nous puissions faire en tant que police est de soutenir les partenaires en santé et en services sociaux », estime M. Stam.

Ainsi, le centre opérationnel de quartier constitue une partie d’une stratégie plus globale.

« Une stratégie de sensibilisation, d’intervention et d’engagement communautaire. »

L’agent Stam explique que dans cette stratégie, un des éléments consiste à mettre en place des conseils ou des comités formés de plusieurs organismes communautaires qui se réunissent régulièrement. Un autre élément consistera à mettre l’accent sur davantage d’opérations, où des agents et des équipes ainsi que des travailleurs de terrain iront dans la communauté pour se concentrer sur les zones les plus nécessiteuses.

« Ce qui va être intéressant ici, c’est que le centre opérationnel de quartier en lui-même n’est pas la solution, mais constituera une base qui nous permettra de mettre en œuvre cette stratégie à plus grande échelle. »

Et l’aspect francophone dans tout ça?

Actuellement, les agents de police communautaire du quartier de la Basse-Ville sont francophones, affirme M. Stam.

« Un de nos agents travaille dans le quartier depuis sept ans. Il est francophone, et c’est très important pour lui, cela fait partie de son identité. »

« La culture francophone est une part intégrante de la ville, reprend-il, et il est extrêmement important pour nous de la préserver. »

Le nouveau centre opérationnel de quartier de la police d’Ottawa s’installera à l’angle de la rue Rideau et de la rue William, à la place du café Bridgehead. Crédit image : Lila Mouch

Paul Stam assure que ces considérations seront prises en compte dans la nouvelle stratégie. « Nous avons instauré une table de solutions avec des partenaires issus des communautés autochtones, des Premières Nations, des familles d’ascendance juive, ainsi que Montfort Renaissance et plein d’autres groupes qui rejoignent la table chaque jour. »

Il y a 70 tables de situations à travers la province, mais Ottawa n’en avait plus depuis 2016. Encadrées par des directives établies par le procureur général de l’Ontario, les partenaires communautaires utiliseront cette table de situation pour répondre à des problèmes via les ressources présentes autour de la table.

Pénurie de policiers à Ottawa

Ce nouveau centre opérationnel de quartier ne sera donc pas un poste de police, et c’est aussi dû au fait que la police d’Ottawa manque de personnel dans ses rangs.

« Comme vous pouvez l’imaginer, on ne peut pas en faire un poste de police, car nous devrions avoir des agents de police là-bas tout le temps et cela devrait être ouvert 24h/24, puisqu’on ne peut pas l’avoir ouvert un jour et pas l’autre. »

Enfin, d’après le policier, « le service est à un niveau critique et nos agents font le travail de deux ou trois personnes, alors mettre des agents là-bas à plein temps ne serait pas pratique. Nous avons besoin qu’ils soient sur la route pour répondre aux appels ».

La stratégie communautaire de la police fera donc ses débuts avec leur première rencontre autour du 8 février.