La ferme Borealis Fresh Farm de Timmins a une mission sociale en plus d'offrir des produits verts de qualités. Gracieuseté

TIMMINS – Une ferme hydroponique verticale connaît un succès grandissant à Timmins, proposant des légumes verts frais produits à longueur d’année. Une initiative franco-ontarienne écodurable, mais aussi sociale, qui souhaite inclure la communauté et notamment les personnes vulnérables.

C’est en 2018 que la ferme Borealis Fresh Farms voit le jour, sous l’impulsion de son co-fondateur et actuel propriétaire Marc Rodrigue, originaire de Timmins. L’idée lui est venue alors qu’il recherchait une solution pour avoir des produits frais de bonne qualité, en tout temps.

« J’avais de la misère à trouver des nutriments à valeur très élevée, et ça me chicotait de devoir jeter des aliments qui périssaient assez vite », confie-t-il.

Il s’est alors penché sur la question de l’agriculture dans le Nord puis s’est lancé dans le projet de création d’une ferme hydroponique verticale.

Qu’est-ce que c’est? C’est tout simplement la culture consistant à faire pousser des plantes hors-sol et en intérieur en tout temps, grâce à des étalages à la verticale.

L’hydroponie utilise pour le même rendement à peu près 13 fois moins d’eau que l’agriculture reposant sur le sol. Gracieuseté

Parmi les aliments produits, on retrouve entre autres du basilic, du persil italien, de la bette à carde et du joi choi.

L’importance du local est ce qui continue de guider les pratiques de la ferme qui fournit essentiellement des épiceries et restaurants locaux tels que l’épicerie Pick of the Crop et le restaurant Toffenellos pour ne citer qu’eux.

La ferme étant encore relativement jeune et les profits pas toujours au rendez-vous, pour Marc Rodrigue, il s’agit surtout d’un projet de passion. « Même si on est un organisme à but lucratif, c’est vraiment l’aspect social qui continue à nous motiver », soutient Marc Rodrigue qui occupe un autre emploi en parallèle de la ferme.

Marc Rodrigue, à gauche, accompagné par son beau-père qui est bénévole à la ferme. Gracieuseté

Un projet social

Située sur une propriété du Conseil d’administration des services sociaux du district de Cochrane (CASSDC), à côté d’un immeuble pour personnes âgées, mais aussi d’une école et d’un logement social, la ferme se veut proche de la communauté.

« C’est une situation gagnant-gagnant » – Carole Duguay

Les produits invendus sont amenés gratuitement dans des frigidaires communautaires à des personnes du troisième âge, habitant dans des logements spécialisés, qui ont l’occasion de goûter à de nouvelles saveurs.

« C’est une situation gagnant-gagnant », pense Carole Duguay, coordonnatrice des services communautaires du CASSDC. « Ils étaient curieux au départ et ils me disaient : « Tu nous amènes du chou frisé, c’est quoi ça? » » ajoute-t-elle en précisant que des livres de recettes accompagnaient également les livraisons aux personnes âgées.

Marc Rodrigue se rend à pied vers le centre pour personnes âgées depuis sa ferme afin de leur remettre des produits verts. Gracieuseté

Celle-ci a aussi été séduite par les produits, et avoue avoir découvert le chou frisé grâce à son partenariat avec la ferme.

Le CASSDC a fait une demande de financement auprès du gouvernement provincial pour avoir un programme alimentaire de livraison de produits. Les fonds seront utilisés notamment pour la mise en place de cours de cuisine en ligne afin de promouvoir la cuisine santé.

Des bénévoles passionnés

La pandémie, l’inconsistance du marché, le coût des ressources et la difficulté de recrutement de personnel qualifié ont fait partie des défis qui ont pu secouer l’entreprise, mais l’appui de nombreux bénévoles a permis en partie de continuer les activités quotidiennes de la ferme.

Ces bénévoles, pour la plupart, sont des personnes âgées qui souhaitent rester actives et briser l’isolement.

« Ça nous tient occupés, on aime vraiment ça » – Lorraine Laforest

Lorraine Laforest, 73 ans, fait partie des fidèles bénévoles de la ferme, laquelle lui rappelle des souvenirs de la ferme de son enfance.

« Ça nous tient occupés, ça passe le temps, on aime vraiment ça », explique la Franco-Ontarienne qui se rend plusieurs fois par semaine à la ferme avec son mari électricien, dont l’expertise est aussi mise à profit lors de ses visites.

Lorraine Laforest, bénévole à la ferme depuis sa fondation. Gracieuseté

« Il n’y a rien de meilleur. C’est une grosse différence avec le chou frisé qui est cultivé dehor. Tu le vois tout de suite que c’est mieux », juge-t-elle.

Et l’amour de la ferme, ce couple l’a transmis à son fils, seul maître fermier, un employé régulier qualifié de la ferme.

Marc Rodrigue souhaite aller plus loin, en allant proposer des formations et des distributions des plantes à des personnes sans-abri dans un futur proche.