Uniformisation du drapeau franco-ontarien : l’AFO pointée du doigt
SUDBURY – Deux jours après le feu vert pour un guide de normes graphiques sur le drapeau franco-ontarien, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) se retrouve dans la tourmente. L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens s’est attiré les foudres sur les médias sociaux de la directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury, Joanne Gervais.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Cette dernière, qui est aussi la sœur du co-créateur du drapeau franco-ontarien Gaétan Gervais, décédé il y a une dizaine de jours, n’a pas digéré la résolution votée dimanche à l’unanimité lors de l’assemblée générale de l’AFO.
« L’AFO développe un guide de normes graphiques pour le drapeau franco-ontarien; incluant couleur pantone, symboles, ratios, etc », affirme la résolution. En d’autres mots, et même si les variances sont subtiles, il s’agit de se doter d’un code graphique qui régisse le drapeau franco-ontarien.
Mme Gervais l’affirme cependant : c’est l’ACFO du grand Sudbury qui est le « distributeur officiel » du drapeau franco-ontarien, et non l’AFO. Absente lors de l’AGA, la directrice générale n’a pas pu se prévaloir de son vote.
La DG de l’ACFO du grand Sudbury « estomaquée »
« Je suis estomaquée. Mon frère n’est même pas encore enterré! En plus, l’ACFO du grand Sudbury est le distributeur officiel depuis longue date. Que vous ayez choisi à proposer cette manigance une semaine après le décès à Gaétan et à ma première absence à l’AGA depuis plusieurs années, franchement, c’est écœurant », a publié Mme Gervais sur son Facebook, lundi en soirée, avec en lien l’article d’#ONfr sur le sujet, mis en ligne dans la journée.
Et de poursuivre : « Le drapeau n’a jamais été enregistré parce que c’est ce que Gaétan et Michel voulaient. Que vous ayez décidé en AGA que maintenant que les co-créateurs étaient décédés, que c’était un bon moment de vous approprier de ce qui ne vous appartient pas, c’est incroyable et un énorme manque de respect. Vous devriez avoir honte. »
Contactée par #ONfr, Mme Gervais n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
Dans un communiqué envoyé en milieu d’après-midi, l’AFO a présenté ses excuses. « L’AFO souhaite présenter ses plus sincères excuses aux familles Gervais et Dupuis et à l’Association canadienne-française de l’Ontario du grand Sudbury pour cette situation. L’AFO est déjà en contact avec l’ACFO du grand Sudbury pour discuter de la suite adéquate à donner à cette résolution et assure les familles concernées de sa collaboration. »
En entrevue pour #ONfr, le président de l’AFO, Carol Jolin, défend la mise en place d’un guide pour les normes graphiques du drapeau franco-ontarien. « Il ne faut pas avoir en considération seulement l’achat d’un drapeau, mais aussi le fait que si l’on veut dessiner ou faire un dessin d’un drapeau franco-ontarien à l’ordinateur, il faut une norme graphique. »
Réélu pour un mandat de deux ans à l’issue de cette même assemblée générale, Carol Jolin souligne que l’AFO n’a pas le contrôle sur les propositions « amenées et débattues » lors de l’événement.
L’AFO met en cause l’ACFO Ottawa
Pour l’organisme, la responsabilité vient aussi de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa) à l’origine de la proposition lors de l’AGA. « L’ACFO n’a pas consulté la famille de Gaétan Gervais. Ça aurait peut-être été plus simple. »
« C’est tout du vert et blanc, mais on utilise pas tous la même teinte de vert, des fois les fleurs de lys et trilles ne se ressemblent pas toutes, donc je me dis que l’AFO, mandatée par le communauté, est la mieux placée pour nous faire une version officielle, puis qu’on s’uniformise autour de la province, savoir quelle version officielle on utilise », avait fait valoir la directrice générale Ajà Besler, lors de l’assemblée générale, en guise de proposition.
Mme Besler n’était pas disponible pour une entrevue au moment de mettre ces informations sous presse.
« Il y a eu historiquement des tensions régionales entre Sudbury, le Nord et Ottawa qui se sont manifestées de différentes façons au fil des décennies. Cette toile de fond peut nous permettre de mieux comprendre les sensibilités qui sont en jeu », analyse Serge Miville, professeur adjoint au département d’histoire et titulaire de la Chaire de recherche en histoire de l’Ontario français à l’Université Laurentienne, pour #ONfr.
« Sur la forme, cette proposition, adoptée une semaine après la mort de M. Gervais, alors que sa sœur est en deuil, n’est pas tombée au bon moment. Surtout, il n’y avait pas d’urgence. Il aurait été plus sage de consulter et attendre. »
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